zidane (zinedine) (FABLET/L'Equipe)

Equipe de France : Petites et grandes histoires des débuts des Bleus lors des grandes compétitions

Mardi, la France a rendez-vous avec l'Allemagne pour débuter son Euro. Une entrée en matière face à un grand nom du football européen, c'est assez rare pour être souligné. A cette occasion, FF retrace les débuts des Bleus dans les grandes compétitions depuis 1984.

Que ce soit lors de campagnes victorieuses ou à l’orée de grands fiascos, l’équipe de France a souvent eu un mal fou à bien rentrer dans ses compétitions. Entre victoires étriquées, matches poussifs ou défaites d’entrée, les Bleus ont connu des fortunes diverses en ouverture d’Euro ou de Mondial. Mais, rassurons-nous, un début difficile n’est pas forcément synonyme de déroute par la suite. Face à un adversaire aussi prestigieux que l’Allemagne, première formation à croiser le fer avec Didier Deschamps et ses protégés, et en attendant de jouer le champion d’Europe en titre portugais toujours dans cette phase de groupes, l’équipe de France ne pourra se payer le luxe de ronronner lors des premiers jours de compétition comme ce fut bien souvent le cas par le passé. Entre véritables purges, scénario rocambolesque et buts mémorables, FF rembobine les petites et grandes histoires des débuts des Bleus lors des grandes échéances.

1984 : L'incipit de Platini, la colère d'Amoros

Le début d’une (très) belle histoire et un coup de boule. Voilà pour le résumé de ce France-Danemark, match d’ouverture de l’Euro 1984 organisé dans l'Hexagone. A domicile et après un Mondial réussi en Espagne (les Bleus ont échoué en demi-finales), l’objectif était clair : aller au bout. Beaucoup de pression pesait sur les hommes de Michel Hidalgo. Au Parc des Princes, devant plus de 47 000 spectateurs, les Tricolores ont eu du mal à se montrer dangereux face à une formation danoise accrocheuse. Ils s’en remettaient alors à leur duo d’animateurs offensifs formé par Alain Giresse et Michel Platini. Le Girondin était à l’origine du but du capitaine des Bleus à la 78e minute. Un but libérateur pour une équipe de France attendue au tournant comme jamais et qui parvenait à garder son avance jusqu’au bout. Et ce malgré l’expulsion en toute fin de match de Manuel Amoros, auteur d’un coup de tête sur Jesper Olsen après une vilaine faute. Un point noir qui n’aura finalement aucune incidence, la France avait parfaitement lancé son Euro, et Platoche marqué le premier de ses neuf buts de la compétition.

1998 : La belle entrée en matière

A Marseille, dans un Vélodrome plein à craquer, l’équipe de France a lavé tous les doutes qu’elle suscitait dans la presse en ouverture du Mondial. Dans ce qui était et sera pour toujours sa Coupe du Monde, la France n’a fait aucun cadeau à l’Afrique du Sud. La rencontre démarrait pourtant avec un coup dur avec la blessure de Stéphane Guivarc'h dès la 26e minute de jeu. Mais son remplaçant, Christophe Dugarry, ouvrait rapidement le score de la tête sur un corner de Zinédine Zidane (1-0, 34e). L’attaquant barcelonais se voyait même refuser logiquement un doublé pour une position de hors-jeu. Le break était finalement fait par un Sud-Africain. Pierre Issa détournait dans ses propres buts un tir de Youri Djorkaeff (2-0, 78e). Intenable sur son côté, le jeune Thierry Henry aggravait le score en fin de match (3-0, 90e). Son premier but en Bleu, le premier des 51 qu’il marquera par la suite. Belle soirée à Marseille, la France a parfaitement lancé son Mondial, et ce n’était que le début…

2000 : Les champions du monde déroulent

Champions du monde en titre et favoris désignés, les Bleus démarrent cet Euro 2000 en Belgique tambours battants et confirment leur statut face à une valeureuse équipe du Danemark. Les Danois étaient pourtant les premiers à allumer la mèche mais Fabien Barthez parvenait à deux reprises à sauver les siens. Laurent Blanc, en rodeur après une sortie de Peter Schmeichel dans les pieds de Nicolas Anelka, ouvrait le score dès la 16e minute (1-0). Après plusieurs situations chaudes, Thierry Henry faisait le break avec sa spéciale après un déboulé côté gauche (2-0, 65e). Puis dans les dernières secondes, Sylvain Wiltord venait clôturer le spectacle après un service parfait de Patrick Vieira (3-0, 90e). Comme deux ans auparavant, Deschamps et ses coéquipiers ont débuté par une démonstration. Et comme en 1998, la coupe sera soulevée par DD.

2002 : Les Bleus tombent de haut

France-Sénégal. A bien des égards, ce match reste historique. Cauchemar pour les Bleus, véritable rêve éveillé pour les Lions de la Teranga. Et pour cause, le Sénégal dispute sa première phase finale d’un Mondial et se paie le tenant du titre d’entrée (1-0) grâce à un but de Papa Bouba Diop à la demi-heure de jeu. Sans Zidane, blessé, mais avec trois meilleurs buteurs de leur Championnat (Thierry Henry, David Trezeguet et Djibril Cissé), les joueurs de Roger Lemerre se cassent les dents sur un bloc solide et discipliné, composé à majorité de joueurs évoluant en Ligue 1. Cette déconvenue marquait le début d’un court mais très pénible voyage en Corée du Sud, qui voyait les champions du monde en titre tomber de leur trône dès les phases de poules sans avoir inscrit le moindre but.

2004 : Zidane met l'Angleterre à genoux

Du suspense, un scénario dingue, «Calamity James» dans les buts anglais, un vomi et Zidane. Voici les mots-clés pour résumer cet affrontement entre la France et l’Angleterre à l’Estadio da Luz pour cet Euro 2004. Sur la pelouse, des légendes. Zinédine Zidane, Thierry Henry, Fabien Barthez côté bleu. Steven Gerrard, Michael Owen et David Beckham côté Three Lions, pour ne citer qu’eux. Les Bleus abordent la compétition dans un costume de tenant du titre, mais après avoir vécu un véritable fiasco deux ans auparavant lors du Mondial. Et les joueurs de Jacques Santini ne rassurent pas en ouverture. Menés au score dès la 38e minute et un but de Frank Lampard (1-0, 38e), l’équipe de France est proche du K-O lorsque David Beckham s’élance pour tirer un penalty. Fabien Barthez maintenait les siens à flot en choisissant le bon côté, le tournant du match au regard de la suite des événements. Tout se jouait dans le money-time et le héros national, une fois de plus, se nommait Zidane. Le double Z transformait d’abord un coup franc dangereux en tirant côté ouvert (1-1, 90e+1). Puis il se chargeait de tirer un penalty obtenu dans la foulée par Thierry Henry. Une grande bouffée d’air et un vomi plus tard et le numéro 10 français offrait la victoire aux siens (1-2, 90e+3) après un match raté renversé dans les arrêts de jeu.

2006 : L'épopée démarre timidement

C’est sous un beau soleil à Stuttgart qu’a démarré le Mondial allemand pour l’équipe de France. Malgré la présence de Zinédine Zidane, de retour pour une dernière parenthèse internationale, Franck Ribéry, petit nouveau du groupe France, et Thierry Henry sur le pré, les Bleus ne parvenaient pas à bousculer une équipe suisse très solide. Les Helvètes se montraient même les plus dangereux et touchaient le poteau de Fabien Barthez sur un ballon effleuré par le crâne de Philippe Senderos avant qu’Alexander Frei ne manque le cadre de près. Avant la pause, Ribéry entrait dans la surface et servait Henry en retrait. L’attaquant voyait sa frappe stoppée par la main de Patrick Müller sans pour autant qu’un penalty ne soit accordé. Malgré les tentatives de Daniel Gygax de la tête, puis de Frei de la main, aucun filet ne tremblait et les deux équipes repartaient dos à dos sans avoir marqué. La suite sera toute aussi laborieuse pour la sélection de Raymond Domenech avec un nouveau match nul face à la Corée du Sud (1-1), et une victoire décisive face au Togo (2-0) avant de nettement hausser le ton lors des matches à élimination directe. 

2008 : Le plus désespérant

Déçus, c’est l’unique mot qui vient à la bouche des supporters après l’entrée en matière de l’équipe de France dans cet Euro 2008, co-organisé par l’Autriche et la Suisse. Placés dans le groupe de la mort aux côtés des Pays-Bas, de l’Italie et de la Roumanie, les Bleus débutaient la compétition en affrontant l’adversaire supposé moins fort du groupe. Mais face à des Roumains solides, Florent Malouda et ses coéquipiers n’ont jamais su trouver la faille. Sans jus et sans idées, la France concédait un fâcheux match nul (0-0). Triste entame pour les vice-champions du monde, qui disputaient leur première compétition internationale sans leur maître à jouer Zinédine Zidane. Le résultat n’augurait rien de bon pour la suite, et la gifle reçue face aux Oranje (4-1) ainsi que la défaite face aux Italiens (2-0) confirmaient un déclin flagrant de la sélection de Raymond Domenech, sortie par la petite porte. 

2010 : Un triste nul avant le fiasco

L’équipe de France de Raymond Domenech se présentait à la Coupe du monde 2010 en Afrique du Sud avec beaucoup d’interrogations. Les Bleus avaient obtenu leur qualification à l’issue d’un barrage face à l’Irlande qui a fait scandale. Pour entamer cette campagne, Yoann Gourcuff et consorts affrontaient l’Uruguay de Diego Forlan. Dans le vacarme des vuvuzelas à Cape Town, aucun des 22 acteurs ne trouvait le chemin des filets (0-0). Sidney Govou manquait une opportunité en or en début de match, bien servi par Franck Ribéry. Gourcuff mettait à contribution Fernando Muslera sur coup franc, tandis que Forlan loupait le cadre dans la surface en deuxième période. Et puis plus rien, si ce n’est l’expulsion de Nicolas Lodeiro en fin de match. Un triste 0-0 qui marquait le début d’aventure diamétralement opposée pour les deux formations. La Celeste terminera 4e du Mondial, emmenée par un Forlan rayonnant élu meilleur joueur du tournoi. Pour les Bleus, l’escapade sud-africaine reste encore à ce jour le plus gros fiasco du football français avec une élimination dès les poules et le fameux épisode du bus de Knysna. 

2016 : Dimitri met des Payet dans nos vies

Pour débuter son Euro à domicile, l’équipe de France ne dérogeait pas à la tradition face à la Roumanie et fait ce qu’elle sait très bien faire : galérer. Pourtant, tout était réuni pour que les joueurs de Didier Deschamps abordent sereinement ce début de tournoi. Dans un stade de France plein à rabord, les Bleus affrontent des Roumains supposés moins forts. La première période difficile d'Hugo Lloris et de ses coéquipiers, trop tendus, rappelait à tout le monde à quel point un premier match d’une compétition, qui plus est à domicile, pouvait mettre la boule au ventre. Cette dernière disparaissait d’abord grâce à l’ouverture du score d’Olivier Giroud de la tête (1-0, 57e). Puis elle revenait lorsque Patrice Evra accrochait Nicolae Stanciu dans la surface et concédait un penalty. Bogdan Stancu transformait (1-1, 65e), les Roumains exultaient dans les tribunes, et la course contre la montre était lancée pour les Français. Le salut venait finalement du joueur le plus brillant de la rencontre : Dimitri Payet. Déjà passeur décisif sur l’ouverture du score, le Réunionnais envoyait un missile du pied gauche qui venait se loger dans la lucarne de Ciprian Tatarusanu (2-1, 89e). Le stade était en fusion, DD bondissait de son banc, et le héros, enseveli par ses coéquipiers, fondit en larmes. Il y avait de quoi, il venait de lancer l’Euro et l’engouement de toute une nation. 

2018 : Débuts laborieux et histoire de technologie

Si face à l’Australie pour son premier match du Mondial russe, les Bleus ne se sont pas noyés, ils ont tout de même dû ramer.  Sous une chaleur étouffante, et après une première période très pauvre, le match se faisait la vitrine de la technologie dans le football. Car pour la première fois de l’histoire de la Coupe du monde, l’assistance vidéo à l’arbitrage (VAR) a été utilisée lors de ce France - Australie. On retiendra que cette grande première a bénéficié aux Bleus, qui se voyaient obtenir un penalty par Antoine Griezmann. Ce dernier transformait et s’offrait son premier but lors d’un Mondial (1-0, 58e). Pas besoin de la VAR cinq minutes plus tard pour offrir un nouveau penalty, cette fois-ci à l’Australie pour une main idiote de Samuel Umtiti. Ce cadeau, converti par Mile Jedinak (1-1, 63e), mettait les vice-champions d’Europe dans une position bien délicate. L’entrée en jeu d’un Olivier Giroud strappé à la tête faisait du bien aux Bleus, l’attaquant remettait parfaitement dans la course de Paul Pogba qui, avec réussite, lobait le portier australien du pointu et avec l’aide de la barre (2-1, 81e). La montre de l’arbitre avait vibré, la goal line technology pointait le bout de son nez pour rappeler à quel point le football était devenu high-tech et les joueurs de Didier Deschamps, sans être brillants du tout et avec toutes les difficultés du monde, faisaient un premier pas vers la qualification et, sans encore le savoir, vers un sacre mondial.