Didier Six, sélectionneur de la Guinée : «Plaisir à revenir en Turquie»

«Didier Six, vous voici de retour en Turquie, un pays auquel vous avez donné une réplique très positive il y a peu à Antalya (0-0)…

Effectivement. Et on avait réalisé un bon match dans l’ensemble. Je crois a posteriori qu’on aurait même pu s’imposer. Mais nous avons une faiblesse récurrente : le manque d’efficacité devant le but. Alors on y travaille.

Qu’avez-vous pensé de la sélection dirigée par Senol Günes, qui ouvrira l’Euro vendredi soir contre l’Italie ?

Nous sommes tombés sur une belle équipe. Pour nous, cela avait aussi valeur de match de prestige, d’autant qu’il a été décidé un peu à la dernière minute. J’ai le sentiment que le football africain grandit à travers ce type de matches. Quant au sélectionneur, c’est un technicien chevronné, avec un beau palmarès et une façon de diriger qui lui a réussi jusqu’à maintenant.

Croyez-vous que la Turquie aura un rôle à jouer dans le dernier carré de cet Euro ?

Je vous répondrais par une autre question : qui pensait que la Croatie serait parvenue jusqu’en finale de la dernière Coupe du monde ?

Au-delà de ce match et du stage à Antalya avec la Guinée, c’était aussi votre retour en Turquie, où vous avez passé une inoubliable saison 1987-88, en remportant le titre avec Galatasaray. Le retour de "Dundar Siz" !

Je vous arrête. Beaucoup de gens se sont figés sur ce détail. Mais il ne s’agit que de la traduction ou transcription de mon nom ! Pour le reste, j’ai effectivement plaisir à revenir ici, même si la Turquie que j’ai connue n’existe plus. Le pays a beaucoup changé, s’est modernisé. Je vous donne un seul exemple. A l’époque, je filais une fois par semaine au consulat de France pour emprunter des cassettes VHS. Aujourd’hui, on y capte toutes les chaînes du monde entier ! Le monde a évolué, voilà tout.

Que pensez-vous des chances des Bleus, victorieux contre le Pays de Galles et la Bulgarie en matches de préparation ?

C’est un groupe et une équipe qui tiennent la route et qui ont déjà prouvé leur valeur en compétitions internationales. Ce n’est pas drôle pour Didier Deschamps d’être le super favori de cet Euro. Il sait très bien qu’il devra réussir un résultat. C’est souvent plus simple quand on est dans la peau d’un outsider.

Revenons un instant à la Guinée, qui avait quatre matches prévus à Antalya (0-0 contre la Turquie, 0-2 contre le Togo, 2-1 contre le Kosovo mercredi et un dernier test face au Niger vendredi)…

Depuis mon arrivée en septembre 2019, je n’ai jamais eu les joueurs pendant dix jours de suite pour travailler. Certains ont pris sur leurs congés pour participer à ce long rassemblement. Ils ont compris qu’on cherchait à travailler sur un fond de jeu. Les résultats des amicaux, je ne dirais pas qu’on s’en fiche puisqu’ils peuvent nous apporter des points au classement FIFA. Mais plutôt que la recherche d’un système de jeu et d’automatismes étaient prioritaires sur ce stage. On n’avait que 23 joueurs autorisés, question de budget, et j’ai fait en sorte que tous puissent bénéficier de temps de jeu, y compris des éléments qui n’en sont qu’aux prémices de leur carrière internationale.»

Propos recueillis par Frank Simon