Canal+ diffuse pour l'instant deux matches par journées de L1. (F. Porcu/L'Équipe)

Canal+ durcit le ton dans la négociation entre Mediapro et la LFP

Canal+ pourrait investir sur la L1 si la situation se décante. Mais elle refuse catégoriquement d'aider au règlement du conflit avec Mediapro.

La prolongation de quelques jours de la médiation entre Mediapro et la LFP ne sera pas de trop pour tenter de résoudre un dossier qui menace l'avenir du football français. Depuis fin septembre, sous l'égide du tribunal de commerce de Nanterre, les deux parties tentent de sortir d'une sérieuse impasse. On le sait, Mediapro, principal diffuseur du Championnat de France (830 millions d'euros annuels, entre 2020 et 2024, pour huit matches de L1, huit rencontres de L 2 par journée, le Trophée des champions, les trois multiplex de la saison et des magazines), n'a pas payé son échéance du 5 octobre (172,3 M€) ni la suivante, le 5 décembre (152,5 M€).

Face à cette situation, la Ligue fait tout pour récupérer ses droits et veut traiter en même temps, sous le contrôle de la justice, avec un diffuseur solvable, qui pourrait s'appeler Canal +. Le partenaire télévisé « historique » de la L 1 n'a pas formulé d'offre, mais pourrait le faire si la situation se décante avec une proposition globale autour de 590 M€, plus environ 100 M€ de bonus liés à une hausse éventuelle du nombre de ses abonnements. Et la possibilité de faire un geste pour la saison en cours (la plus compliquée, financièrement, pour les clubs), sous forme d'avance. Mais Canal + ne bougera pas une oreille avant que l'horizon ne soit totalement dégagé. Et c'est là le gros souci.

Canal+ prêt à prendre le risque qu'aucune solution ne soit trouvée

Car pour lâcher les droits, Mediapro exige que soient réglés, au préalable, ses engagements contractuels avec les FAI (fournisseurs d'accès à Internet) qui distribuent sa chaîne Téléfoot. Du côté de la LFP et de Marc Sénéchal, le conciliateur nommé par le tribunal de commerce de Nanterre, on souhaite que le groupe Canal + aide à résoudre ce problème de Mediapro avec les FAI. On veut aussi que la chaîne cryptée participe aux discussions avec le groupe sino-espagnol afin de trouver un accord global. Et pourquoi pas que Canal+ reprenne directement la chaîne Téléfoot abandonnée par Mediapro. Mais Canal+ refuse d'envisager toutes ces options et l'a signifié, hier, de manière très claire. Il n'est pas question, non plus, pour C + de formuler officiellement une offre tant que le terrain n'est pas totalement déblayé et que la LFP n'a pas récupéré ses droits.

En clair, Canal + ne veut pas mettre un orteil dans ce dossier ultra-sensible tant qu'il n'est pas totalement apuré. Et se dit prêt à prendre le risque, en se tenant totalement à l'écart, qu'aucune solution ne soit trouvée et que les clubs français se retrouvent en très grande difficulté. Canal+ assure également assumer le risque (s'il existe vraiment...) que la LFP traite finalement avec un autre opérateur après s'être débarrassée de Mediapro.

Quoi qu'il en soit, cette attitude très ferme n'arrange pas les affaires du football français. Car il doit sortir du contrat avec Mediapro sans avoir d'offre officielle en main signée par les dirigeants de la chaîne cryptée. Il doit aussi se débrouiller, aidé du seul conciliateur, pour dégager Mediapro de ses multiples engagements, passage obligé pour que le dossier ne s'enlise pas pendant des mois. Autant dire qu'il est illusoire d'imaginer un nouveau schéma de diffusion prêt à être présenté aux clubs, jeudi, lors de l'assemblée générale de la Ligue. Le matin, comme l'a révélé L'Équipe, Marc Sénéchal va tout de même s'exprimer devant le conseil d'administration de l'instance. Il ne cachera sans doute pas aux administrateurs la complexité du dossier qu'il espère, tout de même, régler avant les fêtes.