deschamps (didier) nasri (samir) (P.Lahalle/L'Equipe)

Ces choix de listes de l'équipe de France qui ont fait parler depuis 1998

Moment attendu aussi bien par les joueurs que par les supporters, l'annonce de la liste des Bleus pour une grande compétition est un rituel lors duquel plusieurs millions de suiveurs voient le sélectionneur qui sommeille en eux se réveiller. Entre surprises et oubliés, retour sur ces listes qui ont fait débat.

Le mardi 18 mai 2021 est une date que les internationaux français ont certainement entouré en rouge sur leur calendrier, ou plutôt leur smartphone. Didier Deschamps dévoilera non pas les 23 mais les 26 noms des heureux élus qui participeront à l’Euro 2020. Malgré cet élargissement, inutile de s’attendre à des surprises tant Didier Deschamps n’est pas un adepte du contre-pied depuis qu’il a pris les rênes de la sélection. DD a d’ailleurs annoncé la couleur dans le média allemand Kicker : «Je ne suis pas le Père Noël, je ne suis pas là pour annoncer des surprises !» Mais l’annonce de cette liste est, comme toujours, l’occasion de débattre. Entre les oubliés, les «chouchous» , les jeunes qui mériteraient d’être appelés, les piliers de vestiaires, tout est prétexte à être remis en question. Parfois plus que d’habitude.

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Coupe du monde 2002 : La der de Zizou, Eric Carrière l'oublié

Champions du monde et d’Europe en titre, les Bleus partent en Asie avec l’objectif de défendre leur statut. Roger Lemerre convoque 21 joueurs auxquels viendront s’ajouter Claude Makélélé et Zinédine Zidane après avoir disputé (et remporté) la finale de la Ligue des champions. ZZ est au centre de l’attention puisqu’il avait annoncé un an auparavant que le voyage en Corée du Sud et au Japon serait sa dernière virée mondiale. Dans la liste concoctée par le sélectionneur, très peu de surprises si ce n’est l’absence d’Eric Carrière. Le meneur de jeu lyonnais reste en France au profit d’Alain Boghossian, leader de vestiaire, et Johan Micoud, qui n’a disputé que 18 matches de Serie A avec Parme. 

Coupe du monde 2006 : la surprise Chimbonda, Pirès non retenu

Il est indiscutablement devenu l'égérie des surprises des listes de l’équipe de France. En 2006, lors de l’annonce des 23 sélectionnés pour le voyage en Allemagne, beaucoup sont étonnés de voir le nom de Pascal Chimbonda apparaître. Peu connu en France, le latéral droit sort d’une saison brillante avec Wigan, qui lui a valu d’être élu meilleur arrière droit de Premier League. Le néophyte passé par Bastia et Le Havre dispute une petite minute face au Danemark en préparation en mai (2-0) avant de tomber dans l’oubli. La liste de Domenech fait aussi parler par l’absence de Robert Pirès. Le gaucher a signé un bel exercice avec les Gunners, finalistes de la Ligue des champions, lors duquel il a inscrit 7 buts. Mais l’ancien joueur de Metz est toujours en froid avec le sélectionneur qui ne l’a plus appelé depuis un match contre Chypre en 2004. Le technicien français ne lui a jamais pardonné les critiques formulées dans France Football le 29 octobre 2004 : «Rien dans l’attitude du sélectionneur ne me permet de penser qu’il me fait confiance à 100%. Non, j’ai l’impression d’être à l’école, d’avoir vingt ans et de commencer à jouer au foot.» Enfin, l'annonce de cette liste reste mémorable pour le malaise qu’elle a créé. Raymond Domenech n’a donné aucune explication sur le plateau de TF1, gardant ses déclarations en exclusivité pour SFR, partenaire de la FFF. Gênant.

Tout le monde se souvient de LA surprise Pascal Chimbonda (à gauche) en 2006. (DE MARTIGNAC/L'Equipe)

Coupe du monde 2010 : Clap de fin pour Vieira, de 30 à 24, les exclus l'ont mauvaise

Comme pour l’Euro 2008, Raymond Domenech décide dans un premier temps de convoquer 30 joueurs pour un stage à Tignes en marge de la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud. L’annonce de la liste marque la fin de la carrière internationale de Patrick Vieira, non retenu. Les absences de Karim Benzema et de Samir Nasri, stars montantes du football français, surprennent. Le sélectionneur justifie la non-sélection de l'attaquant madrilène par le fait qu’il n’a pas assez joué, alors qu’il a disputé 33 matches sous les ordres de Manuel Pellegrini (9 buts et 6 passes décisives). Le groupe s’affine dans un second temps à 24 joueurs, avec la présence du blessé et incertain William Gallas. Rod Fanni, Adil Rami, Hatem Ben Arfa, Yann M’vila, Jimmy Briand et Mickaël Landreau en payent les frais. Amer, le gardien déclare : «La sélection ne s’est pas jouée sur le terrain» dans les colonnes de L’Equipe. Il ne savait pas encore qu’il allait échapper à l’un des plus gros fiasco du football français. 

Coupe du monde 2014 : Deschamps se passe de Nasri

Pour sa première liste pour une compétition internationale, Didier Deschamps décide de jouer cartes sur table en annonçant directement les 23 chanceux et les 7 réservistes. Parmi les malheureux laissés sur le carreau figurent Eric Abidal, pour qui l’aventure équipe de France s’achève, et surtout Samir Nasri. Brillant avec Manchester City et grand artisan du titre des Skyblues (11 buts et 12 passes décisives toutes compétitions confondues), le joueur formé à Marseille est une nouvelle fois snobé après avoir déjà raté le wagon en 2010. Le sélectionneur justifie son absence : «Samir a eu des performances en équipe de France qui n’étaient pas à la hauteur de celles qu’il réalise avec Manchester City. Il est important et titulaire avec son club, mais ce n’est pas le cas en équipe de France. Et quand il est remplaçant, il n’est pas content et ça se sent dans le groupe. C’est pour ça qu’il n’est pas dans la liste.» Comme il le fera toujours par la suite, DD privilégie la vie de groupe au talent pur. Au grand désarroi du petit prince du Vélodrome, qui voit là sa dernière chance de participer à une Coupe du monde lui passer sous le nez.

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Euro 2016 : Benzema mis au ban

Les prémices de la fin de l’aventure chez les Bleus pour Karim Benzema. Mis en examen dans «l’affaire de la sextape», l’avant-centre madrilène va payer le prix fort de cette histoire et être banni de l’équipe de France jusqu’à aujourd’hui. Sur le plan purement footballistique, il n’y a pas débat, Karim Benzema sort une saison stratosphérique à Madrid, avec 28 buts et 8 passes décisives en 36 matches toutes compétitions confondues, et a soulevé sa deuxième Ligue des champions. Mais la santé du groupe France passe avant tout, et Deschamps estime préférable de laisser KB9 sur la touche. Une exclusion dont profite André-Pierre Gignac, parti faire trembler les filets à Monterrey. Pour le triste sort que nous connaissons en finale...  

Coupe du monde 2018 : Le refus de Rabiot

Des joueurs qui disent «Non !», à l’équipe de France, c’est assez rare. Pour le voyage en Russie, Didier Deschamps convoque 23 joueurs et annonce 11 suppléants. Les surprises sont minimes comme à l’accoutumée. Parmi elles, les sélections de Florian Thauvin et Nabil Fekir en lieu et place de Dimitri Payet et Alexandre Lacazette. Surtout, au milieu de terrain, Adrien Rabiot est mis sur la touche et n’est "que" réserviste, au profit de Steven Nzonzi. Vexé et déçu au plus haut point, le milieu de terrain du PSG écrit à la Fédération et à son sélectionneur et refuse sa place de suppléant. Une décision qui crée un véritable tollé médiatique. Le joueur se justifie dans une lettre ouverte. «Si j’ai décidé de me retirer de la liste des suppléants, c’est que je considère que le choix du sélectionneur à mon égard ne répond à aucune logique sportive», déclare-t-il. Cette «énorme erreur» selon les mots de Deschamps vaudra au joueur de ne plus être appelé en équipe de France jusqu’en septembre 2020.