kovac (niko) ben yedder (wissam) (F.Porcu/L'Equipe)

Les bonnes recettes de l'AS Monaco version 2020-21

Les Monégasques empilent les buts et les succès depuis fin décembre. Revenus sur le trio de tête, ils pourraient jouer les troubles fêtes sur le podium de Ligue 1. FF s'est penché sur les raisons de la superbe forme de l'ASM.

25 octobre 2020. Au Groupama Stadium pour cette 8e journée de Ligue 1, l’AS Monaco a pris l’eau de toute part et s’incline lourdement (4-1). Un troisième revers en cinq rencontres qui fait tomber les hommes de NIko Kovac à une décevante 12e place. Friables et trop indisciplinés, les Monégasques frustrent. Avec un tel potentiel offensif, l’équipe peine à trouver l’équilibre pour lancer sa saison. Trois mois et demi plus tard, la donne est bien différente. Incandescents depuis la fin de l’année 2020, Monaco reste sur huit victoires et deux nuls, soit le meilleur bilan national sur les dix dernières journées. Et la meilleure série d’invincibilité du club depuis la saison 2017-18. Ce dimanche, l’ASM se présentera au Parc des Princes avec l’opportunité de revenir à deux petits points du PSG. Comment expliquer cette belle réussite ?

Une efficacité redoutable

Si Monaco se porte si bien, c’est avant tout parce que le club peut compter sur une attaque en fusion depuis de longues semaines. Elle est d’ailleurs la deuxième plus prolifique de Ligue 1 derrière le PSG avec 52 buts inscrits. C’est bien simple, il faut remonter au 20 décembre dernier pour trouver la trace d’une rencontre avec moins de deux buts inscrits. Depuis, les Monégasques ont planté la bagatelle de 26 pions en neuf journées et comptent déjà cinq rencontres à trois buts ou plus en 2021. Au-delà de ce volume conséquent, ce sont surtout les rendements offensifs qui impressionnent.
 
A l’image de la paire Ben Yedder-Volland, l’ASM est chirurgicale au moment de conclure. Le club inscrit 0,13 but par tir depuis le début de la saison, soit le meilleur ratio du Championnat. Preuve de cette efficacité, le total de buts marqués dépasse largement les attentes. Avec 52 buts inscrits pour 43,9 expected goals, les hommes de Kovac affichent un différentiel de +8,1. Seul Montpellier fait mieux cette année. Symbole de cet état de grâce devant les buts, Monaco est insolent sur coups de pied arrêtés cette année. Au total, ce sont 24 de leurs 52 buts qui sont issus de ces phases arrêtées, dont huit penalties. Une tendance qui n’a fait que s’exacerber en ce début d’année. Sur corner, Volland joue régulièrement un rôle essentiel au premier poteau. Jouant tantôt la déviation tantôt le leurre pour fixer la défense adverse. La réussite monégasque dans ce secteur trouve aussi une explication dans la grande qualité technique des tireurs attitrés que sont Golovin, Ben Yedder, ou Jovetic plus récemment.

Un système enfin maîtrisé

Arrivé cet été aux commandes du club, Niko Kovac a aussi eu besoin de temps pour insuffler ses principes de jeu à ses nouveaux joueurs. Si ses ouailles ont balbutié le jeu prôné en début de saison, elles le maîtrisent désormais parfaitement. «Kovac est quelqu’un de très rigoureux, très axé sur le travail et la discipline. Jouer pour lui demande beaucoup de travail et d’endurance», rappelle d’ailleurs Simon Falette. Lui qui a connu le Croate à Francfort se souvient de l’importance du technicien dans l’excellente saison 2017-18 de l’Eintracht : «Il a apporté une vraie rigueur sur les positionnements et les déplacements. Sur le pressing aussi évidemment et les transitions rapides. C’est un entraîneur adapté au foot moderne.» Le style vertical de l’ASM ne laisse pas de place aux doutes. De sixième équipe qui totalise le plus de passes depuis le début de la saison, Monaco passe à la quatrième place pour les transmissions de plus de 30 mètres et vers l’avant. L’objectif est clair : presser de manière intense pour récupérer la balle avant de se projeter rapidement.
 
Autre point notable, les latéraux monégasques tiennent un rôle prépondérant dans le système mouvant du coach croate. A l’image d’un Djibril Sidibé capable, par séquences, de revenir dans l’axe pour tenir le troisième rôle d’une défense à trois en phase défensive, puis d’exploser vers sur son côté droit à la récupération. «A Francfort, les latéraux devaient enchaîner les aller-retour. Il fallait des joueurs capables de répéter les courses et de donner de bons centres aux attaquants», insiste Falette. Quand il pouvait compter sur un trio Haller-Jovic-Rebic à Francfort, Kovac n’est pas en reste à Monaco avec Ben Yedder et Volland. Après des débuts timides, l’Allemand montre aujourd’hui une superbe complicité avec son partenaire d’attaque. Un point qui n’a rien de surprenant pour Simon Falette : «Les attaquants faisaient beaucoup de spécifiques avec lui. Des schémas de passe, de finition, des déplacements et des combinaisons. Il n’avait pas peur de travailler et répéter des schémas très précis.» Résultat de ce travail, Monaco présente un collectif ultra huilé et très performant. Si les différences individuelles sont rares (16e de L1 au nombre de dribbles tentés), elles se font d’abord par la passe. Avec 35 passes décisives, l’ASM est deuxième du Championnat dans le domaine. Plus de deux tiers des buts inscrits proviennent d’une passe décisive. C’est mieux que le PSG (65 %), l’OL (52 %) et le LOSC (64 %), les concurrents du club du Rocher pour le podium.

Des individualités au rendez-vous

Comme toute formation performante, l’ASM peut compter sur des individualités plus que convaincantes depuis plusieurs mois. Avec en tête, un duo d’attaquants étincelant. A eux deux, Ben Yedder et Volland cumulent 25 buts et 13 passes décisives après 25 journées. Tous les deux doués techniquement, ils brillent à tour de rôle dans un costume de passeur ou de finisseur. L’Allemand est le principal bénéficiaire de la dynamique de son équipe. Lui qui a signé une série de cinq buts en cinq matches entre fin décembre et mi-janvier. En rotation, Kovac peut également compter sur un Jovetic débarrassé de ses pépins physiques et de nouveau efficace quand on fait appel à lui. Un cran plus bas, Golovin est lui aussi un homme en forme du moment. Absent trois mois après une blessure musculaire, le Russe est de retour et ça se sent. A l’image de ses deux passes décisives contre l’OM ou de son magnifique triplé contre Nîmes. Sofiane Diop est aussi une grande satisfaction de la saison dans un rôle de créateur. Lui qui ne s’est imposé ni à Rennes ni à Sochaux compte déjà cinq réalisations du haut de ses 20 ans.
 
Derrière, la paire Tchouaméni-Fofana gagne en consistance, en volume et en régularité au fil des matches. Les deux jeunes milieux axiaux sont les garants de l’équilibre de la formation de Kovac. Un rôle essentiel pour le technicien croate, et qui était assuré par Gelson Fernandes à Francfort comme le rappelle Falette : «Il était super important pour nous. Il courait énormément, récupérait les ballons pour nous permettre de souffler.» Seul bémol, l’arrière-garde monégasque peine à apporter des garanties. Si Maripan s’est signalé dernièrement sur coups de pied arrêtés offensifs, Monaco ne peut pas compter sur des fondations robustes. Un constat qui s’applique également aux portiers monégasques qui se montrent eux-aussi très friables depuis le début de saison.
 
Douzième défense de Ligue 1 avec 37 buts encaissés, l’ASM ne cumule pourtant «que» 27,6 xG subis. Théoriquement, le club a donc encaissé près de dix buts de plus que ce qu’il n’aurait dû. Nul doute qu’il faudra trouver des solutions pour espérer prolonger la dynamique même en cas de moins bien des joueurs offensifs. A l’heure de défier le PSG au Parc des Princes ce dimanche, il est plus que temps.

Quentin Coldefy

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