Kevin Strootman, en discussion avec son coach André Villas-Boas, pourrait aussi quitter le club olympien. (A. Réau/L'Équipe)

Kevin Strootman (Olympique de Marseille), le déclassement

Au coeur de sa troisième saison à Marseille, Kevin Strootman se retrouve relégué bien loin dans la hiérarchie d'André Villas-Boas. Avec un temps de jeu si dérisoire, le Néerlandais et son contrat ont tout l'air de fardeaux pour l'OM. Difficile d'imaginer un retour en grâce avec un tel retard.

20 janvier 2020, 20e journée de Ligue 1. Deuxième derrière le PSG, l’Olympique de Marseille se déplace à Rennes, troisième. Dans une rencontre décisive pour la qualification en Ligue des champions, les deux équipes sont longtemps dos à dos. Jusqu’à ce qu’un coup franc de Dimitri Payet ne s’écrase sur le poteau à la 84e minute. Rentré deux minutes plus tôt, Kevin Strootman a bien suivi et remet la balle au fond des filets. Marseille s’impose et ne sera plus rejoint. Dans la foulée, le Néerlandais enchaîne avec deux titularisations contre Granville en Coupe de France puis contre Angers en Championnat. Il ne le sait pas encore, mais c’est la dernière fois qu’il intègre deux fois de suite le onze d’André Villas-Boas.

Lire aussi :
- Toute l'actualité de la Ligue 1
- Le classement

Disparition soudaine

Alors que l’année 2020 touche à sa fin, force est de constater que le temps de jeu de Strootman a fondu comme neige au soleil ces derniers mois. Titulaire pour l’ouverture de la saison contre Brest (victoire 3-2 le 30 août), le milieu de terrain n’a plus démarré une seule rencontre depuis. Sur ces quatre premiers mois de la saison, l’international Oranje n’a passé que 142 minutes sur le pré toutes compétitions confondues avec l’OM. L’entraîneur olympien a même préféré le laisser cloué sur le banc lors de huit matches, dont la récente victoire contre Monaco. Une situation bien loin de ses deux premières saisons à Marseille. Arrivé de l’AS Rome à l’été 2018 contre 25 millions d’euros, Strootman avait disputé 28 rencontres dès sa première saison. Recruté par Rudi Garcia, il avait tout de même conservé sa place de titulaire malgré l’arrivée d’André Villas-Boas. Jusqu’à la mi saison 2019-20.

Kevin Strootman sur la pelouse du Nîmes Olympique. (P. Lahalle/L’Équipe)

Après avoir pris part à 25 matches l’an passé, le Néerlandais n’en a disputé que sept à l’approche de la trêve hivernale. Et il doit faire avec des miettes. Depuis sa titularisation contre Brest, il n’a dépassé les 15 minutes de jeu qu’à deux reprises (23 minutes contre le PSG en septembre et 16 minutes à Manchester la semaine dernière). Au milieu de terrain, il n’est plus que le sixième choix de Villas-Boas. Kamara est définitivement installé dans son rôle de 6, Rongier assure dans sa position de relayeur, tandis que Cuisance apporte une touche technique qu’aucun autre milieu marseillais ne possède. Derrière ce trio, Sanson est toujours dans la rotation alors que le jeune Gueye y gagne sa place lentement mais sûrement avec deux titularisations sur les deux dernières sorties.

Un poids à perdre ?

En conférence de presse après la précieuse victoire contre Monaco samedi dernier, Villas-Boas a officialisé le déclassement de Strootman dans son milieu de terrain : «C'est le secteur où il y a le plus de concurrence cette année. Tous sont incroyables. J'ai eu une conversation avec Kévin (Strootman) l'autre jour. Malheureusement pour lui, on a beaucoup de concurrence, a expliqué le coach marseillais avant de féliciter Gueye pour ses deux derniers matches. On attend beaucoup de Pape (Gueye), vous avez pu voir son match impressionnant à City. On avait laissé Cuisance au repos, donc on lui a maintenu notre confiance. Pape est entré à la place de Sanson, il a été extraordinaire. Il monte en puissance. Il peut être plus qu'un six, car il est très à l'aise en attaque. J'espère qu'il va continuer, mais on ne peut pas jouer avec cinq ou six milieux.»

Interrogés par L’Équipe début novembre, d’anciens joueurs de l’OM ne se sont pas fait prier pour allumer le Néerlandais. «C'est le plus lent de tous les milieux de terrain. C'est un poids plus qu'autre chose», a lâché Jean-Philippe Durand. Avant que Manuel Amoros ne renchérisse : «La complémentarité la plus intéressante au milieu, c’est Kamara accompagné de Rongier et Cuisance. Strootman ? C’est du passé.» Un constat cinglant des deux champions d’Europe 1993 sur une situation qui pose question et n’est pas appelée à durer. International à 45 reprises avec les Pays-Bas, Strootman ne devrait pas se contenter longtemps d’un temps de jeu aussi faible à seulement 30 ans. A l’inverse, l’OM ne devrait pas trouver un grand intérêt à conserver dans son effectif un élément inutilisé et qui lui coûte 500 000 euros mensuels, plus gros salaire du club. «On va essayer de se séparer de certains», a d’ailleurs annoncé Villas-Boas ce lundi au sujet du mercato hivernal. Comme un parfum de fin d’histoire…

Quentin Coldefy