Karim Benzema - Mohamed Salah : duel d'attaquants au sommet en Ligue des champions

Cette saison, Benzema comme Salah se montrent d’une précision chirurgicale au moment de conclure les actions des leurs. En Championnat et en C1, les deux comptent respectivement 31 et 37 matches joués pour 23 buts inscrits. Coïncidence chiffrée : en plus d’avoir inscrit le même nombre de buts dans les deux principales compétitions de leur club, les deux attaquants cumulent exactement le même nombre d’Expected Goals (18,8). Statistiquement, Benzema et Salah surperforment à la finition depuis le début de la saison, et ont donc inscrit 4,2 buts de plus qu’attendu selon la qualité de leurs occasions. À Liverpool, l’Egyptien porte à bout de bras une attaque à la peine depuis le début de la saison, à l’image d’un Mané loin de ses standards. Contrairement au Madrilène, l’ancien de la Roma est le tireur de penalties de sa formation et compte déjà sept buts en sept tentatives dans ce registre. À Madrid, le Français a retrouvé un rôle de finisseur depuis le départ de Cristiano Ronaldo. Il est, de loin, le meilleur buteur de son club et surfe actuellement sur une dynamique impressionnante. Sur ses sept dernières rencontres avec le Real, Benzema a à chaque fois trouvé le chemin des filets et compte neuf pions sur la période. Difficile de faire mieux.

Au cœur des saisons laborieuses de Liverpool et, dans une moindre mesure, du Real, les deux joueurs sont plus que jamais les leaders d’attaque de leur collectif. Leur position avancée sur le terrain ne les empêche pas de cumuler presque 50 ballons joués par 90 minutes (49,8 ballons pour Salah et 48,9 pour Benzema). Un volume qui leur donne les munitions pour créer les décalages par le dribble ou la passe. Les deux attaquants affichent d’ailleurs le même équilibre dans leurs prises de décisions, puisqu’ils cumulent chacun un peu moins de 40 passes tentées toutes les 90 minutes (36,7 pour Salah et 38,7 pour Benzema). Inséparables, ils cumulent sensiblement le même nombre de passes clés (44 et 41) et de passes décisives (4 pour Salah et 6 pour Benzema) depuis le début de la saison. À lui seul, Salah a été décisif sur 27 des 65 buts des Reds en Premier League et en C1 cette année (41,5%). Benzema fait encore mieux en étant impliqué sur 43,9% des réalisations du Real (29 des 66 buts).

Au-delà de ces similitudes dans leur rendement offensif, les deux joueurs n’évoluent pas dans le même registre. D’abord du fait de leur positionnement sur le terrain. À la pointe du dispositif de Zidane, Benzema jouit d’une grande liberté mais reste globalement axial même s’il apprécie toujours amorcer des actions en s’excentrant à gauche. Vrai liant du collectif madrilène, il n’hésite pas à décrocher pour participer au jeu et touche presque autant de ballons en zone médiane que dans les 30 derniers mètres (21,1 touches au milieu de terrain par 90 minutes, contre 26,7 en zone offensive). Cette liberté de mouvement ne l’empêche pas de jouer un rôle beaucoup plus finisseur que Salah. Non seulement Benzema tente plus (121 tirs contre 100 pour l’Egyptien), mais il se montre aussi légèrement plus efficace (0,43 but par tir cadré contre 0,37). Depuis le début de l’année, il est décisif en moyenne à une reprise toutes les 90 minutes, en cumulant buts et passes décisives (impliqué sur 0,97 but toutes les 90 minutes). Les Reds sont prévenus, eux qui ont déjà encaissé quatre buts de Benzema sur leurs trois confrontations avec le Français.

Contrairement au Madrilène, Salah reste très fidèle à son positionnement sur le flanc droit de l’attaque de Liverpool, même s’il se montre capable de redescendre par séquence pour aider à faire remonter son bloc. Depuis son aile, il peut revenir sur son pied gauche pour rentrer au cœur du jeu. Aussi, il n’y a rien d’étonnant à voir un joueur excentré moins tenter sa chance qu’un numéro 9. En revanche, l’Egyptien, comme tous ses compères de l’attaque des Reds, joue un rôle essentiel dans le système défensif anglais. Premier élément du contre-pressing prôné par Klopp, il débauche bien plus d’énergie que l’ancien Lyonnais à la perte du ballon. Sur le plan statistique, le rapport va du simple au double. Quand Benzema a réalisé 212 pressings et 12 tacles depuis le début de saison, Salah a déjà cumulé 494 pressings et 28 tacles. Avec potentiellement des clients comme Marcelo ou Mendy dans son couloir, l’Egyptien ne devrait pas lever le pied ce mardi soir.