
Blog Afrique : Bouenguidi Sports, la belle anomalie gabonaise
Seul club gabonais encore engagé sur la scène continentale, la formation de Koula-Moutou, toujours privée de Championnat, est à 90 minutes d'une qualification pour la phase de poules de la Coupe de la Confédération. (photo : Page Facebook Bouenguidi Sports)
Bouenguidi. C'est le nom de la rivière qui traverse la ville de Koula-Moutou, chef-lieu de la province de l'Ogooué-Lolo, à quelques heures de Libreville. C'est aussi le nom choisi par Jean Fernand Bidona, son président et fondateur, en octobre 2016, pour baptiser le club de la ville. En l'espace de trois ans, le petit club s'est extirpé des profondeurs du football régional pour se hisser en D2 en 2018 puis décrocher quelques mois plus tard son ticket pour l'élite gabonaise. Début 2020, Bouenguidi Sports prend le départ du Championnat de D1, tout juste relancé.
Quand le Covid-19 chamboule tout
Mi-mars, après six journées, la pandémie de Covid-19 contraint à l'abandon définitif de la compétition. Bouenguidi occupe la première place du groupe A avec 16 points, Mangasport de Moanda est premier de la poule B avec 13. Au moment de désigner ses représentants mais sans attribuer le titre, la Fédération tranche en faveur du promu, qui sera inscrit en Ligue des champions d'Afrique pour la saison 2020-21 ! Démissionnaire, le coach Saturnin Ibela cède fin août son fauteuil à Brice Ondo, un ancien joueur de l'USM Libreville devenu technicien qui a appris dans le sillage de son mentor Claude-Pascal Kossi et des Camerounais Thomas Libiih et François Omam Biyik à l'US Bitam. C'est lui, cet automne, qui a relancé l'équipe après une période de léthargie forcée. «On a recruté local et puis on a surtout bossé sur l'aspect mental, pour booster les joueurs», explique le coach.
Pas simple en effet d'exister sans aucune compétition sur le plan national, ni possibilité d'affronter des clubs structurés pour se préparer. Dans un football gabonais à la scène nationale sinistrée, et dont les joueurs ont exprimé leurs conditions de vie dramatiques, puisque privés de ressources, Bouenguidi Sports fait donc figure d'exception, presque d'anomalie. Une belle anomalie. Jean Fernand Bidona, son président – ingénieur informaticien de profession – confirme : «Nos joueurs sont bénis, privilégiés. Heureusement pour nous, l'Etat et la Fédération ont jugé bon de nous accompagner financièrement dans notre campagne africaine.» Une centaine de millions de francs CFA (un peu plus de 160 000 euros) a ainsi été débloquée pour soutenir le club. Et le voyage de l'équipe au Burkina Faso a été entièrement pris en charge par l'Etat.
Depuis novembre dernier en effet, Bouenguidi Sports a pris une dimension... africaine. Engagé en préliminaire de la Ligue des champions, le club a sorti les Zambiens de Forest Rangers (0-0, 2-0) avec notamment un déplacement à dix joueurs de champ seulement et quatre gardiens ! «On a joué 94 minutes sans changement. Notre banc était composé de blessés...», avoue le coach.
Depuis novembre dernier en effet, Bouenguidi Sports a pris une dimension... africaine. Engagé en préliminaire de la Ligue des champions, le club a sorti les Zambiens de Forest Rangers (0-0, 2-0) avec notamment un déplacement à dix joueurs de champ seulement et quatre gardiens ! «On a joué 94 minutes sans changement. Notre banc était composé de blessés...», avoue le coach.
«Nos joueurs sont bénis, privilégiés. Heureusement pour nous, l'Etat et la Fédération ont jugé bon de nous accompagner financièrement dans notre campagne africaine.»
Proche du gros coup face au TP Mazembe
Au tour suivant, les Koulois étaient opposés à un cador continental, le TP Mazembe (RDC) et ils ne se sont inclinés que de justesse (1-2, 1-2). Ils ont ensuite été reversés en Coupe de la Confédération africaine dont ils disputent le tour de cadrage. Les vainqueurs seront qualifiés pour la phase de poules. Après son succès 1-0 sur les Burkinabés de Salitas au stade Monedan de Sibang, à Libreville - alors qu'il a évolué à dix pendant une heure après l'exclusion de son excellent gardien Dalian Toung-Allogho - Bouenguidi Sports espère prolonger l'aventure africaine. En cas de nul par exemple dimanche à Ouagadougou. «Ca continue d'être compliqué pour nous de se préparer. On n'a que des entraînements et des matches contre des équipes non structurées qui nous servent de sparing partners.» Bouenguidi est depuis aujourd'hui au Burkina Faso, et aura quelques jours sur place pour s'acclimater. «Pour nos précédents déplacements, on était arrivé la veille», se remémore le coach Ondo.
Quatre ans après le CF Mounana, un club gabonais peut donc espérer jouer les poules. Même le sélectionneur national Patrice Neveu croit aux chances du club de Koula-Moutou. «Ils font tout pour mettre en valeur le football local, et les autorités font l'effort de les soutenir. C'est une équipe homogène, sans grande vedette, travailleuse à l'image de son coach Brice, avec des valeurs de générosité et d'engagement. C'est aussi mon seul réservoir de joueurs sur le plan local, en cas de pépin sanitaire de mes pros...» A Ouaga, on suivra plus particulièrement leur pépite Floriss Ndjave et surtout le buteur Junyor Aubyang Bayanho, trois réalisations déjà en compétitions africaines pour ce dernier, dont celui de l'aller contre Salitas...

Floriss Ndjave, l'un des atouts de Bouenguidi Sports.
«Ils font tout pour mettre en valeur le football local, et les autorités font l'effort de les soutenir. C'est une équipe homogène, sans grande vedette, travailleuse à l'image de son coach Brice, avec des valeurs de générosité et d'engagement.»
Frank Simon Follow @frank_simon