FootballMagazine GFA Rumilly Vallieres le 3 Mai 2021 a VallieresFatsah Amghar (entraineur Rumilly Vallieres) (A.Reau/L'Equipe)

Fatsah Amghar (Rumilly-Vallières): «Des entraînements à 6h30 du matin...»

L'entraîneur de Rumilly-Vallières (N2) a su mener son équipe en demi-finale de la Coupe de France où elle affronte Monaco ce jeudi. La recette : travail pointu, esprit de groupe et sacrifices personnels.

«Quel sens donnez-vous à la présence de Rumilly-Vallières, promu en N2, en demi-finale de Coupe de France ?
C’est la preuve que les clubs de National 2, et même de N3, se sont ‘’professionnalisés’’ et travaillent de mieux en mieux. Que l’écart avec le monde pro se réduit de plus en plus. La Coupe de France donne une vitrine à Rumilly-Vallières et à tous les clubs amateurs. Même avec un effectif à 80% amateur, nous réussissons cet incroyable parcours et nous rappelons au grand public qu’un football de qualité existe loin du feu des projecteurs. Le National et le National 2 sont de véritables réservoirs pour le football pro. Dans ces deux divisions, il y a des recalés de centres de formation qui veulent rebondir et des profils atypiques qui peuvent viser plus haut. Dans notre effectif, deux-trois éléments ont ce profil.
 
Estimez-vous que le monde amateur a été maltraité par l’arrêt des Championnats ?
Je ne me prononce pas sur les raisons de la suspension des compétitions amateures. Le contexte sanitaire a contraint le gouvernement à prendre des décisions, c’est comme ça. J’aurais simplement aimé un peu plus de visibilité. Nos Championnats ont été arrêtés fin octobre 2020. S’en est suivie une période de chômage partiel puis une incertitude sur une reprise éventuelle. On nous a parlé d’une reprise en mars, on y a cru puis on a appris l’arrêt définitif de la saison. D’où une terrible déception. Ce flottement a été pénible à vivre pour tout le monde, il a entraîné des frais pour les clubs, des difficultés dans la gestion du mental et du physique des joueurs. Il aurait fallu une décision claire. Heureusement, nous, nous avions la Coupe.
 
Comment êtes-vous parvenu à garder l’effectif sous tension ?
J’ai décidé un arrêt total d’un mois, en novembre, histoire de se vider la tête dans ce contexte très particulier. Nous avons repris l’entraînement en décembre par une grosse préparation physique de quatre semaines. L’idée était de se préparer pour le tour de Coupe de France prévu le 7 février. Vu l’incertitude sur la reprise du Championnat, c’est devenu notre objectif principal… En raison des contraintes du couvre-feu, nous nous sommes même entraînés à plusieurs reprises à 6h30 du matin. Il faisait moins 5 degrés et il y avait un peu de neige sur le terrain. Les joueurs ont suivi, ils ont accepté les sacrifices. Beaucoup rejoignaient leur travail après la séance. L’amour du foot et la perspective de la Coupe de France leur ont permis de tenir. C’est cette préparation et cet état d’esprit qui ont conduit à la qualification contre Limonest (N3). Ce fut comme un déclic, ensuite, tout s’est enchaîné.

«Nous n'allons pas changer notre philosophie de jeu, ce serait suicidaire de bouleverser nos repères»

Votre joueur Dorian Michaud vous décrit comme «un professionnel chez les amateurs». Qu’en pensez-vous ?
Cela décrit bien ma vision et mon ambition. Je veux le meilleur pour mes joueurs, qu’ils s’entraînent à fond pour progresser, même si une grande majorité a un métier en dehors. Mes séances sont carrées, intenses, le plus diversifiées possibles. Entraîner en National 2 est déjà formidable pour moi, mais j’espère un jour me frotter à un niveau plus élevé, y compris Ligue 2 ou Ligue 1. J’ai l’intention de passer les diplômes nécessaires.
 
Réaliser un bon coup face à l’AS Monaco constituerait le meilleur coup de pub possible.
Le challenge est franchement énorme… Je reste réaliste. Nous sommes un club amateur et Monaco est un des grands clubs du pays. Mais je crois à notre chance de nous qualifier. J’ai mis en place une préparation la plus pointue possible en disséquant au moins quatre rencontres des Monégasques. Nous n’allons pas changer notre philosophie de jeu, ce serait suicidaire de bouleverser nos repères. Ce sera toujours un bloc-équipe compact où tout le monde participe à la récupération et a le souci de repartir de derrière à base de redoublement de passes. Nous avons des éléments créatifs derrière et des attaquants rapides. Ce sont nos atouts.»