domenech (raymond) (N.Luttiau/L'Equipe)

Analyse : Que retenir de la première de Raymond Domenech sur le banc du FC Nantes ?

Un 0-0 dans le derby, dans la situation du FC Nantes, ça se prend. Et ça aurait même pu être mieux encore. Même si Raymond Domenech va devoir trouver le juste milieu entre un bloc défensif solide et des ambitions offensives bien délicates. Analyse du match des canaris face à Rennes.

«J'ai trouvé un groupe qui a souffert ces derniers temps mais qui a un potentiel pour produire des matches de qualité.» Au micro de Téléfoot, à quelques minutes de son premier match en tant qu'entraîneur depuis plus de dix ans, Raymond Domenech se voulait confiant pour voir ses nouveaux joueurs lui offrir une première prestation encourageante. Surtout dans un match très attendu pour les supporters : d'abord parce que le contexte autour du club, de Waldemar Kita et de Raymond Domenech est électrique. Et ensuite, bien sûr, parce qu'il s'agissait d'un derby face au rival du Stade Rennais. «J'ai respiré l'odeur de l'herbe, c'est bien. C'est ce dont j'avais envie», disait-il encore.

Mais après 90 minutes, on ose croire qu'il avait envie de plus. Quel bilan faire de cette première des Jaune et Vert version Domenech ? Il y a d'abord ce premier choix effectué dans la composition d'équipe, avec le retour du 4-4-2 à La Beaujoire et également la fin du placard pour Kalifa Coulibaly. Car le Malien a, en une soirée, disputé quasiment autant de minutes que sur tout le début de saison (99 contre 90 face à Rennes). Auteur de quatre buts en 2019-20 et plus vraiment dans les petits papiers de Christian Gourcuff, l'ancien de La Gantoise était aligné avec Randal Kolo-Muani. Et Coulibaly, avant de manquer une tête dangereuse dans le dernier quart d'heure (81e), a symbolisé la première moitié de match des Nantais : frileuse. Avec le projet de jeu de balancer très vite vers le mètre 97 de Coulibaly pour ensuite développer quelque chose. Exemple flagrant de ce manque d'ambition : après quelques longs ballons, Andrei Girotto tentait de construire de derrière. Le Brésilien montait le cuir, avant de faire chemin arrière et de servir Alban Lafont qui allongeait ensuite (7e). «On avait peur de jouer, ne s'est pas caché Raymond Domenech après la partie. On a subi, ce n'était pas un choix.» Une situation évidemment pas vraiment au goût des amateurs du jeu à la nantaise, mais qui pouvait déboucher sur quelques situations. Comme lorsque Coulibaly attrapait le ballon dans les airs pour alerter Kolo-Muani qui manquait d'inspiration (18e). Le même Kolo-Muani qui, quelques secondes plus tôt, combinait très vite avec Imran Louza pour envoyer son coéquipier face à Romain Salin qui sortait la parade parfaite (16e). La première erreur rennaise, oeuvre ici de Damien Da Silva, avait failli se payer cash.

Projections rapides et assise défensive

On ose imaginer que Raymond Domenech avait appuyé sur ce point, celui de punir l'adversaire en cas d'approximation. L'envie était également de surprendre en attaques rapides. Il fallait voir les attitudes nantaises dès que le ballon était récupéré. Avec cette recherche de la projection express. Abdoulaye Touré se débrouillait habilement sur certaines passes qui faisaient gagner du terrain, mais le côté technique trahissait les canaris. Ces derniers affichaient bien trop de carences pour mettre en difficulté Nayef Aguerd et les Bretons (15e, 26e, 27e, 29e, 34e, 35e). «On a montré de la solidité, mais il nous manque un potentiel offensif pour concrétiser un peu plus», analysait Domenech.

Car le premier chantier était certainement celui-ci : se remettre à l'endroit défensivement pour un FC Nantes qui avait jusque-là seulement réussi à conserver ses cages inviolées à deux reprises. La dernière fois, c'était le 8 novembre, à Lorient. Synonyme de dernière victoire en Ligue 1. Dans le sillage d'un Nicolas Pallois en mode capitaine de navire énergique et déterminé, le FCN n'a pas vraiment paniqué. Même lors des cinq minutes de "folie" entre les 49e et 54e minutes où Rennes aurait pu faire mouche à trois reprises. C'était sans compter sur le déchet de Benjamin Bourigeaud (49e, 50e, 53e). Mais il faut souligner une chose : oui, Nantes récolte un clean-sheet mais Nantes a bien été aidé par un adversaire absolument sans idée. Huit tirs pour Jérémy Doku, très décevant, et les Rennais à La Beaujoire : zéro cadré. C'est dire. «Quand on est en difficulté, il faut savoir s'accrocher, expliquait Domenech. Ils l'ont fait.» Mais il est vrai que le 4-4-2 à plat et très discipliné du FCN a pu perturber le SRFC. «J'ai aimé cette première dans l'envie que l'équipe a montré», se satisfaisait encore le coach nantais.

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C'est enfin le dernier élément de ce premier débrief du Nantes de Domenech. Il va falloir désormais savoir trouver un certain équilibre entre l'envie de rester solide et les ambitions offensives. Dans sa composition, l'ancien sélectionneur de l'équipe de France a titularisé Imran Louza et Ludovic Blas sur les ailes, deux joueurs qui ont davantage envie d'avoir le ballon aux pieds. Deux garçons précieux pour construire, faire la bonne passe, oui, mais pour amener de la vitesse et combiner avec un latéral, c'est tout de suite moins simple. Et Domenech n'a seulement effectué les premiers changements qu'à onze minutes du terme (seuls quatre entraîneurs avaient attendu plus longtemps pour faire un premier changement cette saison en L1). Nantes n'a toujours pas regoûté à la victoire, mais comme le disait Domenech en conférence de presse d'après-match, «on a mis la première pierre». A Montpellier, il s'agira de viser pourquoi à casser deux dynamiques similaires : celle du nombre de matches sans victoire en Ligue 1 pour le FCN, qui en est à neuf. Et pour Raymond Domenech, d'améliorer son bilan en première division qui est, jusque-là, en prenant en compte son dernier mandat en première division il y a vingt-sept ans, d'une victoire, deux nuls et sept défaites sur ses dix dernières rencontres dirigées...

Timothé Crépin