Comment et pourquoi le Bayer Leverkusen a aussi bien digéré le départ de Kai Havertz

Pour tous ceux qui n'avaient pas l'habitude de regarder des multiplex à 15h30 le samedi après-midi, le restart du printemps dernier aura été une formidable occasion de découvrir des équipes enthousiasmantes. Parmi celles-ci, le Bayer Leverkusen de Kai Havertz. Sorties de balles ciselées, verticalité et/ou contrôle, créativité à de nombreux postes du terrain : bref, s'installer devant une prestation des hommes de Peter Bosz revenait à passer un bon moment trois fois sur quatre. Problème pour les fans du Bayer 04, l'équipe terminait - comme souvent dans l'histoire d'un club qui a du mal à finir aussi fort qu'il ne démarre - à la cinquième place sur le gong et ce sont les rêves de Ligue des champions qui s'envolaient. Et le joyaux Havertz avec, recruté par Chelsea contre 80 millions d'euros. Sans même parler du départ de Kevin Volland vers Monaco... Là question se posait alors de savoir comment le club allait digérer ces évènements.

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Peter «boss»

Cinq mois et un quart de finale de Ligue Europa plus tard (défaite 1-2 face à l'Inter Milan), c'est peu dire que tout va bien. Invaincu, Leverkusen est en tête de la Bundesliga. Bilan de la troupe de Bosz jusque-là : zéro défaite, donc, quatre nuls et huit victoires. Pour un total de 27 buts marqués contre 10 encaissés. Miracle ? Pas vraiment. Son entraîneur y est pour beaucoup, déjà. Plutôt adepte du 4-2-3-1 et du 4-3-3 la saison dernière, le boss a su se réinventer pour atténuer les effets du départ de la star du club. Et comme souvent avec le technicien allemand, tout s'est fait naturellement, de façon fluide. Patrick Schick est arrivé pour occuper la pointe de l'attaque et là où certains auraient été tentés de maintenir à tout prix le 4-2-3-1 et de faire évoluer la nouvelle coqueluche Florian Wirtz en soutien du Tchèque, Bosz a préféré revoir légèrement sa copie. Wirtz occupe ainsi l'une des deux pointes hautes du triangle du milieu de terrain du Bayer et partage les responsabilités de l'animation offensive avec d'autres garçons comme Nadiem Amiri ou Moussa Diaby, par exemple.

Scouting et développement individuel

Mais au Bayer, tout ne repose par sur le talent d'un entraîneur ou sur celui des joueurs. En dehors du terrain, Leverkusen travaille dur et bien. Grâce notamment au travail de Simon Rolfes, le directeur sportif, et de ses équipes. Au printemps dernier, Slawomir Czarniecki, coordinateur sportif du club, nous avait glissé quelques mots à même de résumer la philosophie de l'actuel leader du Championnat d'Allemagne : «Repérer un joueur n'est pas le plus difficile. Ce que vous avez à faire, après avoir identifié un grand potentiel, c'est faire comprendre au garçon qu'il peut devenir un top top (il insiste) joueur. Lui répéter aussi, même dans les moments où il joue moins bien. C'est ce que nous avons fait avec Kai. Vous imaginez donc le genre de moment que c'était quand, six ans après son arrivée, nous avons assisté, sa mère et moi, à son premier entraînement chez les grands...» Travail, exigence et patience, donc. Un savant mélange dont l'institution récolte aujourd'hui les fruits. N'a-t-elle pas effectué exactement le même travail avec Wirtz ? N'a-t-elle pas pris le temps de polir des joueurs comme Diaby ou Edmond Tapsoba ?

Anticipation

Et comme si ce travail de formation et de scouting ne suffisait pas, les deux derniers cités ont été prolongés en même temps, il y a de cela quelques jours. Le long terme et l'anticipation, toujours. Après douze journées de Championnat et une phase de poules de C3 parfaitement négociées, une nouvelle question se pose : jusqu'où ce groupe-là - car c'est bien de cela qu'il s'agit tant Bosz fait régulièrement évoluer son onze - peut aller ? Le choc de la 13e journée entre le Bayer et le Bayern devrait apporter une partie de la réponse. Mais le résultat de cette affiche ne sera, quoi qu'il arrive, pas une fin en soi pour un club qui regarde toujours bien plus loin que le prochain match. - T. P.

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