
Antony Perrino, principal actionnaire du Gazélec Ajaccio, placé en détention provisoire
L'homme d'affaires Antony Perrino a été incarcéré, ce jeudi, après avoir été mis en examen à la mi-janvier dans une affaire financière qui concerne la bande criminelle dite du « Petit Bar ».
En Corse, depuis quelques semaines, on parle beaucoup d'Antony Perrino, ce quadragénaire qui a fait fortune dans le bâtiment et l'immobilier en prenant la succession de son père, et a un temps dirigé Corse-Matin. En début d'après-midi, jeudi, L'Obs a annoncé son incarcération. Une information qui nous a été confirmée de source judiciaire. Il a été placé en détention à la maison d'arrêt d'Aix-Luynes (Bouches-du-Rhône).
Le 10 janvier, le nouvel et principal actionnaire du Gazélec Ajaccio (Nationale 2), avait été interpellé et placé en garde à vue pendant 96 heures, avant d'être mis en examen pour des faits de « blanchiment en bande organisée », « abus de biens sociaux » et « association de malfaiteurs ». Il avait été laissé en liberté, sous contrôle judiciaire strict l'empêchant notamment de mettre les pieds sur l'île de Beauté, et après le versement d'une caution « supérieure à 800 000 euros » croit savoir L'Obs. « Monsieur Perrino a en effet été incarcéré suite à un arrêt de la chambre de l'instruction de la cour d'appel d'Aix-en-Provence qui avait été saisie d'un appel formé par mon parquet », nous a fait savoir Dominique Laurens, la Procureure de Marseille.
Une amende de 15 000 € en 2019, pour laquelle il a fait appel
La justice lui reproche sa proximité avec la fameuse bande criminelle dite du Petit Bar, du nom de l'ancien établissement où se retrouvaient régulièrement ses membres présumés. Antony Perrino a grandi avec certains membres présumés de ce gang et fréquenté les mêmes écoles de la cité ajaccienne. Il a notamment eu comme camarade celui qui est présenté comme le patron de cette bande, Jacques Santoni. Il ne s'en est jamais caché. Et n'a jamais tourné le dos à ses amis d'enfance. Le 12 juillet 2019, la justice avait déjà pointé du doigt et sanctionné cette proximité. Le tribunal correctionnel d'Ajaccio (Corse-du-Sud) l'avait, en effet, condamné à 15 000 € d'amende pour abus de biens sociaux et blanchiment de fraude fiscale. Il lui avait été reproché d'avoir loué un appartement luxueux sur le front de mer ajaccien à un prix défiant toute concurrence, avant d'en faire profiter l'un des membres du Petit Bar.
Le bénéficiaire de ce « cadeau » était Pascal Porri, présenté par la police comme l'un des « piliers » de cette équipe. Anthony Perrino avait fait appel de cette condamnation. L'audience devait avoir lieu ce mercredi, à Bastia (Haute-Corse). Elle a été repoussée, l'avocat de Pascal Porri, Me Pascal Garbarini, étant en arrêt maladie. Pascal Porri ne se serait de toute façon pas présenté à la barre. Il est en fuite depuis le mois de septembre 2020, après avoir échappé à un coup de filet de la PJ d'Ajaccio déclenché dans le cadre d'une enquête sur une tentative d'assassinat sur la personne de Guy Orsoni, le fils d'Alain Orsoni, l'ancien président de l'AC Ajaccio.
« Mon client est une victime collatérale dans cette histoire »
Me Thierry Marembert, avocat d'Antony Perrino
Deux autres membres présumés du « Petit Bar » ont aussi réussi à se soustraire à leur arrestation : André Bacchiolelli et Mickaël Ettori. Ce dernier est le frère de Christophe Ettori, l'ancien joueur professionnel, passé notamment par Cannes, Gueugnon et le Gazélec où il occupe toujours le poste de directeur sportif. Christophe Ettori a aussi été entendu dans ce dossier mené par deux juges d'instruction de la Jirs (juridiction interrégionale spécialisée) de Marseille. La justice cherche à établir les circuits financiers utilisés par le Petit Bar qui lui auraient permis de blanchir près de 50M€. La justice suspecte aujourd'hui Antony Perrino d'avoir joué un rôle actif, notamment dans ces faits de blanchiment.
Pour Me Thierry Marembert, l'avocat d'Antony Perrino, son client n'a rien à faire derrière les barreaux d'une prison : « C'est ce qu'avait d'ailleurs décrété le juge. Mais on est dans une situation particulière avec des gens qui sont dans la nature, le climat autour de cette histoire est pesant et manque de sérénité, celle qui serait attendue. Heureusement qu'on ne met pas en prison toutes les personnes qui se retrouvent dans des dossiers financiers. Mon client est une victime collatérale dans cette histoire. » Joint au téléphone, Matthieu Messina-Arrighi, le nouveau président du Gazélec, a dit vouloir « attendre » avant de communiquer sur l'incarcération de l'actionnaire principal.