grbic (adrian) (B.Le Bars/L'Equipe)

Adrian Grbic (Lorient), buteur en perdition

Arrivé en tant que numéro 1 à Lorient, Adrian Grbic n'a pas affiché les performances attendues. L'Autrichien a en plus été éclipsé par Terem Moffi et doit se contenter d'un maigre temps de jeu.

«On pourrait voir ça comme un mariage raté. Il y a deux beaux époux, mais ça ne fonctionne pas.» La situation d’Adrian Grbic est plutôt bien résumée par Arnaud Huchet, qui suit le FC Lorient pour Ouest-France. A l’appui, la différence entre le bilan comptable de l’Autrichien du côté de Clermont, lors de l’exercice précédent, et celui affiché en Bretagne. 17 buts et 4 passes décisives en 26 matches de Ligue 2 (avant que la saison ne soit arrêtée), en Auvergne, contre 4 réalisations en 29 matches de Ligue 1 dans le Morbihan. Evidemment, il faut nuancer ce total quand on sait qu’avec les Merlus, il n’a pu jouer que 913 minutes, pour 2 284 avec les Clermontois.
 
Mais le produit du VfB Stuttgart n’a pas perdu ses qualités en l’espace d’un confinement. Pourvu d’une grosse frappe de balle, Grbic est plus du genre à demander le ballon dans les pieds que dans la profondeur. «Je pense qu’il n’est pas fait pour le style de jeu de Lorient, qui est dans la transition rapide, analyse Arnaud Huchet. Mais dans un autre club, avec un peu plus de possession, d’attaques placées et des ballons dans la surface, il peut être redoutable. C’est un joueur d’équipe dominante, comme l’était Clermont l’an dernier

Un rendement insuffisant

Même si des rumeurs affirment que Christophe Pélissier ne le désirait pas, le numéro 27 a tout de même eu sa chance en début de saison. Débarqué sur les bords de l’Atlantique contre près de 10 millions d’euros - le plus gros transfert de l’histoire des Merlus -, la place de fer de lance de l’attaque lorientaise lui était prédestinée. L’international autrichien (9 sélections, 4 buts) a d’ailleurs enchaîné les cinq premiers matches comme titulaire, marquant deux buts lors de ses trois premières sorties, contre Strasbourg et à Lens.
 
Sorti touché au bout d’un quart d’heure à Lyon (6e journée), il a ensuite perdu sa place sur le front de l’attaque. «Il a été décevant dans plusieurs secteurs. Lorient est une équipe qui demande à tous ses joueurs de défendre et son repli défensif n’était pas à la hauteur. Son rendement offensif n’a pas le niveau escompté – quatre buts dont trois penalties, c’est insuffisant -, et rapidement Pierre-Yves Hamel lui est passé devant», observe Baptiste Cogné, également suiveur du FCL pour Ouest-France. Un choix purement sportif logique pour le journaliste du quotidien régional : «Lorient est dans une situation où il faut prendre des points. Et à ce moment-là, on n’est pas là pour faire plaisir aux joueurs. Il faut mettre le plus performant et aujourd’hui, le meilleur, et il n’y a aucune contestation possible, c’est Moffi

Une pression médiatique

Arrivé en provenance de Courtrai en octobre, le Nigérian s’est rapidement imposé à la pointe du système de Christophe Pélissier. Avec 11 buts et 3 passes décisives en 27 rencontres, il est l’attaquant que Lorient attendait pour le porter vers le maintien, et son entente avec Yoane Wissa fait un bien fou. Dans le même temps, Grbic doit se contenter de 15 à 20 minutes par-ci, par-là, qu’il partage avec Hamel, mais manque de tranchant et ne convainc pas. «Ses entrées ne sont pas flamboyantes. Alors forcément, ça n’incite pas Pélissier à l’aligner d’emblée», remarque Baptiste Cogné. Et cela devrait continuer jusqu’à la fin de la saison. Lorient, 17e avec un point d’avance sur le barragiste nîmois, est loin d’être sauvé.
 
Il y a un peu plus d’un mois, l’Autrichien se confiait à Ouest-France au sujet de la pression qui pesait sur lui, à cause de son transfert record : «Pas forcément le prix du transfert (qui l’a affecté, ndlr), mais l’impact médiatique, oui. En début de saison, il est clair que je me suis mis trop de pression. J’arrivais en L1, tout le monde me disait que je devais marquer beaucoup de buts…» Et cette pression médiatique est revenue à la charge pendant le mercato hivernal, lorsqu’une question d’un départ à Saint-Etienne était évoquée. Mais le joueur avait justement expliqué au quotidien régional qu’il avait «parlé à tout le monde au club, on m’a dit qu’on comptait sur moi pour la seconde partie de saison, alors je suis resté.» Un éventuel départ n’est pas à écarter en fin de saison. A moins qu’il ne parvienne à relever la tête et retrouver son niveau lors des maigres minutes qu’il passe sur le terrain.