tchouameni (aurelien) (F.Porcu/L'Equipe)

Equipe de France Espoirs : «Young King», «Mauvais perdant», la NBA, l'Amérique... Aurélien «Tchouamso» Tchouaméni raconté par ses proches

2021 est décidément une sacrée année pour le Monégasque. Moteur incontournable de l'ASM de Niko Kovac, l'ancien Bordelais a découvert les Espoirs à l'Euro dernièrement et entre maintenant chez les A de Didier Deschamps. FF a appelé ses proches pour savoir qui se cache derrière Aurélien Tchouaméni.

Fernand Tchouaméni* : «Il regarde beaucoup Pogba et De Bruyne»
«Il a grandi avec un papa fan de sport et de foot en particulier. Je suivais le Marseille des années 1990 avec la Coupe d'Europe, puis la Coupe du monde 1998. J'ai joué jusqu'à 42 ans. Il m'a souvent suivi aux entraînements, je l'emmenais pour rester à côté et me voir jouer. Je suis pharmacien, directeur d'une usine de production de vaccins, sa maman est conseillère principale d'éducation. Aurélien est né à Rouen. J'ai beaucoup bougé par rapport à ma carrière professionnelle : j'ai commencé à Paris, puis Rouen, Dijon et Bordeaux. On est partis de Rouen quand il avait un an. On a rejoint Bordeaux en 2005 et je l'ai inscrit au foot quelques mois après notre arrivée. Il avait cinq ans et demi. A Bordeaux, il y a un tournoi pour les 6-7 ans où il a été exceptionnel. Je crois qu'il a été meilleur buteur. Parce qu'il faut savoir qu'Aurélien a commencé avant-centre. Très rapidement, j'avais les Girondins sur le dos. Et ce tous les ans. Mais j'ai toujours refusé, en me disant qu'il était d'abord là pour s'amuser. Jusqu'à ses 10-11 ans, pour moi, le foot, c'était un amusement.

Il est resté dans le club d'Artigues jusqu'à ses 10 ans. Il était très athlétique et marquait beaucoup de buts. Je me souviens de deux retournés, dont un lors du tournoi de Capbreton dans une finale entre Nantes et Bordeaux. Des idoles ? (Claude) Makelele et (Paul) Pogba quand il a commencé à grandir. C'est à 14-15 ans qu'on l'a mis au milieu de terrain, mais à un poste de numéro 10. En U18, il est descendu numéro 8, relayeur. Plus il grandissait, plus il avait une aisance technique et un physique. Il regarde beaucoup Pogba, (Kevin) De Bruyne et sa qualité de passe et de finition. Et (N'Golo) Kanté pour les courses. Il a beaucoup travaillé son foncier d'ailleurs, et ça commence à payer, il court en moyenne 12 kilomètres par match depuis quelque temps. Il n'a jamais fait une année pleine. Donc, là, c'est vraiment la première fois qu'il démarre la saison sans souci, avec un nouveau coach. C'est sa vraie première année. Il a aussi suivi une vraie préparation.

En ce moment, je ne sais pas ce qui lui arrive ! Il marche sur l'eau. Il y a des déclics comme ça... En décembre, on a eu une discussion où je l'ai un peu secoué. Sachez que depuis ses 5-6 ans, je débriefe tous ses matches avec lui. Il me trouve très exigeant. Il me dit que je ne serai pas content même s'il gagnait la Coupe du monde ou l'Euro. Je trouvais qu'il avait été très en-dedans entre septembre et octobre, il se contentait du minimum. Pendant les fêtes, je l'ai invité à passer deux heures avec moi, en tête à tête. Je lui ai dit que je ne le reconnaissais pas et qu'il était devenu un joueur banal. Il me le reproche encore en ce moment en me disant : "Voilà le joueur banal" (Il sourit). Je trouvais que ses efforts ne se voyaient pas. En sortie de cet entretien, il m'a dit : "Tu vas voir." Il est parti début janvier, et, depuis il ne s'arrête plus. Et il me le rappelle tous les week-ends : "Voilà celui que tu as traité de joueur banal." Je l'ai piqué un peu. Ce n'était pas méchant, mais je lui dis toujours les quatre vérités. Pendant longtemps, il se contentait de prendre et de donner, avec ce coté nonchalant où il ne se projettait pas toujours. Il jouait simple, facile. S'il continuait, il allait être un joueur normal. Donc il l'a gommé, il est tout le temps en mouvement.

Aurélien l'élève ? Très bon ! Avec une mère CPE, vous imaginez qu'il n'avait le droit à aucun écart... Un élève travailleur, avec un bac S. Il l'a obtenu en allant peut-être quatre-cinq mois au lycée cette année-là. C'est l'année où il a disputé la Coupe du monde U17 et où il a signé pro. Une année exceptionnelle ! Je me souviens que sa mère lui disait : "Ok, tu as signé pro, parfait. Mais je veux ton bac." Il arrivait à concilier les deux, il nous a surpris. L'équipe de France Espoirs est une belle récompense. Il a d'abord voulu être performant en club. C'est la cerise sur le gâteau, la récompense.» - T.C.
 
*Son père

Claude Dauvillier* : «On aimerait avoir que des Aurélien Tchouaméni»
«Aurélien a pris sa tout première licence à Artigues. Il est parti aux Girondins juste avant ses douze ans. Notre équipe U11 avait été jusqu'en phase finale de l'Academy Cup à Paris, en mars 2010. Sur notre route, on avait éliminé les Girondins sur un but d'Aurélien ! A partir de là, ils ont commencé à vraiment s'intéresser à lui. A Paris, on s'est retrouvé à jouer contre l'OL, le PSG, Lille. Et on s'est finalement fait sortir par l'OM. Tous les gamins en gardent un souvenir inoubliable. A l'époque notre équipe U11 cassait tout. Les Girondins sont venus nous voir pour cinq gamins, mais ils n'avaient qu'Aurélien dans le viseur. Ils en ont pris cinq pour faire plaisir aux copains et ça a servi d'arguments pour convaincre. Je ne voulais pas laisser partir du jour au lendemain le petit Aurélien. Donc je leur ai proposé, en entente avec les parents, à ce que les joueurs continuent d'être licenciés à Artigues et qu'ils aillent faire une séance d'entraînement hebdomadaire avec les Girondins. L'année suivante, Aurélien est entré dans l'école de formation des Girondins. C'était la meilleure solution pour qu'il puisse se lancer.

On connaissait vraiment la valeur du gamin. Aurélien avait une super vision du jeu, il était d'un calme incroyable, écoutait toujours ce qu'on lui disait à l'entraînement. Il a toujours été surclassé et, pourtant, il restait le meilleur. C'est un garçon qui assimile tout très vite. C'était un bijou de notre école de foot. Il était encadré comme il fallait. Ses parents étaient extraordinaires, ils lui maintenaient les pieds sur terre. Tout allait bien niveau familial donc tout suivait sur le plan sportif. A l'époque, je savais pertinemment que ce gamin y arriverait. J'en étais tellement convaincu que j'aurais été prêt à mettre des billets sur son avenir. Ça ne faisait aucun doute. Depuis qu'il est parti, il n'a jamais oublié le club d'Artigues. Quand on le sollicite, il répond toujours présent, avec beaucoup d'humilité. On aimerait avoir que des Aurélien Tchouaméni.» - Q.C.
 
*Président de son premier club, à Artigues-près-Bordeaux.

Jules Koundé (à gauche), avec Aurélien Tchouaméni juste derrière et Youssouf Sabaly (à droite) à l'époque des Girondins. (N.Luttiau/L'Equipe)

Jules Koundé* : «Maintenant, c'est lui qui bouscule les autres»
«Pour définir Aurélien, tout de suite, j'ai envie de dire compétiteur. A l'extrême. (Il sourit) Des fois, ça peut finir mal. Et je dis pas ça dans le sens d'en venir aux mains, mais il peut se vexer très facilement. C'est un très mauvais joueur, on l'est un peu tous, mais il est assez dans ce côté toujours envie de gagner et ne pas supporter de perdre, de se sentir un peu inférieur sur certaines choses. Au quotidien, dans le foot ou ailleurs, quand on joue au basket-ball, aux jeux vidéo ; même sans qu'il y ait de jeu, quand on se taquine et qu'il n'a pas toujours le dernier mot... Ce sont plein de choses comme ça. De cette envie de toujours vouloir gagner, de haïr la défaite vient forcément beaucoup de travail. A Bordeaux, il était surclassé d'une catégorie, puis d'une deuxième, il a toujours été grand, avec cette capacité à s'intégrer. Il est chambreur, il aime bien rire. Avec le groupe qu'on avait en U19, ça matchait bien, ç'a tout de suite collé. Avec le titre de champion de France U19 en symbole. C'est une de nos meilleures années, un de nos meilleurs moments foot. C'est même supérieur à certains moments chez les pros. Gagner, c'est toujours un sentiment top, mais quand tu le fais avec une bande de potes, c'est encore mieux.

Un surnom ? Il y a eu "Tchoutchou", sinon on l'appelle "Young King". On est fans de basket-ball. Cela faire un peu référence à LeBron (James). Et au-delà de ça, c'est aussi le fait de se dire qu'on veut arriver haut et que pour l'instant, on est au début. C'est un chemin à parcourir. C'est un process pour devenir le meilleur possible. Je suis très fier et très content de ce qu'il fait à Monaco. Je trouve qu'il a vraiment passé un cap dans l'utilisation du ballon. Il a toujours été très intense, avec un gros volume de jeu, c'est la base de son jeu, il récupère un nombre incalculable de ballons et fait énormément de courses. Je trouve qu'il s'est aussi amélioré dans sa dépense d'énergie, il court plus intelligemment. Il se place beaucoup mieux pour recevoir le ballon et c'est aussi mieux dans ce qu'il fait du ballon. Il a progressé sur ça, sur le fait d'être plus vertical, de faire des passes, pas risquées, mais un peu plus intéressantes pour aider son équipe à aller de l'avant. Il est au bon endroit au bon moment, il est entouré de bons joueurs et le système lui convient très bien. Il s'est aussi épaissi. Il reste toujours longiligne mais il est un peu plus costaud qu'avant. Il pouvait se faire un peu bousculer par le passé, maintenant, c'est lui qui bouscule les autres (Il sourit).» - T.C.
 
*Formé avec lui aux Girondins de Bordeaux et actuellement coéquipier en équipe de France Espoirs.

Enock Kwateng* : «Il n'a pas peur de parler aux anciens»
«Je ne suis pas surpris de son ascension et de sa saison à Monaco. C'est amplement mérité. Je suis content pour lui. Il aime travailler, il veut toujours aller chercher plus haut et sait où il veut aller. J'avais joué contre lui quand j'étais à Nantes : pour son très jeune âge, je l'avais trouvé très mature dans le jeu et très, très bon. Quand je suis venu à Bordeaux, j'ai vu ce caractère de leader. C'est un jeune... mais il n'est pas jeune. Il n'a pas peur de parler aux anciens. C'est pour ça aussi qu'il arrive à s'affirmer à Monaco. Il y a des grands joueurs comme (Wissam) Ben Yedder et il ne va pas se gêner pour lui dire les choses. C'est sa force, et on le respecte.

Dans le football, aujourd'hui, le caractère est très important. Ce qui m'a plu aussi chez lui, c'est son talent, et son feeling. Il m'a mis à l'aise quand je suis arrivé. On avait une belle complicité. Son surnom ? On le comparait à (Paul) Pogba. Il l'aime bien aussi et il y a quelques petites ressemblances. Je l'appelais Labile (NDLR : Référence au nom du champion du monde français : Paul Labile Pogba). Il veut avoir la même carrière que lui, voire meilleure, et il est en bonne voie. Un souvenir avec lui ? Le laser game ! En fait, Aurélien, c'est un très mauvais perdant. J'aimais bien le chambrer quand il perdait. On avait fait une après-midi entre amis là-bas. On ne faisait que de le tuer, il avait la rage (Il sourit). Il sait faire la part des choses. C'est un très bon joueur de FIFA aussi. Il me battait régulièrement j'avoue. Mais, aujourd'hui, ç'a un peu changé ! Il aime bien la NBA aussi, c'est un grand fan. Il a ce style-là : ce n'est pas un Français, c'est un Américain ! Il aime trop l'Amérique, les States, cette ambiance. Il écoute que des musiques américaines, il est dans ce mood-là.» - T.C.
 
*Son ancien coéquipier aux Girondins de Bordeaux.

Zaydou Youssouf (à gauche) et Aurélien Tchouaméni ont pu jouer quelques matches ensemble chez les pros à Bordeaux. (A.Mounic/L'Equipe)

Zaydou Youssouf* : «Le sirop de Tchouamso»
«Je l'ai connu quand j'avais 12 ans. Aurélien, c'est un chambreur, un ambianceur, un travailleur. On n'était pas très proches au début. Il a un an de moins que moi. Il a commencé à être surclassé, on s'est côtoyés de plus en plus. Au centre, dans sa chambre, il avait souvent du sirop à la grenadine ou à la fraise. Sauf qu'on n'avait pas le droit. Les gens venaient pour se servir. Les surveillants faisaient le tour des chambres pour voir si des jeunes avaient du Nutella, du jus ou autres. Aurélien, c'était le sirop. Au centre, on mange vers 19h30 et ça peut arriver d'avoir un petit creux jusqu'à 8h30 le lendemain matin. Comme on n'avait pas le droit aux gâteaux, le sirop amenait ce petit côté sucré, ça nous mettait bien dans la soirée. Et je n'ai pas souvenir qu'il se soit fait prendre ! Comme on dit : "Pas vu, pas pris !" Il avait plusieurs surnoms, dont "Tchouamso", ça sonnait bien.

Un jour, il était invité à faire un discours devant des enfants d'un stage de football. Souvent, ils demandent à un joueur de venir expliquer comment est le monde professionnel et autre. Et les enfants ont fait une chanson sur son nom de famille... mais il ne la trouvait pas bonne (Il sourit). Donc on se moquait. La chanson disait : "Tchoua, Tchoua, Tchouaméni." Dès qu'on lui chante, ça l'énerve un peu. Au centre, on ne s'ennuyait pas. On aimait bien jouer à la PlayStation aussi. Et c'est un très, très mauvais perdant. Un jour, je l'avais battu, et il avait sauté dans une piscine tout habillé tellement il était énervé d'avoir perdu. Il me disait que j'étais nul à FIFA. Donc le fait que je le batte, ça l'a fait chauffer et il fallait faire baisser la température. Sur le terrain, il est différent, on sent quelqu'un de très concentré. Le voir exploser aujourd'hui, c'est de la fierté, ça ne m'étonne pas tant que ça. Je connais sa famille, des personnes très humbles, très respectueuses. Ils lui ont donné des valeurs magnifiques. En ce moment, il explose et il garde toujours les pieds sur terre. Il arrive que certains jeunes prennent la grosse tête, lui, ce n'est pas le cas. Il sait ce qu'il a à faire, ce qu'il doit faire pour l'emmener le plus haut possible. J'ai toujours trouvé qu'il avait un bon profil pour la Premier League.» - T.C.
 
*Son ancien coéquipier aux Girondins de Bordeaux.

Gaëtan Poussin* : «C'est un Américain»
«J'ai fait tout le centre de formation avec lui. On a passé des bons moments inoubliables, notamment le titre de champion de France U19, puis la montée avec la CFA 2 et ses premiers pas en pros où j'étais là. A Bordeaux, on savait de quoi il était capable. Il a eu quelques blessures qui l'ont un peu retardé dans son évolution. Au final, il a voulu gravir les échelons un peu plus vite que tout le monde, à l'image de Jules (Koundé). Il se retrouve à Monaco et on voit que c'est un très bon joueur de Ligue 1 et qu'il va, je pense, aller encore plus haut. Je me souviens de ses débuts en pros, il était comme on le voit à Monaco, même si je trouve que, aujourd'hui, il est encore plus performant, encore plus en confiance. Il est capable de relancer, de récupérer beaucoup de ballons, et c'est un peu un chien malgré sa nonchalance : on a l'impression qu'il est nonchalant mais il court beaucoup !

C'est un peu un Américain dans sa tête. Quand on avait été à Washington, pour un stage, il avait été lancer la balle pour donner le coup d'envoi d'un match de base-ball, ça reflète bien sa personnalité. Il peut se lever la nuit pour regarder un match de NBA. Après, c'est un Américain, oui, mais ce n'est pas un bon joueur de basket-ball (Il rit), c'est un joueur moyen. Il est meilleur avec un ballon dans les pieds. C'est un très bon gars. C'est ça que je veux retenir de lui : il sait rigoler mais aussi être sérieux. Son départ à Monaco a été une belle étape. Quand il part, il a un peu d'appréhension, il va dans un grand club français avec beaucoup de moyens. Il a un peu galéré au début mais comme c'est un gros travailleur, il a montré qu'il pouvait jouer. Je savais qu'il était capable de faire ce qu'il fait à Monaco, mais aussi rapidement et avec encore plus d'aisance technique, je ne le pensais pas.» - T.C.
 
*Son ancien coéquipier au centre de formation des Girondins de Bordeaux.

Jonathan Kébé* : «Un cerveau qui veut comprendre le très haut niveau»
«Un mot pour le définir ? Cerveau. Il est hyper intelligent. Au départ, je pense que les gens avaient du mal à le juger par rapport à son profil physique. Quand tu le vois, tu penses que ça va être un Paul Pogba, il va dribbler, il va faire ci, il va faire ça, alors que pour moi c'est plutôt le style Thiago Motta ou Toni Kroos. Il utilise d'abord sa tête avant son corps. Dans sa vie de tous les jours, il sait exactement où il doit être, ce qu'il doit faire. Il a toujours un temps d'avance sur les autres. Ses parents l'ont éduqué à réfléchir avant d'agir. Son père est pharmacien et directeur d'une usine, il a une relation hyper fusionnelle avec son fils, il a fait un super boulot avec lui, car il l'a toujours fait beaucoup réfléchir. Quand tu parles avec lui, tu n'as pas l'impression de parler à un mec de 21 ans.

Le moment le plus difficile, et le seul, je pense, de sa carrière, ç'a été l'année dernière quand il est arrivé à Monaco. Passer des U17 aux pros à Bordeaux, cela a été hyper vite, il est tombé sur des coaches qui le connaissaient très bien et qui lui ont toujours fait confiance. A Monaco, quand tu arrives pour à peu près 20 millions d'euros en janvier, ce n'est pas une somme anodine. Il y a des maillots qui sont un petit peu plus lourds à porter que d'autres, tu as une autre pression. Son premier match est un peu difficile (NDLR : Le 1er février, lors d'un Nîmes-Monaco catastrophique pour l'ASM, battu 3-1 avec deux expulsions, Tchouaméni remplace Youssouf Fofana à dix-huit minutes du terme). Il entre en cours de jeu, il ne sait pas à quoi s'attendre et fait tout de suite une petite erreur qui le plombe. Cela ne faisait pas longtemps que le coach (NDLR : Robert Moreno) était là et il n'avait pas le temps de faire les essais avec lui et a vite pris la décision de ne pas le mettre titulaire maintenant. Ce qui est bien avec Aurélien, c'est qu'il est aussi intelligent que résiliant. Il a travaillé. Il avait une forme de nonchalance qu'il a gommé. Il a complètement changé son style de courses, sa manière d'aborder les matches... Après le confinement, à la reprise, il était différent. Cette saison, à l'aller, lors de Lille-Monaco, Aurélien avait branché Mike (Maignan, dont il est proche). Avec l'esprit de compétition, Mike n'en a pas besoin de beaucoup pour se surmotiver. Avant le match, il a été voir ses milieux de terrain pour leur dire : "Aurélien Tchouaméni, aujourd'hui, vous le détruisez." Au bout, Aurélien n'a pas existé, il s'est fait manger. Au retour (NDLR : 0-0, le 14 mars dernier), il a juste dit, "J'ai bien grandi et bien appris depuis", il avait un compte à régler, il l'a fait.

Sa nonchalance ? Quand tu ne le connais pas, tu as l'impression qu'il a une forme d'arrogance alors que c'est le mec le plus gentil, il est avenant. Quand tu le regardes, il a vraiment le morphotype du footballeur de sa génération avec un petit afro, grand, il marque tel un étalon : tu te dis qu'il se la raconte. Il est humble et juste rempli d'ambitions qu'il n'abandonnera pas tant qu'il n'aura pas atteint son objectif. Le dernier objectif fixé ? Être le meilleur milieu de terrain du Championnat de France. Il met le foot au centre de sa vie : il est organisé autour du ballon et ne fait rien d'autre. Il travaille avec un psychologue, un kiné, un ostéopathe, un préparateur physique, un chef cuisinier, un diététicien... C'est au centre de sa vie. Avant de mettre un canapé dans sa maison, on a d'abord fait une salle de sport. Ce que j'aime bien aussi avec lui, et c'est une chose que cette génération a du mal à faire, c'est qu'il va demander des conseils aux aînés. Il est capable d'aller voir (Cesc) Fabregas, de se poser avec lui, de lui demander comment ça se passait au Barça, qu'est-ce qui faisait qu'ils étaient plus forts que les autres avec l'Espagne... Il veut comprendre le très haut niveau. Une histoire hors terrain ? Je te réponds : "Deux boules vanille" (Il sourit). Tous les étés, on part à Los Angeles pour bosser. A chaque fois qu'on sort pour manger, tu peux aller dans n'importe quel restaurant, ils peuvent te proposer les meilleurs desserts du monde, lui, il va te dire : "Deux boules vanille." On l'appelle comme ça. C'est le seul dessert qu'il veut manger !» - T.C.
 
*Son agent.
 
Timothé Crépin (avec Quentin Coldefy)