Andrea Pirlo et ses joueurs défieront le Barça au Camp Nou mardi prochain. (Roberto Ramaccia/IPP/PRESSE SP/Presse Sports)

Juventus : quel bilan pour les débuts d'Andrea Pirlo sur le banc ?

Nommé entraîneur des Bianconeri cet été en remplacement de Maurizio Sarri, Andrea Pirlo vit des premiers mois délicats sur son banc. Au moment d'affronter le Torino dans le derby (18h), le coach italien peine toujours à trouver la bonne formule.

Il avait certainement rêvé à de meilleurs débuts. Arrivé cet été sur le banc de la Vieille Dame en remplacement de Maurizio Sarri après l’élimination en huitièmes de finale de Ligue des champions contre Lyon, Andrea Pirlo n’a pas encore convaincu les supporters bianconeri. S’il n’a toujours pas connu la défaite en Championnat, l’ex-capitaine de la Juve pointe néanmoins à la quatrième place de la Serie A, avec cinq matches nuls concédés. Un premier bilan comptable mitigé qui ne rassure pas la presse italienne : «Il n'a jamais été préparé. Jouer et entraîner sont deux choses complètement différentes, précise Alex Frosio, journaliste à la Gazzetta dello Sport. Pirlo a des objectifs technico-tactiques très ambitieux, je pourrais même dire contradictoires. Il dit par exemple qu'il s'inspire de Conte et Guardiola, deux entraîneurs opposés... Quatre mois ne suffisent pas pour mettre en place ce qu’il veut faire. Honnêtement, je ne pense pas qu'il ait beaucoup apporté pour l’instant et je ne pense pas non plus qu'il ait de grandes capacités de communication, mais je le dis d’un point de vue extérieur». 
 
Pourtant, Andrea Pirlo essaie d’apporter de la nouveauté chez les Bianconeri. A l’inverse de Sarri, il tente de mettre en place un style de jeu plus offensif avec de nombreux joueurs présents dans les trente derniers mètres. L’absence de Cristiano Ronaldo, longtemps positif au Covid-19, lui semble préjudiciable mais le jeu des Juventini parait encore trop pauvre par moment pour espérer dominer en Championnat et en Ligue des champions. La Vieille Dame a d’ailleurs connu quelques difficultés dans la plus prestigieuse des compétitions européennes, en perdant notamment à domicile contre le Barça (0-2). En cause, une défense de la Juventus pas encore au point en raison des blessures récurrentes, mais surtout un milieu de terrain turinois qui pose problème, et dont Andrea Pirlo n'est pas le seul responsable. «L’entrejeu est mal construit. Un investissement a été fait sur Federico Chiesa mais il aurait été préférable de dépenser sur un cadre de plus haut niveau, à l’image de Thiago Alcantara par exemple», poursuit Alex Frosio.

La construction délicate d'une nouvelle ère

Résultat, cette Juventus saison 2020-21 est illisible. Après une victoire plus que probante face à Cagliari le 21 novembre (2-0) dont on pouvait penser qu’elle servirait de référence, Andrea Pirlo et ses hommes n’ont pas su enchainer contre Benevento (1-1), comme trop souvent depuis la reprise. Un manque de continuité dans les performances qui se traduit également dans le choix du dispositif. Le Maestro tâtonne pour trouver la bonne formule. Après des débuts dans une défense à trois, il semble revenu à un schéma plus classique en 4-4-2. Ce système convient mieux à ses joueurs et à un duo Arthur-Rabiot complémentaire au milieu mais n’a pas réglé tous les soucis. «La Juve doit s’améliorer dans son collectif, souligne Luca Bianchin, journaliste qui suit la Vieille Dame au quotidien pour la Gazzetta. L’équipe doit trouver des solutions autres que Cristiano et Morata pour marquer et clore les rencontres le plus vite possible comme elle savait si bien le faire jusqu’en 2018. Pirlo parle de manque de personnalité et c’est exactement le souci. La Juve n’est plus la formation cruelle et cynique qu’elle pouvait être sous la direction de Massimiliano Allegri». 
 
Celui qui a obtenu son diplôme d’entraineur avec la deuxième meilleure moyenne de sa promotion fait également face à une réalité délicate : celle de la transition générationnelle. Pjanic parti à l’intersaison, Chiellini et Bonucci sur le déclin, la base de l’équipe qui avait atteint la finale de la Ligue des champions en 2015 et 2017 n’est plus présente et Pirlo se doit de mettre en place le collectif de demain. Pas évident dans le contexte actuel comme le confirme Luca Bianchin : «Sa principale difficulté, c’est de bâtir les fondations d’une nouvelle ère dans une saison folle où les matches s’enchaînent tous les trois jours, avec peu de séances d’entrainement. Depuis la reprise, les pépins physiques ne l’ont pas non plus aidé. De Ligt s’est blessé tout comme Alex Sandro et Chiellini, et Dybala n’est pas à son meilleur niveau», détaille-t-il. Des problèmes que comprennent les fans bianconeri qui restent tout de même exigeants. L’objectif d’un dixième Scudetto consécutif, un record en Italie, est dans toutes les têtes et les supporters n’entendent absolument pas passer à côté de cet exploit.