kounde (jules) (F.Faugere/L'Equipe)

Jules Koundé : «Ma mère m'a éduqué à parler librement des choses qui me touchent»

Présent en conférence de presse ce vendredi, Jules Koundé, en plus d'être bavard, a été très intéressant à écouter sur sa carrière, son arrivée en Bleus, sa personnalité et bien d'autres sujets. FF vous raconte.

Son intégration chez les A
«C'est un grand honneur d'être ici, je suis très content d'arriver dans ce groupe. L'intégration se passe plutôt bien. C'est un groupe assez ouvert, assez facile d'accès. Je me suis tout de suite mis dans le travail. Les séances vont commencer à s'enchaîner. Je vais essayer de faire du mieux possible pour me mettre rapidement au niveau et apporter ce que je peux à ce groupe (...) J'ai essayé de rester moi-même, de discuter un peu avec tout le monde. Je connais bien Wissam (Ben Yedder) puisque je l'ai côtoyé en pré-saison à Séville, mais aussi Mike Maignan, on a le même agent. Ce sont ces deux joueurs que je connais le plus, avec qui j'échange le plus.»
 
Une appréhension avant le premier entraînement ?
«Une peur, non. Je pense que si j'ai été appelé, c'est parce que je le mérite, que le coach me fait assez confiance et pense que j'ai les capacités pour évoluer dans ce groupe. J'y suis allé avec beaucoup de naturel, en essayant de jouer mon jeu, de ne pas trop me faire des noeuds dans la tête. Il y a une petite période d'adaptation, mais je vais faire en sorte qu'elle soit la plus courte possible pour m'intégrer rapidement et montrer que j'ai des qualités, que je peux aider.»
 
23 places sur la feuille de match à l'Euro pour 26 joueurs
«Ça fait partie du jeu. On sait qu'il y aura trois joueurs qui ne seront pas sur la feuille de match à chaque fois. J'essaie de ne pas trop y penser, de vivre le moment présent, de prendre du plaisir et surtout d'être très concentré sur ce que j'ai à faire aux entraînements pour pouvoir entrer dans cette liste. C'est mon objectif. Je suis quelqu'un d'assez ambitieux, je viens ici en ayant l'objectif de ne pas être en tribune. Le coach a des choix à faire et je les respecterai toujours.»

«Benzema ? On n'attend rien de plus de lui que d'être Karim Benzema»

Les A, un objectif à partir de quand ?
«C'est difficile de le dire. Je dirais peut-être quand je suis arrivé à Séville et que j'ai commencé à jouer de plus en plus, aussi avec l'arrivée de la Ligue des champions. Ça a toujours été quelque chose présent dans ma tête, même si ça a été plus ou moins lointain. J'y ai toujours cru, j'ai toujours travaillé pour. Avoir cet objectif en ligne de mire a fait que j'ai pu faire les performances que j'ai faites à Séville. Aussi grâce à ce club qui m'a beaucoup aidé et mes coéquipiers qui m'ont toujours poussé.»
 
Sa réaction lors de l'annonce de la liste
«J'étais de retour d'une balade avec mon oncle, en voiture. J'ai été surpris, un petit peu, mais très content de voir mon nom figurer parmi les 26.»
 
Son avis sur Karim Benzema et l'atmosphère autour de ce retour
«On est tous conscients du joueur qu'il est, de la carrière qu'il réalise et de ce qu'il peut apporter à l'équipe de France. Les attentes sont surtout du côté des journalistes, de l'extérieur. Ici, je pense qu'on n'attend rien de plus de lui que d'être Karim Benzema, celui qui marque des buts, qui fait bien jouer l'équipe, qui apporte à l'équipe comme il le fait au Real Madrid.»

Ce qui le sépare des titulaires chez les Bleus
«C'est difficile à expliquer. C'est l'expérience. Ce sont des joueurs qui ont un passé fort avec l'équipe de France, qui ont déjà remporté la Coupe du monde, qui ont une grosse expérience en Ligue des champions, ce qui n'est pas encore mon cas puisque j'ai seulement joué ma première campagne en Ligue des champions cette saison. C'est aussi la confiance et la connaissance du très haut niveau. Mon objectif, c'est d'atteindre ce niveau-là, mais ça viendra avec le temps.»
 
Sa saison à Séville et sa progression
«Physiquement, je me sens bien. J'ai eu une petite baisse de régime à un moment donné, ce qui est normal avec l'enchaînement des matches. Aujourd'hui, je me sens bien, j'ai bien récupéré. Sur le plan mental, tout va très bien. Cette année, j'ai beaucoup progressé sur ma concentration, sur le fait d'essayer de limiter les petits déchets à la relance, dans les placements. Mëme s'il y a encore du travail. C'est cet aspect que j'ai le plus amélioré, c'est essentiel à mon poste. Il y a aussi dans la communication avec mes partenaires, pour les guider le mieux possible parce que c'est à mon poste qu'on a quasiment la meilleure vision.»
 
Sa polyvalence en défense
«C'est vrai que mon poste principal est défenseur central, mais j'ai été amené à jouer à droite plusieurs fois au cours des dernières années avec le FC Séville ou avec Bordeaux. Un poste auquel je joue quand on me le demande. Mon poste de prédilection et que je préfère, c'est défenseur central. Je reste à la disposition du coach s'il a besoin de moi, à droite, même à gauche même si j'y ai joué très peu de fois, ce n'est pas évident pour moi. Si je suis amené à le faire, je ferais du mieux que je peux.»

«Sergio Ramos ? On est des joueurs différents et, pour l'instant, je ne suis qu'à mes débuts et très loin de son niveau.»

Sa chanson pour son bizutage et sa personnalité
«J'ai chanté un morceau de rap de l'artiste Dinos. "93 mesures", issu de son dernier album. Je suis un grand fan de rap. Je dirais que je suis un défenseur agressif, avec une bonne vision du jeu et une bonne qualité technique. Quelqu'un qui sait aussi leader par la voix quand il faut, que ce soit sur le terrain mais aussi dans le vestiaire. Je suis quelqu'un de très ambitieux, qui a toujours envie de faire sorte d'apporter le maximum pour que l'équipe gagne.»
 
Son avis sur Youssoupha et l'hymne
«Youssoupha est un artiste que j'aime bien, je trouve qu'il a de très belles lyrics. Ceux qui connaissent et qui sont amateurs de rap pourront certifier qu'il a de jolis textes, avec des paroles qui ont du sens. L'hymne, je l'ai plutôt apprécié, ce n'est pas quelque chose dont on discute forcément entre nous. La polémique ? Je préfère ne pas rentrer là-dedans.»
 
Son engagement dans différents sujets sociétaux
«Ça vient de mon éducation. Ma mère m'a éduqué à être ouvert et à pouvoir parler librement des choses qui me concernent, qui me touchent. Je ne me sens pas comme quelqu'un d'engagé, j'essaie juste de partager ce que je ressens, ce qui me touche. Et si ça peut toucher d'autres gens ou aider à faire avancer certaines choses, c'est avec plaisir. Mais je ne vois pas ça comme un fardeau ou comme quelque chose que je me sens obligé de faire. Je le fais quand j'en ai envie, en essayant de le faire de la manière la plus intelligente possible.»

«Je serai peut-être amené à changer de club cet été»

Ses qualités offensives 
«Mes qualités offensives ont été développées au centre de formation où j'ai souvent eu des entraîneurs qui aimaient bien que leurs défenseurs centraux ressortent avec la balle et soient à la base du jeu. Forcément, ça m'a aidé. En tant que défenseur, on aime bien attaquer, on a toujours ce petit côté en nous. Mais ça a été développé grâce à mes différents entraîneurs, encore au FC Séville où le coach Lopetegui me demande d'apporter offensivement, tout en n'oubliant pas que ma tâche première est de bien défendre et que l'équipe concède le moins d'occasions. C'est quelque chose qui fait partie intégrante de mon jeu et que j'aime.»
 
Sur la comparaison avec Sergio Ramos
«Ça fait plaisir. Sergio Ramos est un très grand joueur, qui a tout gagné. Ce sont les journalistes qui aiment bien comparer. On est des joueurs différents et, pour l'instant, je ne suis qu'à mes débuts et très loin de son niveau.»
 
Son avenir
«Je serai peut-être amené à changer cet été. Rien n'est acté, je n'ai rien décidé. Mon objectif est, un jour, d'évoluer dans un grand club pour essayer de toujours progresser, de gagner des trophées. Pouvoir chaque année commencer la saison en se disant que l'objectif est de gagner tel ou tel trophée. Pour l'instant, ce n'est pas l'actualité.»

«Youssoupha est un artiste que j'aime bien, je trouve qu'il a de très belles lyrics. Ceux qui connaissent et qui sont amateurs de rap pourront certifier qu'il a de jolis textes, avec des paroles qui ont du sens.»

«On a un peu manqué de respect aux supporters de Bordeaux»

Les JO cet été, encore possibles ?
«C'est une compétition que j'aimerais disputer. Je suis au courant que ça va être compliqué en disputant l'Euro, parce que le timing est très serré. La seule compétition qu'il y a dans ma tête, pour l'instant, c'est l'Euro. J'espère qu'on ira le plus loin possible. Si ça me permet de jouer les Jeux Olympiques, tant mieux, si ce n'est pas le cas, il faudra laisser la place. C'est une compétition qui fait rêver beaucoup d'athlètes, et peut-être encore plus les footballeurs. On a l'opportunité qu'une seule fois dans une carrière de pouvoir les jouer.»
 
Son regard sur les Girondins de Bordeaux
«C'est difficile. Ça fait déjà quelques années, même quand j'y étais, que les Girondins vivent une situation délicate, instable, avec beaucoup de changements d'entraîneurs, un changement d'actionnaire qui a été compliqué. Des mauvaises décisions, des maladresses, notamment vis-à-vis des supporters à qui, je pense, on a un peu manqué de respect, qu'on a du moins pas assez considérés alors qu'ils sont une part importante du club. Sur le plan sportif, ça a été difficile mais ils ont fait l'essentiel sur les deux derniers matches pour pouvoir maintenir ce magnifique club en Ligue 1. J'espère que la suite, les années qui viendront seront un peu plus stables pour permettre à l'équipe d'évoluer dans de meilleures conditions. Je l'ai aussi vécu, dans un moindre degré, et ce n'est jamais possible de performer, d'avoir la tête uniquement au foot quand les à-côtés, l'environnement, la direction du club ne sont pas stables. Je les suis de près, je leur souhaite juste le meilleur.»
 
Des matches très marquants cette saison
«Les moments qui m'ont le plus forgé, ce sont mes débuts à Séville, qui n'ont pas été faciles. C'est surtout là où j'apprends le plus, dans des matches où tout ne se passe pas toujours très bien, où il y a des erreurs. Rebondir, savoir apprendre, écouter ce que peuvent me dire mes partenaires et mes coaches a été une de mes forces. Les erreurs arrivent à notre poste, le mieux est de savoir les analyser, savoir continuer à garder le cap et à jouer son jeu, tout en intégrant qu'il y a d'autres choses à faire pour éviter certaines erreurs. Sinon, bien évidemment, la finale de la Ligue Europa reste un moment spécial, comme à chaque grande victoire et chaque trophée glâné.»