MONTERREY, MEXICO - MARZO 14:Andre-Pierre Gignac () del Tigres en festejo despues de anotar el segundo gol de su equipo durante el juego de la jornada 10 del Torneo Clausura 2020 de la Liga BBVA MX en el Estadio Universitario el 10 de Febrero del 2020 en Monterrey, Mexico. (Foto: Andrea Jimenez/JAM MEDIA) *** Local Caption *** (Andrea Jimenez/JAMMEDIA/PRESSE/PRESSE SPORTS)

La story d'André-Pierre Gignac au Mexique avec les Tigres UANL

André-Pierre Gignac a l'occasion d'écrire la plus belle page de son histoire mexicaine ce jeudi soir contre le Bayern en finale de la Coupe du monde des clubs. Plus de cinq ans après son arrivée au Mexique, FF retrace sa superbe aventure à Monterrey.

Juin 2015. André-Pierre Gignac sort d’une magnifique saison à l’OM sous les ordres d’un Marcelo Bielsa qui a enchanté la Ligue 1. A encore 29 ans, il termine à la deuxième place du classement des buteurs avec 21 réalisations. Libre de tout contrat, les propositions affluent. Angleterre, Allemagne, Italie… L’ancien Toulousain attire. Mais contre toute attente, il décide de s’envoler pour le Mexique et les Tigres de Monterrey. De quoi en faire le premier Français dans le Championnat local depuis le passage d’Amara Simba au FC Leon à la fin des années 1990. A son arrivée à l’aéroport, une foule l’accueille et Gignac ne se manque pas. De ses deux mains, il montre deux L pour la saluer. Clin d’œil à Libres y Lokos, principal groupe de supporters du club. «J'avais un bon pressentiment. Tout m'attirait dans la proposition des Tigres. J'ai dit oui en un jour, on a négocié une nuit», expliquera l’attaquant à L’Equipe Magazine en 2019. Plus de cinq ans après sa décision, difficile de lui donner tort.

Débuts idylliques

Plutôt qu’entrouvrir la porte vers laquelle il a décidé de se tourner, APG l’enfonce d’un grand coup de pied. Au Mexique, l’effet Gignac est immédiat. Le 16 juillet 2015, il dispute son tout premier match officiel sous ses nouvelles couleurs à l’occasion d’une demi-finale aller de Copa Libertadores. Rien que ça. Sur la pelouse de l’Internacional, les Tigres s’inclinent 2-1. Six jours plus tard, ils s’offrent la qualification en finale grâce à un succès 3-1 au retour. Pour sa première sortie devant son nouveau public, le Français ouvre la marque et lance les siens. Un mois après son arrivée, il devient le premier tricolore à disputer une finale de Libertadores. Frustrés par River Plate à l’aller (0-0), Monterrey coule en Argentine (3-0) et voit ses rêves se dissiper. «Ça fait mal», commente alors le nouveau buteur. Peu importe, il vient de réussir son saut dans l’inconnu. Et les promesses entrevues ne tardent pas à se confirmer.
 
Buteur pour son premier match de LigaMex contre Chivas le 10 août, Gignac claque un triplé six jours plus tard pour la réception de Chiapas. Portés par leur attaquant, les Tigres s’imposent 4-1 et démarrent une série de cinq succès consécutifs au cours desquels APG frappent trois fois de plus. Fin novembre, il conclut ce Championnat d’ouverture avec onze pions en quinze journées. En Liguilla (play-offs), il marque lors des deux quarts de finales contre Chiapas. Les Tigres sortent Toluca et défient les Pumas en finale. Dans une finale au scénario fou (3-0 à l’aller, 1-4 au retour), Gignac marque encore lors des deux rencontres mais le titre se décide aux tirs aux buts. L’ancien Marseillais inscrit le sien et les Tigres sont sacrés champions nationaux. Le premier titre d’une longue série avec son nouveau club.

Dans la foulée, Gignac signe un sublime Championnat de clôture en deuxième partie de saison. 13 buts en 16 matches, pour finir meilleur buteur de LigaMex et envoyer les siens en play-offs. La sortie sera plus précoce, avec un revers contre les Rayados, l’autre club de Monterrey, dès les quarts de finale. La fin d’une première saison plus qu’intense. Car quelques jours plus tôt, les Tigres avaient perdu leur deuxième finale continentale en moins d’un an. En Ligue des champions de la CONCACAF, ils retrouvaient le Club America d’un certain Dario Benedetto pour un duel 100% mexicain. Vaincus sur leur pelouse à l’aller (0-2), les Tigres étaient condamnés à l’exploit au retour. Parfaitement lancés par APG, ils laissaient filer le titre en s’inclinant une seconde fois (2-1). En onze mois, Gignac s’est imposé comme le joueur majeur de son nouveau club et a su allier performances individuelles régulières et résultats collectifs. Alors que son départ pour le Mexique semblait le condamner, Didier Deschamps valide son pari en lui offrant un ticket pour l’Euro 2016 avec les Bleus. Avec une nouvelle finale perdue à la clé. Fichu poteau…

Gignac le Mexicain

La seconde saison mexicaine est du même acabit que la première. APG se montre moins décisif mais les Tigres surfent sur leur superbe dynamique collective. Le Championnat d’ouverture est frustrant pour l’attaquant français. Il ne trouve le chemin des filets qu’à cinq reprises en 15 matches. Mais en joueur majeur qu’il est, Gignac trouve le déclic quand cela compte le plus. En quart de finale retour des playoffs, il fait exploser la défense des Pumas d’un triplé (5-0). En demi-finales, c’est le Club Leon qui déguste. Un but à l’aller, un autre au retour, et les Tigres retrouvent la finale de LigaMex. Contre Club America, ils s’offrent une revanche. Le Français inscrit l’unique but des siens à l’aller (1-1) et, comme un an plus tôt, convertit son tir au but au retour pour lancer une séance qui couronne les siens.
 
Auréolé d’un second titre national et récompensé du titre de meilleur attaquant de l’année par la CONCACAF, sa seconde partie de saison confirme qu’il a définitivement trouvé son rythme de croisière. Huit nouveaux pions en 16 journées de Championnat de clôture et une nouvelle qualification en play-offs. Contre les Rayados, il claque un doublé à l’aller et au retour pour envoyer les Tigres en demies. Le club élimine Tijuana et retourne en finale. Une routine. Contre Chivas, Gignac signe un nouveau doublé à l’aller. Tenus en échec, les Tigres s’inclinent au retour et laissent filer le doublé sur une seule saison. Et comme la saison précédente, le buteur et ses coéquipiers manquent aussi le coche en Ligue des champions CONCACAF. De retour en finale, après notamment un pion de leur numéro 10 en demies, ils échouent d’une courte tête contre Pachuca (1-1 puis 1-0).

Un nouvel échec que les Tigres soignent en s’offrant la Supercoupe du Mexique contre Chivas dès le mois de juillet 2017. Le Championnat d’ouverture de la saison 2017-18 est en revanche plus délicat pour le Français. Avec seulement 4 pions en 17 journées, il est loin de ses standards habituels. Mais la dynamique reste excellente et il retourne en finale de LigaMex pour une quatrième fois. Les Tigres décrochent un titre très particulier puisqu’il intervient après un succès contre les Rayados, le grand rival. Ce nouveau trophée relance Gignac. Il claque neuf pions en quinze rencontres mais les Tigres craquent dès les quarts de finale du Championnat de clôture au printemps contre Santos Laguna, le futur champion. Comme la saison précédente, APG termine sur une bonne note en s’offrant une seconde Supercoupe consécutive en juillet.

Il monte en puissance tout au long de l’année jusqu’à un fameux 10 novembre. APG claque le premier quadruplé de sa carrière et atomise à lui seul Puebla (6-1). La rencontre ponctue un sublime Championnat d’ouverture de la saison 2018-19 (14 buts en 16 journées), qui prend fin prématurément contre les Pumas en play-offs. Trois ans et demi après son arrivée dans le pays, l’ancien Toulousain est parfaitement installé. Deux de ses enfants ont vu le jour au Mexique et il lance avec son épouse les démarches pour accéder à la nationalité. «Nous avions cette volonté, ma femme et moi, de devenir mexicains comme nos deux derniers enfants, qui sont nés à Monterrey. Ils ont déjà un passeport mexicain. On s'est tous parfaitement intégrés. On est là depuis bientôt quatre ans. On va rester encore longtemps. C'est logique d'avoir la double nationalité», expliquera-t-il. Avant d’insister sur son envie de rester à long terme au pays : «Je veux surtout faire une belle école de foot pour les enfants défavorisés de Monterrey. J'y travaille déjà. Je suis en train de voir pour acquérir des terrains.»

«Je veux surtout faire une belle école de foot pour les enfants défavorisés de Monterrey. J'y travaille déjà. Je suis en train de voir pour acquérir des terrains.»

Tout en haut ?

Plus titré en LigaMex depuis décembre 2017, une éternité à l’échelle de son aventure mexicaine, Gignac corrige le tir avec le Championnat de clôture de la saison 2018-19. Touché aux ligaments du genou, il manque une dizaine de matches toutes compétitions confondues au début du printemps. Mais ça ne l’empêche pas de signer sept réalisations en 12 rencontres pour permettre aux Tigres de voir les play-offs. Imperméables, ils n’encaissent que deux buts en six rencontres et s’offrent un nouveau titre de champion, après une finale dans laquelle leur inévitable attaquant inscrit le seul but de l’aller-retour. Au niveau continental cependant, la frustration est encore de mise. Dix-huit mois après leur titre délicieux contre les Rayados, les Tigres jouent cette fois le rôle de victimes en finale de la Ligue des champions CONCACAF. Battus dans leur antre à l’aller (0-1), ils ne peuvent faire mieux qu’un nul chez leur rival, malgré un énième pion signé Gignac (1-1). Un troisième revers en quatre ans à ce stade de la compétition qui n’entame pas l’appétit glouton du Français.
 
Dès le 4 août, il lance sa saison en signant son 105e but avec les Tigres lors d’une victoire contre les Pumas. De quoi en faire le meilleur buteur de l’histoire du club. «Atteindre 104 buts, le record du club, en moins de quatre ans, je n'y pensais même pas. Faut être une machine !», lâchait-il au printemps après avoir égalé le record. Suivent neuf autres buts pour clore le Championnat d’ouverture avec dix unités au compteur. Le titre n’est pas au bout mais il poursuit sur sa lancée début 2020. Point d’orgue de sa saison, il frappe trois fois contre les Pumas, encore, le 1er mars. Le troisième est un chef-d’œuvre qui fait le tour du monde. Alors qu’il reçoit un centre dans son dos après être entré dans la surface, il a le réflexe de se retourner pour signer une bicyclette parfaite. Le geste lui vaudra une nomination au prix Puskas 2020. Incandescent et en pleine confiance, il est déjà à huit buts en neuf matches au moment de la coupure de la compétition pour cause de Covid-19.

Six mois de coupure n’étaient visiblement pas suffisant pour stopper une telle dynamique. La LigaMex d’ouverture est désormais un terrain de jeu que Gignac maîtrise parfaitement. Si les Tigres ont dû s’incliner en quarts de finale en novembre dernier, leur buteur a encore dépassé la dizaine de pions. Le 23 novembre, il réalise un doublé contre Toluca et devient le meilleur buteur européen de l’histoire du Championnat mexicain, devant l’Espagnol Isidro Langara (124 buts), recordman depuis 1946. En décembre, lui et son club poursuivent leur bonhomme de chemin en Ligue des champions. Exit le New York City FC éparpillé en quarts (4-0), les Tigres écartent ensuite les Honduriens de l’Olimpia en demies avec un doublé et une passe décisive d’APG. Le 23 décembre dernier, ils sont de retour en finale continentale après trois échecs consécutifs et ne manquent cette fois pas la marche. Menés au score par le Los Angeles FC de Carlos Vela, les Tigres parviennent à égaliser à un quart d’heure du terme. Et à la 84e minute, leur buteur français leur offre leur toute première victoire dans la compétition (2-1).
 
Forts de ce succès historique, les Mexicains se sont envolés au Qatar pour disputer la première Coupe du monde des clubs de leur histoire. Après avoir sorti les Coréens d’Ulsan en quart avec un doublé de leur numéro 10 (2-1), ils se sont offerts le scalp de Palmeiras, vainqueur de la Libertadores (1-0). Buteur sur penalty, Gignac est pour l’instant l’unique buteur de son club et le meilleur de la compétition. Ce jeudi soir, les Tigres joueront la toute première finale d’un Mondial des clubs pour une formation mexicaine. Avec huit trophées et 147 buts en 246 matches, APG est d’ores-et-déjà devenu une légende de son club. Autant dire qu’un succès contre l’immense Bayern Munich le propulserait au panthéon du football du continent américain…