gouiri (amine) (A.Mounic/L'Equipe)

Amine Gouiri (Nice), l'Aiglon a bien fait de quitter le nid

Six mois après son départ de l'OL, Amine Gouiri a su trouver à Nice ce dont il ne disposait pas dans le Rhône. Accumulant confiance et temps de jeu, il est devenu une valeur sûre des Aiglons. A quelques heures de ses retrouvailles avec son club formateur, FF s'est attardé sur l'envol du buteur de 20 ans.

«J'entends les gens dire "Gouiri a eu trois coaches, s'il ne joue pas, c'est qu'il doit avoir des problèmes de comportement, il ne doit pas bosser". Sauf qu'on voit aujourd'hui que ce n'était pas fondé», se défendait Gouiri dans les colonnes de L’Équipe, début novembre, au sujet de sa situation à l’OL. Avec une demi-saison de recul, la décision du joueur de quitter son club formateur semble avoir été plus que judicieuse. A Nice, l’international U21 n’a eu besoin que de quelques journées de Ligue 1 pour que tout le monde se rende à l’évidence : ses difficultés à l’OL n’étaient pas une question de niveau, mais bien d’opportunité.

Attaquant indispensable

Barré pendant trois saisons à Lyon, Gouiri enchaîne les matches à un rythme qu’il n’avait jamais connu dans sa carrière. Avec l’OGC Nice, il a pris part à 14 des 15 premières journées de Ligue 1, dont 12 en tant que titulaire. Idem en Ligue Europa où il a été aligné d’entrée sur cinq des six rencontres. Rien d’étonnant quand on constate l’importance du jeune attaquant dans le jeu niçois. En Championnat, il ne lui a fallu que 23 minutes pour ouvrir son compteur dès la première journée contre Lens. Et seulement 52 minutes pour signer un doublé. De quoi en faire le plus jeune joueur depuis 70 ans à inscrire deux buts pour son premier match sous le maillot niçois. Depuis ces premiers pas idylliques, il ne s’est pas arrêté. Sa contribution offensive aux côtés de Dolberg dépasse largement le seul rôle de finisseur. Avec trois passes décisives, Gouiri figure au 13e rang de la Ligue 1. Son alliage entre vitesse, puissance physique et finesse technique fait de lui le véritable détonateur des Aiglons. A l’heure actuelle, le joueur de 20 ans est impliqué sur plus d’un tiers des tirs de son équipe (35%). Seuls Thauvin et Boulaya font mieux en Ligue 1 cette saison.

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Et alors que Nice a failli collectivement au niveau continental, son jeune attaquant a maintenu son excellent niveau en étant l’auteur de près de la moitié des buts niçois. Buteur lors de chacune des quatre premières journées de Ligue Europa, Gouiri est devenu le premier Niçois a réalisé pareille performance. Il est d’ailleurs le plus jeune français à marquer quatre buts en C3 depuis Laurent Roussey en 1982, et le troisième à marquer lors de ses quatre premières titularisations européennes au XXIe siècle après Nkoudou et Mbappé. Après quatre mois de compétition, ses statistiques sont plus qu’honorables : 8 buts et 3 passes décisives en 19 matches. De quoi en faire, de très loin, l’Aiglon le plus décisif de cette première partie de saison. Aucun autre joueur de l’effectif n’est actuellement impliqué dans plus de quatre buts. Mieux encore, il est le deuxième joueur de moins de 21 ans le plus décisif en Europe, derrière l’ogre Haaland. Indispensable.

Buteur perfectible

Malgré ce bilan largement satisfaisant, Gouiri pourrait afficher un rendement encore plus important qu’il ne l’est actuellement. S’il est avant tout un avant-centre, le jeune joueur doit évoluer au poste d’ailier pour laisser la pointe de l’attaque à Dolberg. Sur son flanc gauche, l’ancien Lyonnais tente de sortir de sa torpeur un collectif qui ne pointe qu’au 12e rang des attaques de Ligue 1 (12 buts) mais se retrouve néanmoins dans des situations moins favorables qu’un pur buteur. Et se montre encore inefficace sur certaines opportunités. Avec 6,2 xG (expected goals) en Ligue 1, sixième meilleur total du Championnat, il n’a pourtant trouvé la faille qu’à quatre reprises. De quoi en faire le cinquième joueur qui sous-performe le plus dans cette catégorie à l’heure actuelle. Plus largement, le jeune Gouiri se montre encore trop imprécis. En cadrant seulement 37 % de ses tentatives, il affiche un ratio but/tirs de seulement 0,09. Un score similaire à celui de Benedetto ou David, deux buteurs pointés du doigt pour leur manque de réalisme cette saison. Bien sûr, le Niçois se situerait plus haut si Boudaoui ne lui avait pas «volé» un but contre Angers début novembre (victoire 3-0) mais l’essentiel est ailleurs : sa marge de progression est immense. Et c’est tout le collectif niçois qui peut s’en frotter les mains à l’heure de retrouver l’OL. «Ça va être bizarre», a reconnu Gouiri quant à ces retrouvailles. Mais avec un peu plus de réussite, ce sont bien les Lyonnais qui pourraient être les premiers surpris par un poulain dont ils n’ont pas voulu.

Quentin Coldefy

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