delaplace (jonathan) corchia (sebastien) (J.Prevost/L'Equipe)

Grandes et petites histoires du derby du Nord entre le LOSC et Lens depuis 2000

Sur la route du titre, le LOSC va croiser son rival de toujours, le RC Lens, ce vendredi soir. Un match capital aussi bien pour les Lillois que pour les Sang et Or, en course pour l'Europe. A l'occasion, FF vous replonge dans les plus beaux derbys du nord depuis 2000.

28,13  km. C'est la distance, à vol d'oiseau, qui sépare les villes de Lille et Lens. Une proximité géographique qui a naturellement donné naissance à l'une des plus belles rivalités de l'histoire du championnat de France. Un match à la saveur particulière pour les joueurs, un rendez-vous immanquable pour les supporters dont le principal enjeu est de savoir qui sera le roi du nord. En première division, le bilan est en faveur des Lillois, vainqueurs à 35 reprises en 93 confrontations (31 matches nuls). Si ce vendredi, le match aura un parfum d'Europe, cela n'a pas toujours été le cas et les batailles ont souvent eu une fin dramatique pour l'un des deux clubs. Retour sur les grandes et petites histoires d'un derby pas comme les autres.

24 septembre 2000, les grandes retrouvailles en Ligue 1

Grande effervescence dans le Nord-Pas-de-Calais. Lensois et Lillois se retrouvent enfin après quatre années sans s'affronter. Pour que les retrouvailles aient lieu, il a fallu remonter en Ligue 1 pour les Dogues après trois saisons passées dans l'antichambre. Devant les 19 000 spectateurs du stade Grimonprez-Jooris, la rencontre a livré son lot de suspense !  Les Sang et Or, favoris dans leur costume de dauphins, ouvraient rapidement le score par Philippe Brunel. Mais les Dogues, très timides et maintenus à flot par Grégory Wimbée lors du premier acte, allaient petit-à-petit se réveiller lors du second. Sans réellement se montrer dangereuses jusque-là, les offensives lilloises s'avéraient salvatrices en toute fin de match. Dagui Bakari reprenait un ballon dévié par Mikkel Beck et faisait exploser de joie les tribunes. En supériorité numérique après l'expulsion de Franck Queudrue, les Lillois poussaient et finissaient par faire plier une seconde fois la défense lensoise. Dans l'ultime minute, Laurent Peyrelade, fraîchement entré en jeu, fusillait Wimbée de près (2-1). Euphorie dans le stade, tout proche d'être refroidi dans la foulée par la reprise de Lamine Sakho qui venait mourir sur le poteau de Guillaume Warmuz. Après une fin de match absolument dantesque, les Lillois s'emparaient de la première manche de cette bataille régionale pour leur grand retour dans l'élite !

16 avril 2005, au bon souvenir de Nicolas Fauvergue

Les plus beaux derbys sont faits de petites histoires. Et celle de Nicolas Fauvergue fait indéniablement partie du derby du Nord. Après avoir intégré le centre de formation du RC Lens, le jeune attaquant se fait «jeter comme un malpropre» avant de finalement terminer son apprentissage chez le voisin lillois. Pied de nez total, c'est face aux Sang et Or qu'il inscrivait son premier but en professionnel. Et quel but important. Les deux rivaux étaient dos à dos à la suite des réalisations de Matt Moussilou et Jérôme Leroy. Un résultat qui ne faisait pas franchement les affaires des Dogues. Deuxièmes au coup d'envoi à égalité avec Marseille, Claude Puel et ses hommes lorgnaient sur la Ligue des champions. Mais c'était sans compter sur Fauvergue, qui pour sa sixième apparition sous le maillot rouge et blanc, reprenait le penalty manqué de Brunel, qu'il avait lui même provoqué, et ouvrait une voie royale aux siens vers la C1.

29 avril 2006, le dernier succès des Sang et Or

Cela fait maintenant quinze ans que le RC Lens n'a pas vaincu son rival en championnat, soit une éternité pour les supporters artésiens. Pour retrouver trace d'un succès racingmen face aux Lillois, il faut remonter à la 36e journée de l'édition 2005-2006 de la Ligue 1. Les deux formations coachées par Francis Gillot et Claude Puel étaient alors au coude-à-coude pour les places européennes. Dans un stade Bollaert volcanique, les Sang et Or faisaient le show lors du premier acte et rentraient aux vestiaires avec trois buts d'avance grâce à Olivier Thomert, Daniel Cousin et Seydou Keita. Malgré le chambrage de Bollaert, les Dogues se donnaient le droit d'espérer avec les réalisations de Peter Odemwingie et de Kader Keita. Mais entre-temps, Pierre-Alain Frau avait scellé la victoire lensoise (4-2). Dans un final électrique, Yohan Demont et Kevin Mirallas se faisaient expulser. Du spectacle, des tensions et de l'ambiance : cocktail gagnant pour un derby fou.

10 mai 2008, Lille condamne les Sang et Or

Choc des extrêmes pour ce 102e derby du Nord. Les deux rivaux avaient bien entendu coché la  37e journée du championnat d'une croix rouge en début de saison, sans toutefois se douter qu'elle s'avérerait aussi décisive. La pression était principalement sur les épaules des Lensois, hors de la zone rouge uniquement à la faveur d'une meilleure différence de buts que le PSG. Les Dogues quant à eux avaient les yeux rivés sur une cinquième place qualificative à la C3. Ils ouvraient le score juste avant la pause, assez logiquement, grâce à Yohan Cabaye. Malgré de meilleures intentions, les Sang et Or se faisaient punir par leur ancien attaquant, Pierre-Alain Frau. Et si Olivier Monterrubio transformait son penalty et offrait une fin de match indécise, jamais les Lensois ne parvenaient à recoller au score. Cette défaite plongeait les Lensois à la 18e place à seulement une journée du terme. Sans le savoir, ce soir-là, Lens disait au-revoir à la Ligue 1.

20 septembre 2009, les 43 secondes de Yohan Cabaye

Souvent entourés d'une atmosphère éruptive, les nerfs des joueurs sont mis à rude épreuve lors de cet affrontement si particulier. Parmi les nombreuses expulsions qu'a connues le derby ch'ti, celle de Yohan Cabaye reste mémorable. Entré en jeu à la 72e minute alors que son équipe était menée 1-0 à Bollaert après un but de Razak Boukari, le milieu de terrain ne restait finalement que 43 petites secondes sur le pré. Le temps de découper Samba Sow et de rentrer aux vestiaires. En dépit de cette infériorité numérique et malgré plusieurs penaltys non-sifflés en première période, la faute à un problème d'oreillette, les Dogues arrachaient le nul dans les ultimes secondes. Adil Rami profitait d'une mésentente entre Yohan Demont et Fabien Laurenti pour s'élever très haut et catapulter le ballon au fond des filets de la tête (1-1).

11 septembre 2010, Lens voit rouge, Gervinho et Frau jubilent

Match sous haute tension à Bollaert pour le compte de la 5e journée de Ligue 1. Les formations de Jean-Guy Wallemme et Rudi Garcia sont ex-aequo au classement avec 4 points. Et les tribunes allaient très rapidement se transformer en poudrière lorsque l'arbitre de la rencontre, Tony Chapron, expulsait Sébastien Roudet et Issam Jemaa. Le Tunisien, déjà averti pour une faute et à l'origine d'une grosse échauffourée avant la pause, écopait d'une deuxième biscotte pour avoir réclamé un carton. Pas du goût de certains supporters, qui jetaient des projectiles sur l'arbitre assistant de la rencontre. Sur le terrain, après avoir concédé l'ouverture du score par Gervinho et malgré les deux balles qu'ils s'étaient tiré dans le pied, les Lensois trouvaient les ressources pour égaliser grâce à une tête de Razak Boukari. Avant de complètement sombrer dans les dix dernières minutes du match. L'ancien Sang et Or Pierre-Alain Frau puis Gervinho s'offraient chacun un doublé pour infliger une véritable correction aux Artésiens(1-4).

7 décembre 2014, un derby ch'ti au Stade de France

En raison des travaux au stade Bollaert en vue de l'Euro 2016, le match est exceptionnellement délocalisé au Stade de France. Derby particulier donc, d'autant plus que le RC Lens se trouve en position de relégable à la 17e journée et est enlisé dans des problèmes financiers à cause de son propriétaire, Hafiz Mammadov. En s'imposant face à leur rival, les Lensois pouvaient les dépasser. Loin de l'ambiance de Bollaert et devant des tribunes à moitié pleines, les deux formations se quittaient dos-à-dos. Après l'ouverture du score d'Idrissa Gueye, la rencontre se jouait - une fois n'est pas coutume dans ce derby - dans les ultimes secondes. Adama Coulibaly sautait plus haut que Simon Kjaer et décroisait parfaitement sa tête pour arracher le nul (1-1). Un résultat qui ne faisait les affaires de personne et qui, surtout, nous rappelait que loin du nord, ce derby n'avait plus la même saveur.  

3 mai 2015, un derby pour du beurre

Les Lensois abordaient ce 110e derby nordiste dans la peau d'un condamné. Déjà officiellement relégués en Ligue 2, les Artésiens avaient à cœur de remporter le match pour apporter une mince éclaircie dans une saison bien calamiteuse. Mais au Stade Pierre Mauroy, qui accueillait l'événement pour la première fois, les Racingmen allaient connaître une nouvelle défaite, leur 21e de la saison. Pourtant, dans le sillage d'un très bon Rudy Riou, les visiteurs étaient les premiers à faire trembler les filets par Chavarria. Ambiance glaciale dans les tribunes lilloises. Mais les Dogues revenaient grâce à un penalty de Sofiane Boufal et prenaient les devants sur un but de Djibril Sidibé. Dans le temps additionnel, Divock Origi corsait l'addition pour enfoncer des Lensois déjà au fond du trou (3-1). « C'est désolant pour Lens » confiait l'entraîneur lillois René Girard après le match. Car si lui et ses hommes pouvaient encore rêver d'Europe, ils savaient déjà que la saison prochaine, le derby leur manquerait...

18 octobre 2020, retrouvailles parmi l'élite

L'arrêt des compétitions et la validation de la montée en Ligue 1 du RC Lens ont officialisé le retour du derby régional dans l'élite, après plus de cinq années d'absence. En dépit de l'absence des supporters en raison des restrictions sanitaires, les deux formations ne pouvaient rêver meilleur contexte sportif pour se retrouver. Après un démarrage en trombe, les deux équipes s'affrontaient pour prendre le fauteuil de leader du championnat. Un affrontement qui tournait très rapidement à l'avantage des Dogues. Guidé par Burak Yilmaz et Jonathan Bamba, tous deux buteurs, le LOSC roulait sur son rival. Jonathan Ikoné et Yusuf Yazici ajoutaient leur grain de sel (4-0) pour offrir, avec la manière, la première place du championnat et rappeler, s'il s'en fallait, sa suprématie régionale.

7 mai 2021, un derby doublement décisif

«Priver Lille du titre, ce serait beau», voilà tout l'enjeu du match de ce vendredi, comme le résume parfaitement le milieu lensois Gaël Kakuta dans L'Equipe. A trois journées du terme, le Losc occupe toujours son fauteuil de leader avec une unité d'avance sur le PSG. Et hasard du calendrier, les Dogues retrouvent leur meilleur ennemi en plein sprint final. De leur côté les Sang et Or sont en course pour l'Europe et doivent impérativement gagner pour conserver leur cinquième place. Le match trotte déjà dans les têtes des supporters depuis plusieurs semaines comme le montrent les banderoles lensoises : «J-12, faites de vous des héros. Éclatez-les !». Le derby est lancé, et il s'annonce aussi décisif qu'électrique.

Corentin Richard