Soccer Football - Premier League - Newcastle United v Liverpool - St James' Park, Newcastle, Britain - December 30, 2020 Liverpool's Mohamed Salah and Roberto Firmino react Pool via REUTERS/Peter Powell EDITORIAL USE ONLY. No use with unauthorized audio, video, data, fixture lists, club/league logos or 'live' services. Online in-match use limited to 75 images, no video emulation. No use in betting, games or single club /league/player publications. Please contact your account representative for further deta (Reuters)

Premier League : Mais qu'arrive-t-il à Liverpool ?

Près de cinq matches sans marquer en Premier League, une chute à la cinquième place, une élimination en Cup face à Manchester United... L'hiver est rude pour Liverpool, toujours en course pour conserver sa couronne mais bien loin de ses standards des deux saisons précédentes.

La mise au point du champion a vécu. Il y a six semaines, Liverpool avait vaincu son dauphin Tottenham sur le fil (2-1) avant de mettre en pièces la défense de Crystal Palace (7-0), histoire de réaffirmer avec aplomb son statut de roi d'Angleterre. La rechute a été violente, avec trois nuls et deux défaites en Championnat, une série en cours de quatre matches sans marquer (du jamais vu depuis mai 2000), un retard de sept points sur Manchester City, leader, et en guise de cerise sur le gâteau une élimination en Cup face à Manchester United le week-end dernier (2-3). Au moment de croiser à nouveau la route des Spurs pour la 20e journée, les Reds traversent une réelle crise de confiance, qui expose de façon extrême des manques affichés depuis plusieurs mois.

Trop de blessés, pas assez d'énergie

Alisson, Virgil van Dijk, Joe Gomez, Joël Matip, Trent Alexander-Arnold, Konstantinos Tsimikas, Fabinho, Thiago Alcantara, Naby Keïta, Alex Oxlade-Chamberlain, James Milner, Diogo Jota, Xherdan Shaqiri, Divock Origi... La liste des joueurs de Liverpool ayant déjà manqué plusieurs semaines voire plusieurs mois de compétition cette saison en raison de diverses blessures est éloquente. Ces pépins plus ou moins sérieux ont notamment impacté le secteur défensif, forcé Jürgen Klopp à bricoler, inventer (en 19 matches de Championnat, 10 associations différentes ont été testées en charnière centrale). Elles ont aussi (surtout ?) empêché le manager allemand de gérer son groupe, de faire souffler quelques cadres ici ou là dans une saison particulière et particulièrement éprouvante physiquement.

Embarquée dans ce rythme infernal, son équipe paie sans doute un état de fatigue généralisé, qui impacte la régularité de ses performances, notamment la hauteur et la qualité de son pressing. Jordan Henderson ou Georginio Wijnaldum, pour ne citer qu'eux, incarnent ce collectif à la recherche d'un second souffle que n'ont pu apporter, sur la durée, les recrues phares du mercato, Diogo Jota (9 buts en 17 matches toutes compétitions confondues tout de même) et Thiago, deux hommes sensés apporter de la fraîcheur et de l'imprévisibilité aux Reds. En bref, cette saison, Liverpool est redevenu humain, tout simplement.

Liverpool est redevenu humain, tout simplement.

Une efficacité en question

Là aussi, les Reds semblent avoir perdu leur statut de machine imperturbable, même s'ils dominent le classement des meilleures attaques de Premier League (37 buts inscrits). À vrai dire, leur production offensive se maintient à un excellent niveau, supérieur même à celui de la saison précédente (15,74 tirs tentés et 1,95 xG par 90 minutes en moyenne, contre 15,39 tirs et 1,88 xG l'an dernier). En revanche, la finition clinique de 2019-20 (2,18 buts par 90 minutes) a laissé place à une efficacité nettement plus aléatoire en 2020-21 (1,84 but par 90 minutes). D'un but tous les 7,7 tirs, Liverpool est passé à un but tous les 10 tirs.

La faute à qui ? Pointé du doigt pour son inconstance, le trio Salah-Firmino-Mané affiche pourtant, quand on les compile, des chiffres assez similaires à ceux de l'exercice passé. Sauf qu'en y regardant de plus près, on se rend compte que Mohamed Salah, meilleur buteur du Championnat avec 13 réalisations, fait beaucoup pour équilibrer la balance, et que son efficacité quasi-indécente (0,79 but par 90 minutes en Championnat pour 0,6 xG) contraste avec les difficultés de Sadio Mané (de 0,59 à 0,36 but par 90 minutes d'une saison à l'autre).

Mais les difficultés du champion en titre ne se limitent pas à la surface adverse. Privés d'une part non négligeable de leur impact défensif (Van Dijk et Gomez sont respectivement indisponibles depuis mi-octobre et mi-novembre), les vainqueurs de la Ligue des champions 2019 concèdent plus d'occasions que l'an dernier (1,17 xG par 90 minutes contre 1,05), mais ils parviennent surtout beaucoup moins à empêcher que ces occasions se transforment en buts (0,84 but encaissé en 2019-20, 1,16 en 2020-21 !). Les Reds commettent également deux fois plus d'erreurs amenant à un tir adverse que la saison dernière (0,58 contre 0,26 en moyenne).

Sans son numéro 4 si à l'aise en toute circonstance, Liverpool propose également moins de variété à la relance, n'est plus capable d'envoyer ses ailiers sur orbite d'un simple coup de patte renversant. Pour faire monter le bloc et le maintenir compact, imprimer le rythme comme couvrir les contre-attaques, Van Dijk n'a pas d'équivalent, et son absence se fait sentir à tous les étages. Sur le côté droit, un Trent Alexander-Arnold plus sollicité, plus attendu, moins inspiré et moins tranchant connaît un sérieux trou d'air. Même si son âge (22 ans) et une infection au Covid-19 qui l'a privé de pré-saison rendent ce coup de mou compréhensible. Quoi qu'il en soit, ce Liverpool moins consistant, plus friable, peut parfois ressembler à sa version 2016-17. Soit l'ère pré-Van Dijk. CQFD.

Van Dijk et l'effet domino

Il est l'homme qui incarnait l'ordre, l'autorité, la sécurité, mais aussi bien d'autres choses dans le jeu de Liverpool. La grave blessure de Virgil van Dijk lors du derby face à Everton, le 17 octobre (2-2), a fortement impacté la saison de son équipe. Sans le boss néerlandais, la défense des Reds a dû se remodeler, a fortiori quand Joe Gomez l'a rejoint à l'infirmerie après avoir pris la relève avec assurance. Fabinho doit ainsi régulièrement s'installer derrière, où il fait (bien) le boulot mais n'est ni Van Dijk, ni totalement Fabinho, ce milieu ultra-complet capable d'étouffer l'adversaire comme d'orienter le jeu à merveille. VVD manque aussi au deuxième central, quel qu'il soit, puisque celui-ci n'a plus la figure paternelle, l'épaule sur laquelle se reposer, le leader qui rend instinctivement son partenaire plus fort, tel un LeBron James en NBA.

Sans son numéro 4 si à l'aise en toute circonstance, Liverpool propose également moins de variété à la relance, n'est plus capable d'envoyer ses ailiers sur orbite d'un simple coup de patte renversant.

Cédric Chapuis