konan (ghislain) (A.Reau/L'Equipe)

Ghislain Konan (Reims) : «Je regarde plus Titanic que le foot»

Au-delà de faire partager certains goûts cinématographiques, le latéral gauche du Stade de Reims revient avec sincérité sur une blessure au dos qui l'empêche encore de revenir à son top niveau. Tout en espérant finir cette saison en boulet de canon avec son équipe.

«Ghislain, en mai, vous terminerez votre troisième saison au Stade de Reims, déjà. Vous souvenez-vous de ce premier match à Nice, en 2018 (1-0) ?
Bien sûr, c'était mon premier match de Ligue 1. Depuis tout petit, on a tous rêvé de jouer là, donc je m'en rappelle très bien. On gagne 1-0, avec le but de Moussa Doumbia. On venait d'arriver au Stade de Reims, ç'a avait été une certaine émotion. Moussa et moi, on vient du même continent. On se parlait déjà beaucoup en préparation, et on s'est très vite adaptés tous les deux.
 
Très rapidement, le côté gauche devient une vraie arme pour votre équipe. Mais en janvier, vous êtes stoppé dans votre élan par une blessure au dos.
C'était quand on devait recevoir Nice, à Delaune. A l'hôtel, je me suis fait mal au dos, le jour du match. C'est venu progressivement. J'avais déjà ressenti cette douleur en novembre. On avait fait de la prévention, mais cela n'a pas suffi.
 
A ce moment, vous n'imaginez pas être éloigné des terrains pour sept mois.
Pas du tout. Je suis resté une semaine à l'hôpital, ensuite, je reçois la visite du docteur qui me dit qu'il faut que je me fasse opérer (NDLR : D'une hernie discale). Là, j'étais vraiment découragé. Un coup de massue. J'étais bien sur le terrain, je ne voulais pas abandonner mes coéquipiers. Du coup, ç'a été très, très, très dur pour moi. Ç'a été sept mois de galère, mais ça m'a permis aussi d'acquérir de l'expérience. Comme on dit, tout ce que fait Dieu est bon.

«Je vais retrouver mon niveau»

Aujourd'hui, deux ans après, ressentez-vous encore cette blessure ?
Pas trop, je vais dire. Les problèmes de dos, c'est vraiment délicat. Je la sens moins. Je travaille avec les kinés.
 
Vous aviez dit récemment que vous le sentirez toute votre vie.
Exactement. Quand je dis ça, c'est que les problèmes de dos peuvent surgir à n'importe quel moment. Vous restez assis deux ou trois heures et, en vous levant, vous ressentez une douleur.
 
On a en tout cas l'impression que ça vous handicape pour revenir vraiment au niveau de 2018... C'est le cas?
C'est la première blessure de ma carrière. Ça m'a beaucoup impacté. Voilà pourquoi je tarde à retrouver mon niveau. Mais, là, je sens que ça commence à aller mieux. Cette saison, je m'entraîne plus qu'il y a deux ans, ça veut dire que ce problème commence à aller mieux. Le Konan d'aujourd'hui et le Konan d'il y a deux ans, ce n'est pas pareil. Je continue à travailler, le coach, les coéquipiers et le club m'encouragent. J'ai la chance d'être aimé par les gens qui travaillent ici, qui me poussent, me motivent, me donnent des conseils. Avec ça, je vais retrouver mon niveau.

«Latéral gauche ? Un poste ingrat»

Comment appréciez-vous l'évolution de votre poste de latéral, à qui on demande toujours plus de monter en phase offensive ?
Ce poste n'est plus comme avant, comme un 3. Il évolue de jour en jour. Maintenant, les latéraux apportent beaucoup, beaucoup, beaucoup offensivement, ça permet de créer le surnombre pour déséquilibrer l'adversaire. J'aime ce poste. Même si je vous le dis : il n'est pas facile, il est ingrat. Il faut savoir gérer l'équilibre entre la défense et l'attaque... même s'il faut d'abord se dire qu'on est défenseur. Et dès que ce point est acquis, on peut se porter devant.
 
Vous êtes meilleur défenseur ou meilleur devant ?
J'aime jouer au ballon, donc je préfère être devant ! Mais au Stade de Reims, il faut d'abord bien défendre avant d'apporter offensivement.

«La fin de saison ? On n'a pas d'objectif fixe : il faut prendre chaque match comme une finale de Coupe du monde»

Dans la catégorie des latéraux, en Europe, lequel vous plaît le plus ?
Ça va vous étonner : je ne regarde pas assez de foot (pour répondre à cette question). Je regarde plus des films, comme le Titanic (Il sourit), pour être plus détendu. Mais je ne regarde pas que le Titanic ! C'est juste que c'est un film qui m'a marqué. Mais ne dites pas que je ne regarde pas le foot, c'est juste que je n'en regarde pas assez. J'aime bien le latéral gauche de Liverpool (NDLR : Andy Robertson).
Revenons sur le terrain et sur votre futur : personnellement, où vous situez-vous dans votre carrière ?
Tout le monde le sait : si je n'avais pas eu ma blessure, je serais peut-être loin de la France. Mon contrat se termine l'année prochaine. Je vais laisser mon agent faire. Je me concentre sur le foot.
Comptablement, Reims a pris un bon bol d'air en s'imposant à Nantes. Désormais, cette équipe ne doit-elle pas tenter de se lâcher?
Contre Nantes, la manière, on s'en foutait. Par exemple, à Metz (NDLR : 1-2, 4e journée), on avait tellement bien joué qu'on a fini par perdre. Il y a des matches où il ne faut pas calculer la manière, juste prendre les trois points. La victoire à Nantes va beaucoup nous aider pour les derniers matches. On ne va rien, rien, rien lâcher. Il ne faut pas oublier d'où on vient. En début de saison, on a beaucoup galéré. Là, on n'a pas d'objectif fixe : il faut prendre chaque match comme une finale de Coupe du monde.»