LILLE - Line up during the UEFA Europa League match between Lille OSC and Ajax Amsterdam at Pierre Mauroy Stadium on February 18, 2021 in Lille, France. ANP MAURICE VAN STEEN *** Local Caption *** (MAURICE VAN STEEN/ANP SPORT/PR/PRESSE SPORTS)

Ligue Europa : Comment et pourquoi Lille peut renverser l'Ajax

Totalement (ou presque) passé à côté lors de l'aller, le LOSC de Christophe Galtier se présentera à la Johan Cruyff Arena avec un retard conséquent. Mais pas impossible à combler.

La déception a été à la hauteur de l'attente. Après avoir revisionné à quarante-huit reprises le triplé de Kylian Mbappé au Camp Nou, nos yeux s'étaient rapidement tournés, la semaine dernière, vers le Nord et on en attendait beaucoup. Il était question de C3 et non de C1 mais l'impatience était la même puisque Lille se frottait, à son tour, à un grand d'Europe. Et si la filiation entre les deux adversaires des survivants français sur la scène européenne est évidente, les choses ne se sont pas passées exactement de la même manière sur les deux pelouses. La faute aux Amstellodamois, un peu, et au LOSC, beaucoup. Où était donc passée, ce soir-là, l'équipe réglée comme du papier à musique que l'on voit enfoncer, semaine après semaine, ses adversaires en Ligue 1 ? Comment la troupe de Christophe Galtier, d'ordinaire si disciplinée, avait pu à ce point manquer de liant et d'entrain ? Loin de nous l'idée d'apporter ici toutes les réponses mais les Dogues auront tout intérêt à remettre la main sur certains ingrédients s'ils veulent, cette fois, se hisser à la hauteur de l'évènement.

Retrouver de l'unité au pressing

«Lille, c'est vraiment une machine dans le pressing. On a beaucoup souffert dans ce domaine contre eux. Face à Lyon, on sait que c'est plus ouvert, qu'il y a plus d'espaces et ça nous correspond plus. Après techniquement, ça reste une grosse équipe qui, à tout moment, peut faire mal.» Les Lyonnais apprécieront (ou pas) le compliment mais là n'est pas le sujet. Après avoir tenu le leader du Championnat de France en échec (0-0, le 14 février), Olivier Dall'Oglio a tenu, lors de sa conférence de presse suivante, a souligner la qualité des Lillois dans le jeu sans ballon. Et ces paroles ne sont jamais anodines lorsqu'elles sortent de la bouche d'un entraîneur qui n'aime pas jeter le ballon. Bien sûr, l'Ajax est une formation d'un tout autre calibre que le Stade Brestois mais Lille a été beaucoup trop passif dans ce secteur lors de l'aller. Il n'y a qu'à voir à quel point Daley Blind a eu tout le loisir de distiller ballon sur ballon (120 passes !) à Pierre-Mauroy pour s'en persuader. Il n'y a qu'à observer, aussi, la manière dont Lille s'est procuré sa seule (on exagère un brin) occasion de la partie. Celle-ci est intervenue grâce à l'énergie de l'entrant Luis Araujo, auteur d'une bonne initiative individuelle. Et quand on réalise que l'ailier de poche n'a fait «que» mettre un peu de pression sur Nicolas Tagliafico avant que l'Argentin ne se manque et ne serve Timothy Weah sur un plateau, on se dit qu'il y a là un filon à exploiter. Qui plus est si les bonnes intentions individuelles se transforment en actions collectives.

Reprendre (un peu) le ballon

Puisque Lille devra prendre les choses en main et ne pourra pas se contenter d'uniquement piquer de temps à autre, autant tenter de prendre le contrôle sur de longues séquences. Sans parler de totalement inverser le rapport de force qui s'était installé à l'aller (près de 70% de possession pour les visiteurs), le LOSC ne semble avoir d'autre choix que d'infliger à l'Ajax des moments durant lesquels il lui faudra courir derrière le ballon. Parce qu'aucune des individualités néerlandaises n'aime particulièrement se retrouver au milieu lors des "toros", d'abord. Et parce que pour presser efficacement lorsqu'il convient de le faire, il faut avoir eu la capacité de s'offrir un peu de répit en amont. Cela tombe bien, contrairement à l'aller et à une rencontre durant laquelle il lui a fallu installer côte à côte deux joueurs qui se ressemblent peut-être un peu trop (Renato Sanches et Boubakary Soumaré), Galtier titularisera Benjamin André. L'ancien rennais n'est pas un regista par essence mais sait utiliser le cuir et donner de l'air quand il le faut. Gageons que cela permettra de délester Sanches de trop de responsabilités et donc de fluidifier l'ensemble. Il le faudra, en tout cas.

Espérer que les héros de Milan soient de retour

Sven Botman, Yusuf Yazici et Renato Sanches. Autant de jeunes gens qui pourraient s'envoler contre de grosses sommes d'argent une fois l'été venu. Tous avaient été magnifiques dans l'antre de San Siro (victoire 3-0 face au Milan). Tous ont été en deçà de leur vrai niveau la semaine passée. Botman, impérial à Milan, légèrement. Sanches, génial en Italie, un peu. Yazici, auteur d'un triplé historique à Guiseppe Meazza, sacrément (voir les notes de la partie). Si ces trois-là avaient la bonne idée d'afficher le visage qu'ils ont régulièrement montré cette saison (même si le Néerlandais est moins bien depuis un mois), c'est tout Lille qui retrouverait probablement le sourire. Alors imaginez la face de l'équipe si Jonathan Bamba - également très décevant lors de l'aller - venait à retrouver des jambes et de la justesse, lui qui figure parmi les meilleurs passeurs d'Europe (8 caviars en 2020-2021). Sans même parler de Jonathan Ikoné, intermittent du spectacle cette saison mais buteur sur coup-franc face à Lorient et qui aura des pendules à remettre à l'heure en Hollande. Bref, le LOSC a le matériel à disposition pour faire douter l'Ajax. Son staff, lui, n'a plus à démontrer sa capacité à tendre les bons pièges au bon moment. Pourvu que joueurs et techniciens s'accordent mieux qu'à l'aller au sujet de l'attitude à adopter. - T. P.

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