Soccer Football - Europa League - Round of 32 Second Leg - Manchester United v Real Sociedad - Old Trafford, Manchester, Britain - February 25, 2021 Manchester United's Bruno Fernandes reacts REUTERS/Phil Noble (Reuters)

Les ingrédients du retour en grâce de Manchester United

Dauphin du rival Manchester City au classement, les Red Devils renouent avec des sphères de leur standing après plusieurs saisons délicates. Avant d'affronter Chelsea ce dimanche, tour d'horizon des hommes qui font le renouveau mancunien.

Bruno Fernandes, le maître à jouer

Des superlatifs et encore des superlatifs. Depuis son arrivée à Manchester United, il y a de cela une année, Bruno Fernandes n’a cessé d’impressionner les suiveurs de la Premier League. C’est simple, avec l’ancien joueur du Sporting Portugal, tout semble facile à réaliser. Et lorsqu’il est moins bien, le Portugais garde malgré tout cette capacité de “game changer”. Statistiquement parlant, difficile de trouver un joueur aussi décisif. En l’état, Bruno Fernandes a disputé trente-huit matches cette saison pour vingt-deux buts inscrits et treize passes décisives. En Championnat, il est même le joueur le plus décisif avec quinze réalisations et dix passes données, juste devant Harry Kane et Mohamed Salah. Surtout, le Mancunien a cette capacité à tout changer sur un geste. Comme ce fut le cas dernièrement contre Everton et West Bromwich. Son impact met en lumière sa faculté à s’être acclimaté facilement au Championnat anglais. Bruno Fernandes domine le match et son rythme. À la manière d’un métronome, il sait quand accélérer, déclencher ou conserver le cuir. Au point que même ses propres coéquipiers sont subjugués par sa vision du jeu : «C’est un joueur qui peut vous trouver n’importe où sur le terrain sans vous regarder», expliquait récemment l’international gallois Daniel James.

Rapidement conquis dès ses premiers pas la saison dernière, Ole Gunnar Solskjaer a vite compris le rôle idoine que pouvait jouer son numéro 18 dans sa tactique. «C’est notre facteur X, car c’est un preneur de risques, un homme qui a du courage. Il accepte de faire des erreurs et comme il a un cerveau plus rapide que beaucoup d’autres.» Un cerveau dont il se sert habilement pour tirer ses penaltys. Sa marque de fabrique. Et qui suscite toujours autant débat outre-Manche. À chaque penalty en faveur de Manchester United, l’international portugais se présente face au gardien avec une course particulière et un saut de cabri avant de déclencher la frappe. Une technique parfaitement légale car aucune loi du jeu n’encadre la phase précédant le tir. «On devrait interdire aux joueurs de bouger, sauter ou faire ce genre de choses», avait exprimé l’ancienne légende d’Arsenal, Ian Wright, sur la BBC en janvier. Interrogé en août 2020 par le site de l’UEFA, l’intéressé avait lui-même confié n’avoir «aucune technique et s’en tenait simplement à ce qui lui semblait le plus confortable pour tirer». A priori, cela fonctionne. Et plus qu’une histoire de penaltys, Bruno Fernandes a réussi son pari : celui de devenir incontournable en Premier League. Pour le plus grand bonheur des Red Devils.

Marcus Rashford, la confirmation définitive

Si Manchester United est actuellement le dauphin de Manchester City, il le doit en partie à l’excellente saison de Marcus Rashford. Talent précoce, le gamin de Wythenshawe, l’un des quartiers populaires de Manchester, a passé un cap indéniable et confirme toute l’étendue de son talent depuis de nombreuses semaines. À la fois par sa capacité à faire la différence sur le rectangle vert que par sa communication hors terrain pour la lutte des inégalités en Grande-Bretagne et les enfants défavorisés. Au-delà de devenir plus qu’un footballeur, les derniers mois de l’attaquant de 23 ans ont montré beaucoup de maturité et de pugnacité. Deux conditions sine qua non pour réussir. Et il les a réunies avec brio. Aujourd’hui, difficile de dissocier Marcus Rashford de la bonne saison mancunienne. Car aux côtés de Bruno Fernandes, l’Anglais se comporte comme un patron et devient l’un des hommes indéboulonnables du collectif d’Ole Gunnar Solskjaer.

«Selon moi, que vous gagniez ou que vous perdiez, vous devez sortir du terrain en ayant tout donné personnellement et pour vos partenaires, confiait-il dans un long entretien à The Athletic le 8 février. Si cela n’est pas le cas, il faut se persuader que le prochain match, vous ferez en sorte de tout donner». Auteur de neuf buts et huit passes décisives en Premier League, Marcus Rashford semble a priori épouser son discours et les vertus qu’il prône. D’autant qu’à peine la vingtaine passée, malgré ses statistiques plutôt flatteuses, il a encore des axes de progression, notamment dans son comportement offensif face aux adversaires. «Il faut être capable de s’adapter en permanence. Quand un joueur défend sur vous, vous devez être en mesure de savoir ce qu’il va faire. Personnellement, je me dis toujours : “Je vais réaliser quelque chose qu’il n’aime pas pour le dominer”». Sûr de sa force, le Red Devil incarne à merveille le retour en grâce de son équipe. Et alors qu’il a égalé tout récemment le nombre de buts inscrits par David Beckham sous le maillot de Manchester United (85 buts marqués pour les deux hommes), Marcus Rashford sait qu’il peut viser bien plus haut. Avec lui, difficile de faire autrement.

Luke Shaw - Aaron Wan-Bissaka, duo gagnant sur les ailes

Ce ne sont pas forcément les joueurs qui étaient les plus attendus au tournant du côté d’Old Trafford. Mais à mesure que les semaines et mois ont passé, Luke Shaw et Aaron Wan-Bissaka sont devenus des cadres importants du renouveau mancunien. Dans son couloir gauche, la résurrection de Luke Shaw a surpris. Après plusieurs saisons délicates, marquées par des blessures récurrentes et une ligne laissant parfois à désirer, l’ancien joueur de Southampton a, semble-t-il, tout remis en ordre. Et forcément, quand Shaw se montre sous son meilleur visage, le bilan est positif. Le gaucher est d’ailleurs le défenseur qui crée le plus de situations depuis le début de la saison (45) devant les deux latéraux de Liverpool Andy Robertson (41) et Trent Alexander-Arnold (37). Avec six passes décisives au compteur en Premier League, il a déjà battu son total sur une saison avant même les treize dernières journées. «Nous avons été très durs avec lui pour qu’il revienne à ce niveau, expliquait Ole Gunnar Solskjaer en conférence de presse cette semaine. Il a beaucoup travaillé, il s’est impliqué et je pense que le fait de devenir père de famille l’a peut-être aidé dans son retour en forme». La concurrence d’Alex Telles, arrivé l’été dernier en provenance de Porto, a également joué un rôle majeur. Bousculé, Luke Shaw a dû faire plus et montrer qu’il était bel et bien le titulaire inamovible. Désormais au niveau de ses jeunes années, il peut espérer en substance, une participation à l’Euro avec les Three Lions.

À droite, Aaron Wan-Bissaka n’est pas en reste et poursuit à toute berzingue sa progression. Après une saison pleine l’année passée, le latéral de 23 ans enchaîne les performances de grande qualité avec les Red Devils. Dur sur l’homme, il fait partie des défenseurs qui ont gagné le plus grand nombre de duels en Premier League (129). Seul petit défaut, sa fâcheuse tendance à prendre des cartons jaunes. Lors des cinq derniers matches de Championnat, il a été averti à trois reprises, portant son total à huit avertissements depuis le début de la saison. Mais cet excès d’engagement est inhérent à sa manière de jouer. Le natif de Londres est un défenseur agressif et percutant. Encore perfectible offensivement, Aaron Wan-Bissaka a des petits paliers à franchir pour devenir quasiment complet. De quoi laisser augurer de beaux espoirs pour le défenseur mancunien.

Thomas Bernier

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