Équipe de France : les dix dates marquantes du capitanat de Hugo Lloris

Comment rêver meilleur cadre que celui de Wembley pour porter pour la première fois avec l’équipe de France le brassard de capitaine ? Pour 19e sélection, Hugo Lloris béneficie de la confiance du nouveau sélectionneur Laurent Blanc pour être désigné capitaine. Pourtant tout n’avait pas été rose pour lui jusque-là. Un an plus tôt face à la Serbie, le gardien est expulsé alors qu’il dispute un de ses premiers matches avec les Bleus. Il prend également part au fiasco sud-africain, épisode pour lequel il ne sera pas tenu comme responsable. Pour sa première en tant que capitaine, l’équipe de France s’impose 2-1 lors d’un match amical face à l’Angleterre.

Régulièrement désigné capitaine avant d’entamer l’Euro 2012, Hugo Lloris endosse ce rôle pour de bon lors de la compétition. Opposé de nouveau à l’Angleterre pour le premier match des Bleus (1-1), Lloris arbore le brassard pour la première fois dans une grande compétition. Ce choix fait débat et sera fortement critiqué. Beaucoup voient en Lloris un choix par défaut dans une équipe de France en quête de rachat. Le gardien lyonnais est décrit comme timide, effacé et n’ayant pas la carrure pour incarner ce rôle de capitaine. Le gardien se décrit lui-même comme quelqu’un de réservé mais au service des autres. Ses coéquipiers s’accordent pour dire que malgré son caractère, Hugo Lloris fait un très bon capitaine, respecté par tout le groupe, qui sait dialoguer et se faire entendre sur le terrain. Lors de la défaite contre la Suède en face de groupes (0-2), Lloris surnage dans une équipe de France qui inquiète et vient rassurer tout le monde quant à sa capacité à porter le brassard.

Laurent Blanc est remercié suite à l’élimination des Bleus contre l’Espagne en quarts de finale (0-2). Didier Deschamps le remplace. A plusieurs reprises, l’ancien entraîneur avait fortement évoqué la possibilité de nommer un nouveau capitaine à la suite de l’Euro 2012. De plus, le nouveau gardien de Tottenham est alors barré en club par Brad Friedel. Malgré tout, Deschamps ne change rien et nomme Hugo Lloris comme capitaine pour sa première à la tête de l’équipe de France. Un match amical face à l’Uruguay qui se soldera par un triste 0-0. Didier Deschamps avait indiqué que le capitaine de ce match face à la Celeste ne serait pas forcément le détenteur définitif du brassard, même s’il voulait trouver de la continuité dans ce rôle. Satisfait, DD fera finalement de Hugo Lloris son capitaine emblématique.

Toujours en course pour une qualification directe à la Coupe du monde 2014, l’équipe de France doit s’imposer face à la Biélorussie. Durant cette phase de qualifications, les Bleus avaient obtenu un match nul (1-1) dans le temps additionnel contre une Roja alors championne du monde et d’Europe en titre, notamment grâce à un penalty arrêté par Hugo Lloris. Malgré une victoire 4-2 contre les Biélorusses, la performance du gardien ne rassure pas. Il réalise sans doute ce qui reste jusqu’à aujourd’hui sa pire performance en bleu, avec deux grosses fautes de main qui permettent à l’adversaire de mener par deux fois. L’ancien Niçois ne se cherchera pas d’excuses et assumera ses deux erreurs. En réalité, Hugo Lloris souffrait pendant le match d’une gastro-entérite, une révélation qui a fait grand bruit autour de l’équipe de France, des choix de Didier Deschamps et de la hiérarchie dans le vestiaire. Secoués, les deux hommes ne flanchent pas. Le sélectionneur continue d’affirmer que son gardien restera capitaine.

Pour beaucoup, ce match face à l’Ukraine reste celui qui a créé une équipe et relancé la dynamique de l’équipe de France. Hugo Lloris l’affirme lui-même, «cette rencontre nous a donné un élan positif pour la suite». Blessé à la tête avec Tottenham quelques jours auparavant, la présence de Lloris pour le match aller n’est pas garantie. Didier Deschamps affirme pourtant que son gardien va bien et qu’il pourra tenir sa place alors que ce genre de blessure peut nécessiter plusieurs semaines de repos. Battus lors du barrage aller 2-0, les Bleus sont critiqués et avancent avec un pied au bord du vide. Mais Lloris est déjà un cadre du vestiaire et a su remobiliser ses troupes en attendant le match retour. Le Stade de France vit alors une des soirées les plus folles qu’ont connu les Bleus sous Deschamps. Une victoire 3-0 envoie les Bleus au Brésil. Tout est pardonné.

Deux ans après le mondial brésilien, le brassard est plus que jamais enroulé autour du bras de Hugo Lloris. Suite à une phase de groupes poussive pour débuter l’Euro 2016 à domicile, les Bleus retrouvent l’Irlande à Lyon en huitièmes de finale. Après un début de match catastrophique où Lloris ne peut empêcher Robbie Brady d’ouvrir le score sur penalty, il est ensuite déterminant dans le succès 2-1 de la France. La vidéo du gardien poussant un énorme coup de gueule à la mi-temps dans les vestiaires a fait le tour des réseaux, bien loin du capitaine timide et réservé de ses débuts. Au-delà de la performance, Lloris bat là un record. En disputant son 55e matches avec le brassard de capitaine, il dépasse alors Didier Deschamps au nombre de capitanats. Un chiffre qui continue encore de grimper aujourd’hui.

Après avoir tranquillement triomphé de l’Islande en quarts de finale (5-2), les Bleus retrouvent le Vélodrome pour y défier l’Allemagne, grande favorite de la compétition et championne du monde en titre. Face à la Nationalmannschaft, Hugo Lloris délivre son match le plus impressionnant avec l’équipe de France jusque-là. La France s’impose 2-0 avec un doublé d’Antoine Griezmann. Et si devant l’attaquant se montre décisif, son gardien l’est tout autant de l’autre côté du terrain. L’Allemagne domine et se procure des occasions mais ne peut rien face à un Lloris impérial. Il réalise au total six parades, dont une somptueuse en fin de match sur une tête de Joshua Kimmich qui intervient comme point d’exclamation de sa performance. Touché en finale, il ne pourra rien sur le but d’Eder en prolongation.

Tandis que les Bleus se dirigent vers un match nul décevant en Suède, Lloris sort de ses buts et relance directement le ballon sur Ola Toivonen. L’ancien Rennais ne se fait pas prier et envoie le ballon au fond des filets directement depuis la ligne médiane (2-1). Sale soirée pour le portier des Bleus qui offre sur un plateau la première place aux Suédois quatre matches avant la fin des phases de qualifications à la Coupe du monde 2018. Une boulette désormais inhabituelle, c’est sa première en équipe de France depuis le match face à la Biélorussie en 2013. Comme à son habitude, le gardien ne se cache pas et assume son erreur : «Il y a parfois des erreurs, aujourd’hui ça me tombe dessus. Il n’y a pas de problème, je l’assume totalement. Le seul regret que j’ai, c’est que ça a un impact sur le résultat». Malgré la défaite, ses coéquipiers ne se défilent pas non plus et n’accablent pas leur gardien. «Tout le monde l’a soutenu. C’est dommage, parce que vraiment il ne le mérite pas. Mais il nous a sauvés tellement de fois qu’il avait le droit de griller un petit joker», dira Antoine Griezmann. Les Bleus iront finalement chercher la qualification grâce à trois victoires lors des quatres derniers matches. Cet épisode aura au moins eu le mérite de montrer à quel point les joueurs de l’équipe de France sont soudés autour de leur capitaine.

Si tout le monde se rappelle de l’erreur de Hugo Lloris qui a relancé la Croatie pendant la finale de la Coupe du monde, personne n’est censé avoir oublié la compétition héroïque du gardien de l’équipe de France. Déjà décisif face à l’Australie et le Pérou pour lancer les Bleus et assurer une qualification, Lloris récidive face à l’Uruguay avant de mettre un point d’exclamation face à la Belgique. Cette rencontre est le symbole d’un gardien au sommet de son art, décisif dans les moments cruciaux. Ses arrêts face à Toby Alderweireld ou Axel Witsel sont encore dans les mémoires et permettent aux Bleus de rallier la finale. Tout au long de la compétition, le rôle du gardien des Spurs dans les vestiaires est déterminant, tout comme celui de guide sur le terrain. Le match face à la Belgique est une délivrance, une sorte de consécration avant l’heure pour Hugo Lloris et les Français.

Comme l’histoire est belle, sa centième rencontre avec le brassard des Bleus, face au Pays de Galles, s’est déroulée chez lui, à Nice, la ville où il a grandi et où il a effectué ses débuts. Avant le match, Hugo Lloris est revenu en conférence de presse sur ce chiffre rond, lui qui dépassait également Thierry Henry au nombre de sélections (124). «Cela n'a jamais été un objectif d'être capitaine et je suis reconnaissant de cette confiance accordée par Laurent Blanc puis Didier Deschamps. Je n'ai jamais joué pour les chiffres. Je ne me fixe pas de limite. La réalité, c'est que j'approche de la fin de ma carrière même si j'ai encore envie de performer au plus haut niveau. C'est difficile d'envisager plus loin que cet Euro mais j'ai la volonté de continuer avec les Bleus.» S’il ne chasse pas les records, Hugo Lloris tentera avec les Bleus de chasser un nouveau titre international. Un titre qui le ferait rentrer toujours plus dans la légende de l’équipe de France.