Thomas Lemar of Atletico de Madrid looks on during the spanish league, La Liga Santander, football match played between Real Madrid and Atletico de Madrid at Ciudad Deportiva Real Madrid on december 12, 2020, in Valdebebas, Madrid, Spain *** Local Caption *** (Oscar J. Barroso/AFP7/PRESSE S/PRESSE SPORTS)

Avant le derby face au Real Madrid, Thomas Lemar, le phénix de l'Atlético

Après deux premières saisons délicates du côté de Madrid, le Français retrouve un niveau bien plus en phase avec ses qualités. Un retour qui s'explique notamment par les changements intervenus chez les Colchoneros. A l'heure d'affronter le Real ce dimanche, FF s'intéresse aux raisons de cette résurrection.

Touché par le Covid début février, Thomas Lemar n’a pas attendu longtemps pour que Diego Simeone lui remette le pied à l’étrier. Tout juste revenu, l’Argentin le faisait entrer avant l’heure de jeu lors de la défaite contre Levante (0-2) et le titularisait en huitièmes de finale aller contre Chelsea quelques jours plus tard. Preuve que l’international tricolore renaît de ses cendres cette saison et a pris de l’importance du côté du Wanda Metropolitano.
 
Arrivé en 2018, l’ancien Monégasque a connu des premières expériences difficiles et ne répondait pas aux attentes que le club avait placées en lui (transféré de la Principauté pour 72 millions d’euros). «Ça lui pesait énormément. Il se savait reconnaissant envers l’Atlético. Il était attristé par la situation car c’est un gamin plein de valeurs», révèle Philippe Tranchant, son formateur au Stade Malherbe Caen.

Avec un Diego Simeone et son 4-4-2 chevillé au corps, le Guadeloupéen ne débarquait pas non plus dans le meilleur système pour exprimer ses qualités. Dans un plan de jeu qui, grossièrement, consistait à garer le bus et jouer les contres, le milieu se voyait attribuer un couloir et contraint de défendre avant tout. En découlaient logiquement des performances très moyennes et un temps de jeu qui s’amenuisait au fil de la saison. El Cholo avait tendance à positionner l’ancien Caennais sur le côté gauche et ne lui laissait pas la liberté de rentrer dans l’axe comme il aimait tant le faire sur le Rocher. «C’était un schéma très rigoureux et Thomas a besoin d’une marge de manœuvre. Psychologiquement, c’était compliqué pour lui d’être dans une sorte de spirale négative où il devait prouver en seulement quinze minutes sur le terrain», se souvient celui qui l’a attiré du côté de D’Ornano en 2010. A cela s’ajoutait la pression des supporters qui s’impatientaient et le manque de confiance croissant de son coach. L’Atlético Madrid le poussait alors vers la sortie dès l’hiver 2020 d’après Marca. «Honnêtement, je ne le voyais pas se relever là-bas. Pour moi, il devait se relancer ailleurs s’il voulait performer à nouveau», reconnaît Philippe Tranchant. Faute d’opportunités et accroché à sa volonté de réussir, Lemar restait finalement à Majadahonda.

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Un nouveau système qui lui convient

A raison, puisque cette saison, le milieu aux 22 sélections avec les Bleus a trouvé son compte dans un Atlético métamorphosé. Plus joueurs et plus portés vers l’avant qu’à l’accoutumée avec un innovant 3-5-2 (ou 5-3-2), les Matelassiers tiennent la barre de la Liga depuis début décembre. Repositionné dans l’axe gauche par El Cholo, Lemar enchaîne les performances et a déjà été titularisé 13 fois en 19 matches de Championnat, soit plus que la saison passée (10 pour 22 rencontres). «Il a également su évoluer et faire les efforts pour s’impliquer dans le jeu offensif de son équipe.» Lemar participe beaucoup plus aux attaques des Rojiblancos dans son rôle de milieu relayeur et a signé quatre passes décisives depuis la 1re journée. «Avec ce nouveau système, l’Atlético peut pleinement exploiter ses capacités. A savoir sa passe, sa vision de jeu et sa qualité de fausse piste. Ce n’est pas un ailier de débordement. Il s’épanouit lorsqu’il est au centre du jeu», analyse celui qui est aujourd’hui à la retraite après 40 ans de service dans le Calvados.

Un nouvel Atléti en partie engendré par l’arrivée de Luis Suarez. Avec lui, les Colchoneros ne balancent plus car l’Uruguayen réclame les ballons dans les pieds et incite ses coéquipiers à chercher court. Le Français, quatrième passeur le plus précis de l’effectif (parmi les éléments ayant disputé plus de dix rencontres) avec une moyenne de 85,3% de passes réussies cette saison, combine plus avec ses partenaires, se propose et vient chercher les ballons auprès de ses défenseurs. Notamment avec Mario Hermoso, principal relanceur du leader de Liga. Philippe Tranchant entrevoit ainsi des similitudes avec l’aventure monégasque de son protégé. «Il retrouve ce système de doublette qui fonctionnait bien en Principauté. Il s’entendait super bien avec Benjamin Mendy ou Kylian Mbappé. Il avait des relations avec Bernardo Silva, Fabinho ou Falcao. Les joueurs étaient très près les uns des autres, comme cette année à Madrid. Et c’est ce dont a besoin Thomas

Sa progression n'est pas finie

Lors de son meilleur exercice à Monaco, en 2016-2017, le Guadeloupéen repiquait régulièrement dans l’axe et Mendy s’engouffrait dans l’espace libéré par son compère. Le champion du monde apprécie les déplacements de ses coéquipiers dès que le ballon lui arrive dans les pieds. Avec un Llorente ou un Carrasco qu’il a connu à Louis-II, Lemar tient des clients en matière d’appels de balles. «A l’ASM, sa dernière saison était moyenne parce que l’équipe était moins joueuse avec les départs de Mbappé, Silva et Mendy. Il avait moins de solutions donc il était moins à l’aise
 
Aujourd’hui, Thomas Lemar semble s’être pleinement fondu dans la vie madrilène. Il parle couramment l’espagnol et vit dans une équipe où règne «une super entente dans le vestiaire» selon Philippe Tranchant, qui entretient toujours une relation étroite avec le Colchonero. Une dimension psychologique importante dans l’épanouissement d’un joueur encore amené à progresser sur certains points selon son formateur : «Il doit prendre davantage de risques. Il faut qu’il pèse plus dans les vingt derniers mètres. Pour ça, Simeone doit lui donner un peu plus de liberté de manœuvre mais c’est à Thomas de la prendre aussi. S’il y parvient, on verra un plus grand Thomas dans le futur
 
S’il en a l’occasion, il devra le faire contre le Real, revenu à cinq points de son ennemi – qui compte toujours un match en moins. Tout dépendra de la stratégie adoptée par Diego Simeone. Sera-t-il ambitieux comme sur la majorité des rencontres cette saison ? Ou reviendra-t-il à ses anciennes bases comme au match aller ou contre Chelsea ? Soit les seules rencontres lors desquelles l’Atlético s’est troué cette année.