Denis Lavagne : «La Coupe d'Afrique, c'est l'ambition des joueurs»

Dernier entraîneur français encore en lice au stade des demi-finales des Coupes d'Afrique interclubs après l'élimination de Didier Gomes Da Rosa (Simba, TAN) en Ligue des champions, Denis Lavagne vit des moments forts avec la JS Kabylie. Malgré un calendrier démentiel.

«Denis Lavagne, vous êtes arrivé sur le banc des Canaris du Djurdjura en janvier cette année, et on n’attendait pas vraiment votre club dans le dernier carré de la Coupe de la Confédération…
Au départ effectivement, l’objectif était de se qualifier pour la phase de poules. Une fois en poule, on a visé les quarts. Et puis les demies ! Cette envie d’aller loin, c’est d’abord l’ambition des joueurs, plus qu’un objectif. On a une aventure à finir !
 
Comment situez-vous cette compétition, qui vous a vu éliminer en poule la Renaissance de Berkane, tenante du titre ?
C’est une compétition difficile avec un plateau relevé ! Elle permet vraiment à mes joueurs, qui sont relativement jeunes et manquaient d’expérience au niveau africain, de se mettre en lumière.
 
Imaginiez-vous vraiment possible de franchir les poules, vu votre groupe ?
Le club marocain de Berkane, tenant du titre, était le grand favori. Le Cotonsport de Garoua (CAM), que j’ai dirigé il y a une dizaine d’années, a toujours sorti de bons joueurs. Quant aux Zambiens de NAPSA Stars, c’était la grosse inconnue. Vous savez, jouer en Afrique n’a rien de simple, qu’il s’agisse des déplacements, des conditions climatiques, du terrain, parfois de l’arbitrage ! Mais on a débuté avec un succès sur le Cotonsport et un nul en Zambie, obtenu dans les arrêts de jeu. Cela nous a mis dans une dynamique positive. Il y a eu le nul à Berkane et bien sûr la victoire au Cameroun, à Garoua où on a fait l’exploit.

«Le stade Taieb M'hiri de Sfax ne m'avait jamais réussi»

Ce match disputé face à un club et un public que vous avez fréquenté de 2007 à 2011 a dû remuer quelques souvenirs…
Cela faisait près de dix ans que je n’y étais pas retourné et j’ai pu revoir pas mal de gens. Le stade a changé, le complexe est magnifique. Avec la victoire, c’était parfait.
 
En quart de finale, vous avez éliminé le week-end dernier les Tunisiens du CS Sfaxien (1-0, 1-1) qui étaient pourtant favoris…
Ce n’était pas écrit ! A titre personnel, le stade Taieb M’hiri de Sfax ne m’avait jamais réussi en quatre matches. Défaites avec le Cotonsport en C1 africaine, avec le Cameroun contre la Libye à la dernière minute et deux fois avec l’Etoile du Sahel, en Championnat et en Coupe de la Confédération… Là, on a gagné 1-0 à l’aller, en sortant un bon match avec une équipe, je le rappelle, très jeune qui découvre cette compétition. Ils apprennent et franchissent des caps, tour après tour. Je pense notamment à cette confrontation contre le Stade Malien, qui nous a envoyés en poule. A l’aller, on avait perdu sur un penalty contestable à la dernière minute.

Qu’est-ce qui caractérise la JSK cette saison ?
J’ai un groupe de joueurs avec une grosse volonté, beaucoup de solidarité, qui leur permet d’aller chercher des résultats. On développe de temps en temps du jeu, on est solides défensivement. En revanche, on a du mal à concrétiser devant.
 
En demies le mois prochain, vous allez retrouver le Cotonsport…
Et ils seront très revanchards après les deux défaites infligées en poule. Je m’attends à un match aller à Garoua très compliqué. A ce sujet, je me souviens qu’en poule, ils nous avaient avancé l’heure du match, de 16 heures à 14 heures. Il faisait plus de 40 degrés !
 
En Championnat par contre, la JSK occupe la 6e place après 22 journées, et un match de retard.
Il nous reste 17 matches à disputer sur la scène nationale et la CAF souhaite que les Championnats se finissent le 30 juin au plus tard ! On a aussi un quart de finale de Coupe de la Ligue et deux matches de Coupe d’Afrique. La JSK joue sur trois tableaux et a, a minima, vingt matches en un mois de demi… C’est impossible à tenir ! Régulièrement, j’ai fait tourner cette saison et on a laissé filer pas mal de points. Parce que jouer tous les trois jours, c’est compliqué.
 
Serez-vous encore sur le banc de la JSK la saison prochaine ?
Je ne suis pas pressé. Je me suis engagé jusqu’à la fin de la saison. On est venu me relancer fin février pour que je renouvelle mon contrat. Mais aujourd’hui, il y a encore des points à éclaircir, que ce soit sur le plan financier ou sportif. Le club souhaite-t-il conserver ses joueurs et développer l’équipe ? Il me faudra des garanties. Et si cela s’arrange, pourquoi pas ?»

«La JSK joue sur trois tableaux et a, a minima, vingt matches en un mois de demi... C'est impossible à tenir !»

Frank Simon