Drenthe, du Real Madrid à la musique. (S. Boue/L'Equipe)

Drenthe, Emeghara, Guidetti... Ces pépites de l'Euro Espoirs qui n'ont pas confirmé

L'Euro Espoirs, qui débute ce mercredi, donne l'occasion de découvrir des talents en devenir qui profitent de la compétition pour afficher leurs promesses. Mais lors des récentes éditions, ils sont quelques-uns à avoir échoué quand est venu le temps de la confirmation. FF se penche sur cinq de ces déceptions.

Artem Milevskyi (Ukraine, 2006)

Si ce nom vous dit quelque chose, c'est surtout parce que vous vous remémorez cette panenka en pleine séance de tirs au but face à la Suisse lors de la Coupe du monde 2006, accompagnée d'une célébration doigt sur la bouche. Le garçon de 21 ans avait déjà beaucoup d'assurance et surtout beaucoup de talent, comme il l'avait montré lors de l'Euro Espoirs, quelques semaines plus tôt au Portugal. Buteur -déjà sur penalty- et passeur décisif lors du match d'ouverture face aux Pays-Bas (2-1), futurs vainqueurs, Artem Milevskyi qualifiait les Ukrainiens pour les quarts lors du dernier match de poule grâce à un but dans les derniers instants face au Danemark (2-1). Grand artisan du beau parcours ukrainien achevé en finale, le natif de Minsk, en Biélorussie, figurait dans l'équipe-type de la compétition, aux côtés de Klaas-Jan Huntelaar. Mais voilà, l'attaquant du Dynamo Kiev n'a jamais confirmé les immenses promesses de cet été 2006, qui restera comme le sommet de sa carrière. Annoncé comme le successeur légitime d'Andriy Shevchenko, Milevskyi a ensuite brillé par son irrégularité, peinant à se faire une place en sélection, au point d'honorer sa dernière cape au lendemain de l'Euro 2012, organisé à domicile. À seulement 27 ans.

Royston Drenthe (Pays-Bas, 2007)

Il est sans doute le plus connu de la liste, tant les espoirs qu'il a suscités se sont brutalement évaporés. Le gaucher du Feyenoord Rotterdam explose lors de l'Euro Espoirs 2007, que remportent une deuxième fois d'affilée les Pays-Bas, cette fois à domicile. Drenthe, qui avait débuté la compétition arrière gauche avant de finir un cran au-dessus, multiplie les fulgurances au point d'être nommé meilleur joueur du tournoi. Très courtisé, il rejoint à vingt ans le Real Madrid et marque pour son premier match au Santiago-Bernabeu.

Mais son temps de jeu diminue, au contraire de ses sorties nocturnes dans la capitale espagnole. Drenthe est contraint d'enchaîner les prêts guère fructueux (Hercules Alicante, Everton) avant de se perdre et de mettre un terme à sa carrière en 2019. Après une parenthèse dans le rap, Drenthe est revenu en Espagne cette année, au Real Murcie (D4). Mais à 33 ans, son bilan d'une sélection avec l'équipe première des Pays-Bas illustre le sentiment d'un beau gâchis.

Robert Acquafresca (Italie, 2009)

La Nazionale comptait beaucoup sur Mario Balotelli pour l'édition 2009, elle s'est finalement plus souvent reposée sur son compère de l'attaque Robert Acquafresca. Alors qu'il commence à se faire une place en Serie A à Cagliari, avec 24 buts en deux saisons, l'attaquant de 21 ans marque le pion décisif face à la Suède (2-1) et un doublé salvateur contre la Biélorussie (2-1) afin de qualifier l'Italie pour les demi-finales. La sélection transalpine ne va pas plus loin mais Acquafresca, deuxième meilleur buteur du tournoi, a vu sa cote monter au point de postuler à une sélection pour le Mondial sud-africain un an plus tard. Pourtant, l'Inter Milan, auquel il appartient, préfère miser sur l'Argentin Diego Milito. Acquafresca enchaîne alors les saisons sans relief au Genoa, à Bergame ou à Bologne avant de raccrocher les crampons en décembre dernier, quasiment dans l'anonymat.

Innocent Emeghara (Suisse, 2011)

Ses débuts canon à Lorient, avec deux buts lors de ses trois premières apparitions, avaient conforté sa dynamique avec le maillot suisse. Durant l'été 2011, l'attaquant d'origine nigériane, souvent décisif, contribue à l'excellent parcours de la Nati, finaliste du tournoi. Passeur décisif pour Xherdan Shaqiri face au Danemark (1-0), buteur lors du deuxième match de poules face à l'Islande (2-0), il obtient le penalty transformé par Admir Mehmedi face à la Biélorussie (3-0). Grand espoir du football suisse, sa détermination à participer aux Jeux Olympiques en 2012 contre l'avis de Christian Gourcuff lui coûte la confiance de l'entraîneur lorientais. Contraint de s'exporter à Sienne, Emeghara enchaîne ensuite les expériences exotiques, de Chypre à l'Azerbaïdjan. Plongé dans un quasi anonymat, il évolue aujourd'hui en deuxième division suisse, à 31 ans. Très loin des promesses initiales.

John Guidetti (Suède, 2015)

Le meilleur ami de Layvin Kurzawa, dont il avait reproduit la célébration façon salut militaire sourire aux lèvres un soir de barrage retour perdu par l'équipe de France (2-0, 1-4), a longtemps été considéré comme le plus grand espoir suédois depuis Zlatan Ibrahimovic. À la suite de cette qualification chèrement acquise face aux Bleuets, les Scandinaves arrivent lancés en République tchèque et piègent l'Italie dès le premier match grâce notamment à un but de renard de Guidetti (2-1). Premier buteur et auteur d'un excellent mouvement sur une autre réalisation lors du carton en demi-finales face au voisin danois (4-1), celui qui appartenait toujours à Manchester City inscrit le premier tir au but de la séance victorieuse en finale, contre le Portugal (0-0 a.p., 4 t.a.b. à 3). Ballon de bronze du tournoi, il a depuis définitivement quitté Manchester, sans marquer les esprits au Celta Vigo puis à Alavés. Aujourd'hui prêté à Hanovre, en deuxième division allemande, il a vu à 28 ans son avenir proche en sélection s'assombrir considérablement avec l'énième come-back de Zlatan Ibrahimovic.

Oscar Lippert