Soccer Football - Ligue 1 - Paris St Germain v AS Monaco - Parc des Princes, Paris, France - February 21, 2021 AS Monaco's Guillermo Maripan celebrates scoring their second goal with teammates REUTERS/Benoit Tessier (Reuters)

PSG-Monaco : les Princes de la ville

Un plan préparé et appliqué quasiment à la perfection dans une soirée qui porte la marque de Niko Kovac : retour sur la grande prestation monégasque au Parc des Princes. Au terme d'un match qui marquera cette saison.

Au Parc des Princes, l'AS Monaco a rêvé en grand. Dans une nuit où rien ou presque ne pouvait lui arriver. Face à un champion de France en titre qui sortait d'un des plus grands matches de son histoire sous QSI en Ligue des champions en allant terrasser le Barça (4-1), ce dimanche soir, Monaco, c'était pas Gijon, c'était pas Valladolid, et c'était pas non plus le FC Barcelone. On n’avait peut-être (certainement) jamais vu cette saison en Ligue 1 un match avec un rapport discipline/efficacité aussi élevé de la part d'une équipe. Le match parfait n'existe pas mais l'ASM de Niko Kovac s'en est sensiblement rapprochée. Ce sont en fait tous les principes, les idées et le projet du staff de l'entraîneur croate qui ont été exposés au grand jour au meilleur des moments pour prouver à tout l'Hexagone que ces Monégasques-là peuvent légitimement prétendre, en mai prochain, à succéder à leurs aînés de 2017.

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Kovac : «Nous devions priver Mbappé de ballon»

Dans ce match qui pourra avoir son importance dans l'obtention du titre, Monaco ne changeait rien avec ce système mouvant de Kovac toujours très agréable à voir évoluer. Des modulations incessantes, du 4-4-2 au 5-4-1 et très rapidement un premier coup d'oeil évident sur une clé du match : sur le côté droit de la défense monégasque, couloir d'un Layvin Kurzawa toujours très actif et assez inspiré ces derniers temps, et de Kylian Mbappé, le placement et l'activité de Ruben Aguilar allaient être déterminants. Celui qui a été appelé en fin d'année dernière par Didier Deschamps a eu une dépense physique exceptionnelle tout en gardant de la lucidité pendant les 80 minutes passées sur le pré. Pas non plus sur un marquage strict de Kurzawa, l'ancien de Montpellier adaptait quasiment tous ses déplacements défensifs à son homologue parisien. Sans oublier des courses pour presser le premier relanceur parisien comme un Leandro Paredes. Au point aussi de former un duo de latéraux excellent ce dimanche soir avec Axel Disasi. Latéral, lui qui est un central, en phases offensives, Disasi se décalait pour accueillir Aguilar.

«Nous devions effacer Kylian Mbappé, ne se cachait pas Niko Kovac après le match sur Canal+. Nous devions doubler, tripler le marquage sur lui, le priver de ballon.» Pour parfaire cette organisation aux petits oignons, Sofiane Diop et Aurélien Tchouaméni n'hésitaient jamais à venir faire le surnombre pour noyer les intentions parisiennes, et celles de Mbappé en particulier. Bilan de celui qui a planté un triplé au Camp Nou plus tôt dans la semaine : 6 duels gagnés sur 15, 27 ballons perdus sur 68. Aucun tir tenté (troisième fois de sa carrière que cela lui arrive après avoir démarré une rencontre). Et Kurzawa, sur le même côté que son attaquant, n'a jamais su non plus trouver la formule, capable également d'être très vite pris en tenaille par des Monégasques appliqués comme rarement. Constat similaire dans les autres parties du terrain. Un Mauro Icardi qui recevait le cuir voyait un Guillermo Maripan et un Youssouf Fofana plonger sur lui à la vitesse de l'éclair (40e).

Mais n'allez pas dire, à l'image d'un Ander Herrera un peu de mauvaise foi à la pause au micro de Canal+ (l'Espagnol estimant que l'ASM ne présentait qu'une simple ligne de cinq défenseurs et une ligne de quatre milieux), que ce Monaco du Parc des Princes rentre dans la catégorie du cliché de l'équipe qui gare le bus et attend. Non, vraiment pas. «On est costauds, on respecte vraiment ce que le coach nous a demandé, analysait Aguilar à la pause sur Canal+. Avec un maximum de concentration et de courses.»

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-Paris, une création en question

Paris avait de sacrées lacunes techniques mais Monaco gagnait un nombre incalculable de duels en se déplaçant et en pensant en équipe. À la moindre passe en retrait vers un Marquinhos ou un Presnel Kimpembe, c'était une ASM à l'unisson qui montait d'un coup d'un seul pour remonter son bloc. Le facteur généreux du soir était symbolisé par Aguilar. Regardez plutôt cette course de trente-cinq mètres pour aller presser Kimpembe et obtenir une touche proche du poteau de corner (20e). Une frappe lointaine d'Idrissa Gueye qui tentait de faire sortir Monaco (35e), une percée d'Ander Herrera qui avait pris pour la première fois à défaut le milieu adverse (39e), et c'était tout dans un premier acte sans aucun tir cadré pour Paris !

Concentration, application, solidarité

Aguilar, symbole d'un plan parfait

Sûr de sa force collective, Monaco ne se relâchait pas après la pause et continuait à exploiter la moindre faille adverse. Le deuxième but venait ainsi d'une récupération dans les pieds de Mbappé pour ensuite se projeter et aboutir au break de Maripan après l'erreur d'Herrera. Et la même impression défensive : Aguilar monte très haut sur Kimpembe ? Diop vient compenser sa position sur la droite dans la zone de Mbappé. Mauricio Pochettino devait bouger. L'Argentin le faisait (un peu tard peut-être) en lançant enfin Marco Verratti, ainsi que Rafinha. Le Petit Hibou se pointait très vite sur la gauche, histoire de venir épauler le duo Mbappé-Kurzawa et enfin créer du danger. Le latéral parisien armait enfin son premier centre à l'heure de jeu. Et si les opportunités sur ce côté se libéraient davantage au fur et à mesure, Monaco, à l'image de ce tacle superbe de Maripan devant un Mbappé pas assez incisif (67e) ou du niveau de concentration d'un Disasi, ne laissait rien. La frappe de Kimpembe dans les nuages (86e) pouvait également être un symbole. «On essaie de construire ce qu'on fait», racontait Wissam Ben Yedder sur Canal+ au coup de sifflet final. Monaco, cela a été un plan pensé et appliqué, de l'intelligence, de la solidarité, un bloc dynamique sublime. «Ce soir, c'était magnifique», se félicitait Niko Kovac sur Canal+. On confirme.

Timothé Crépin