Bahlouli

L'entretien immanquable avec Farès Bahlouli (FC Metal Kharkiv) : «Je veux me reconstruire»

Presque trois ans jour pour jour après son dernier match en L1, Farès Bahlouli a surpris tout le monde en rejoignant le FC Metal en D3 ukrainienne. Ses années à l'OL, ses échecs, son expérience avec Bielsa, l'attachement des supporters lyonnais, ses regrets, son rapport au football : le joueur de 25 ans a accepté de se confier à FF.

«On vous avait quitté l’an passé sur une expérience manquée au Sporting Club de Lyon (ex-Lyon Duchère). Qu’est ce qui n’a pas fonctionné ?
Je signe là-bas parce que Nicolas Gagneux (NDLR : actionnaire majoritaire du club) est quelqu’un d’ambitieux et d’investi. Il a une vision pour un club de ma ville. Mais très vite, je m’aperçois qu’il y a des personnes qui nuisent au projet. Ce n’est pas structuré, il y a des intérêts personnels qui passent avant tout. J’ai signé fin janvier, j’ai fait deux semaines de préparation et ensuite il y a eu la crise sanitaire qui a tout stoppé. Au final, je pense que c’était un mal pour un bien. Le projet fait envie, c’est un beau club, mais l’environnement n’est pas sain.
 
Vous venez d’arriver en Ukraine, en D3, et vous avez déjà marqué pour votre premier match (victoire 5-0 dimanche dernier contre le Dnipro Tcherkassy). Comment se passe votre intégration ?
Tout se passe bien. J’ai directement rejoint l’équipe en stage en Turquie pendant deux semaines. J’ai eu le temps de me familiariser avec tout le monde. Ils m’ont bien accueilli. Je suis en Ukraine depuis dix jours. Je m’acclimate petit à petit à la ville, aux infrastructures et au pays. Il y a la barrière de la langue mais ça va.

Ce n’est que la deuxième fois de votre carrière que vous vous retrouvez ailleurs qu’en France. 
C’est presque ma première fois parce qu’en Belgique (NDLR : Il avait été prêté six mois au Standard de Liège fin 2016), il n’y avait pas la barrière de la langue et j’étais proche de la France. Là, je me retrouve vraiment dans un endroit différent. Mais il n’y a pas de problème, je suis venu pour un but précis. Tant qu’on parle le même langage du football, moi, ça me va. 
 
Justement, quel était votre objectif en rejoignant le FC Metal ?
Je voulais réintégrer un groupe et avoir une équipe qui a confiance en moi. J’ai besoin de reprendre mes marques. Retrouver un groupe, l’ambiance d’un vestiaire, s'entraîner, enchaîner les matches : ça commençait à faire longtemps ! Je voulais travailler dans un cadre sain, c’est ce que j’ai trouvé ici.

«Je pensais être tranquille, loin des radars»

On imagine que vous avez suivi l’engouement et la commande de maillots qui ont suivi votre signature (NDLR : Sur Twitter, un supporter lyonnais a pris contact avec le président du FC Metal. L’initiative a débouché sur une commande groupée de plus de 800 maillots floqués "Bahlouli").
C’est incroyable… Au départ, je ne savais pas qu’il y avait cette initiative. Quand j’ai vu cet engouement incroyable, ça m’a fait chaud au cœur. C’est toujours gratifiant pour un joueur de voir des supporters qui ne t’ont pas oublié et qui croient toujours en toi. Je les remercie. Après, j’ai bien compris avec cette arrivée en Ukraine que, quoi que je fasse, je ferai toujours parler. Je pensais être tranquille, loin des radars. Jamais je ne pensais voir des articles tous les jours et autant de personnes qui m’envoient des messages.

Depuis vos années lyonnaises, on entend même parler de "bahloulisme". Qu’est-ce que c’est selon vous ?
Je n’y fais pas trop attention, mais c’est vrai qu’il y a une communauté qui me suit depuis plusieurs années. Avec l’éloignement, j’en entendais moins parler. Jusqu’à cette vente de maillots qui m’a permis de me rendre compte de tout ce monde derrière moi. Je pense que ce sont des personnes qui aiment le football simple, le beau football et le plaisir. Ils aiment voir des joueurs qui osent, qui prennent des risques pour faire le spectacle.

C’est quoi votre rapport au football ?
Je joue au football parce que c’est ma passion. C’est ce que j’aime faire. C’est devenu mon métier, mais c’est avant tout une joie. Toucher le ballon, retrouver des sensations, c’est ce que j’avais perdu ces dernières années et ce que je suis venu chercher ici. Je ne conçois pas le football sans ce plaisir et cet amusement sur le terrain. Bien sûr qu’il y a les consignes du coach, la physionomie du match, la tactique… Mais dans mon art, j’aime tenter des choses compliquées, me faire plaisir et faire plaisir aux autres. C’est comme ça que je conçois ce sport. Tous les grands joueurs qui ont marqué des générations et qui font vibrer des gens font de l’art.
 
Regardez-vous du football ?
En vérité pas trop. J’aime prendre mon ordinateur pour regarder des vidéos de gestes ou d’actions de grands joueurs. Mais c’est très rare que je me pose devant un match. J’adore jouer au football, mais pas le regarder. Avant un grand match, ma famille ou mes amis sont à fond. Moi, ça ne me procure aucune émotion. Je préfère me mettre au calme devant un film avec ma famille. Je mange du football toute l’année, je préfère me changer les idées.

«Dans mon art, j'aime tenter des choses compliquées, me faire plaisir et faire plaisir aux autres. C'est comme ça que je conçois ce sport.»

«Le football, un monde de requins»

Quel regard portez-vous sur votre parcours depuis votre premier contrat pro à l’OL ?
J’ai joué dans de supers clubs, avec de très bons coaches. J’ai fait beaucoup d’erreurs et j’ai aussi subi des injustices. J’ai appris de tout ça. Le monde du football est compliqué. C’est un monde de requins. Le football est le sport collectif le plus égoïste. Chacun pense d’abord à soi. Ce n’est pas la vision que je m’étais construite quand j’étais petit et que je voyais le football à la télé. A l’intérieur, tout est différent. Beaucoup d’enjeux financiers, de la pression… Bien sûr que ça fait partie du job, mais je n’étais pas prêt. Mais je ne regrette rien. Aujourd’hui, j’ai atteint une maturité qui fait que je ne vois plus les choses de la même façon.

Vous estimez que vous n’étiez pas prêt ?
J’étais naïf. A Lyon, on m’a vite exposé comme la nouvelle pépite du club. On m’a lancé tôt sans réellement m’y préparer (NDLR : Premier match en L1 en mai 2013, lors d'une défaite 0-1 face au PSG. Bahlouli venait de fêter ses 18 ans). Quand je suis devenu pro, je pensais que tout se jouait sur le terrain. Mais malheureusement, plein d’autres choses pèsent dans la balance. Par exemple : lors de ma première saison avec les pros, je fais le stage à Tignes et tout se passe bien. Physiquement, je suis au top, à l’entraînement je m’amuse, je suis sûr de mes qualités. Je suis bien pendant les matches amicaux et j’ai du temps de jeu en début de saison. Puis je pars en équipe de France Espoirs. A mon retour, on me met en réserve… On vient m’expliquer que je rigolais dans le bus après une défaite à Evian (1-2, le 31 août 2013). Quelque temps après, j’apprends qu’il fallait en fait réintégrer Bafétimbi Gomis et Jimmy Briand. Le club ne voulait plus de leurs salaires conséquents mais eux ne voulaient pas partir. Tu prends plein de petites claques comme ça et tu ne comprends pas. J’avais 18 ans et je le vivais comme une injustice. Je me suis renfermé et j’ai moins bossé. C’est avec le temps que je me suis dit qu’il aurait fallu contenir toutes ces injustices, toutes ces frustrations et les garder pour en faire une force. Si on avait fait les choses plus lentement et de façon plus réfléchie, je pense qu’on m’aurait fait sortir plus tard mais plus armé. Ça aurait été différent.
 
Les jeunes joueurs en formation ne sont pas préparés à cet envers du décor ?
Exactement. On apprend sur le tas. Tout va très vite, surtout maintenant où les jeunes sortent de formation de plus en plus tôt. On passe vite du football amateur au monde professionnel. Les attentes n’ont rien à voir, les intérêts non plus. Les jeunes arrivent de mieux en mieux à gérer ce changement mais je pense qu’il y en a encore beaucoup qui ne savent pas qu’ils ne sont qu’une valeur marchande. Les clubs investissent sur des joueurs et espèrent faire une marge. Il faut y être préparé et supporter la pression. Surtout que les joueurs n’ont pas les mêmes opportunités. Parfois, le coach te laisse une chance voire une demi-chance. Il faut savoir quand elle va venir, savoir la saisir… C’est compliqué. Il y a énormément de paramètres à gérer. Un jeune joueur n’est pas préparé à ça. 

Quand vous étiez en formation à l’OL, il y avait beaucoup d’espoirs placés en vous. Comment le viviez-vous ?
Jouer dans ma ville et pour mon club de cœur : j’étais sur un nuage. Je vivais la chose comme un rêve éveillé. Quand ce pour quoi tu travailles arrive, tu as du mal à te rendre compte. Si tout était à refaire, je serais bien plus concentré et je bosserais plus dur pour atteindre mes objectifs.

«Si on avait fait les choses plus lentement et de façon plus réfléchie, je pense qu'on m'aurait fait sortir plus tard mais plus armé. Ça aurait été différent.»

Le décalage était trop important ?
C’est compliqué de prendre du plaisir quand la conception du football est aussi différente… Tu as tellement de consignes que tu perds ton jeu. Tout devient stérile, il n’y a plus de passion. J’étais éteint. J’avais l’impression d’être dans une PlayStation et que mes coaches avaient la manette et me contrôlaient. Tout ce que je déteste. Je me sentais comme un oiseau en cage.
 
Pendant ces années où ça ne marchait pas, on vous a souvent reproché votre hygiène de vie.
Les gens ne savent pas tout ce qu’il se passe. Ils pensent que le football, c’est une heure d’entraînement par jour, un match le week-end et le chèque à la fin du mois. Ils ne connaissent pas cette pression et tout ce qu’il y a derrière. En interne, il y a toujours des personnes qui te critiquent. Les entraîneurs ont aussi la pression et des comptes à rendre. Parfois, se dédouaner sur certains joueurs leur permet de s’en sortir. A Lyon, beaucoup de supporters se demandaient pourquoi je ne jouais pas. Mais un coach qui ne te fait pas jouer sans raison valable trouvera toujours des subterfuges et des excuses. 

Ça vous a démotivé ?
J’avais le sentiment de subir des injustices. Des coaches qui te font des promesses non tenues, tu ne joues pas, tu te retrouves en réserve… J’étais jeune, ça me faisait mal. Je ne me sentais pas bien et j’ai levé le pied… Avec ma morphologie, dès que j’arrête de m’entraîner et que je lâche, ça va vite, très vite. Je ne prenais plus aucun plaisir en venant à l’entraînement. Je me disais que je n’allais faire que défendre. Tout ça, c’était inconscient. C’est ce que je regrette. Avec plus de maturité, tout ce que j’ai pris dans les dents, j’aurais dû en faire une force. Mais je n’étais pas prêt. 

«Bielsa a une vision du football incroyable»

A travers toutes ces difficultés, y a-t-il un coach en particulier qui vous a marqué en tant que jeune joueur ?
En vérité, j’ai eu une relation particulière avec (Marcelo) Bielsa. C’est quelqu’un qui a une vision du football incroyable. Je n’avais jamais vu ça auparavant. Il me connaissait mieux que je ne me connaissais moi-même. Il m’a fait découvrir des choses en moi auxquelles je n’aurais jamais pensé. Par exemple : un vendredi, il me fait rentrer trente minutes en Ligue 1. Après le match, il m’informe qu’il m’envoie en réserve le lendemain. Aucun souci. Il me dit : "Je vais te mettre le GPS et j’ai besoin que tu coures plus de douze kilomètres dans le match." Pour moi, c’était compliqué de faire ça en réserve. Mais il a pris le temps de m’expliquer que j’en suis capable. Le lendemain, j’ai couru 12,7 bornes. Il m’a fait comprendre que j’avais le coffre pour ça et m’a fait prendre confiance en moi.
 
Pourquoi ça n’a pas marché avec les autres ?
Les entraîneurs français, ça ne me va pas du tout. Je me suis bien plus éclaté avec (Leonardo) Jardim et Bielsa qui me laissaient une liberté. Je suis un joueur qui ose mais les entraîneurs français sont craintifs. Ils aiment aligner des joueurs d’expériences, qui ne prennent pas de risques. Ils te brident et veulent te façonner pour que tu joues comme eux l’entendent, sans s’adapter à ton profil. "Quand t’es là, tu fais ci. Quand t’es là-bas, tu fais ça." Je comprends qu’il y a des consignes et que dans le football moderne tout le monde doit défendre. Mais brider ses joueurs en permanence, non. Laissez-moi jouer ! Je me souviens de consignes avant d’entrer en cours de match : "Farès, là, tu défends, tu défends, tu défends !" Mais si tu veux que je défende fais rentrer un défenseur !

Farès Bahlouli remplace Bafétimbi Gomis, en 2013. (PREVOST/L'Equipe)

C’est ce côté sans pitié qui ne vous plaît pas dans le football d’aujourd’hui ? 
Pour moi, la considération de l’homme passe avant tout. Le monde du football génère beaucoup d’argent, ce qui fait que les attentes sont énormes. Mais il y a un respect à avoir envers les gens. Beaucoup de joueurs se retrouvent jetés dehors du jour au lendemain. Mais un joueur est d’abord un homme, parfois un père de famille. Pas de la marchandise. Quand un coach arrive, ne veut plus d’un joueur mais ne prend même pas la peine de lui expliquer dans son bureau, ce n’est pas possible. Il y a des façons de faire. C’est aussi pour ça que j’ai adoré Bielsa. Quand il disait bonjour, il demandait comment ça allait dans ta vie. Il a fait des choses extra football qu’aucun autre coach n’aurait fait alors qu’il n’avait aucune raison de le faire. Mais il a bien compris que si l’homme n’est pas bien, le joueur ne peut pas être bien. 
 
Voir toutes les réactions négatives pendant que vous n’y arriviez pas, c’était quelque chose de violent ?
C’est clair qu’il y a des choses que j’ai eu du mal à comprendre. Parfois on aurait dit que les gens avaient des intérêts personnels dans ma carrière. Ils réagissaient comme s’ils avaient investi sur moi. De l’extérieur, ils voient ce que tu fais de ton talent et te disent que t’es un gâchis. Les réactions étaient violentes oui.

«J'avais l'impression d'être dans une PlayStation et que mes coaches avaient la manette et me contrôlaient. Tout ce que je déteste. Je me sentais comme un oiseau en cage.»

La Ligue 1 vous manque ?
Bien sûr que la Ligue 1 me manque ! Mais en France, c’est compliqué pour moi pour l’instant. J’ai une image qui n’est pas bonne. Ça marche à l’étiquette, les clubs sont craintifs et je peux comprendre. C’est pour ça que j’ai fait le choix de partir pour me reconstruire et repartir sereinement.
 
Avec un peu de recul, est-ce que vous vous estimez fait pour le football professionnel et les sacrifices qui vont avec ?
Sans aucun doute. J’ai fait des erreurs mais ça ne veut pas dire que je ne suis pas fait pour ça. N’importe quel joueur que j’ai croisé dira que j’ai le talent pour jouer au haut niveau. Beaucoup encore ne comprennent pas pourquoi j’en suis là. Maintenant, je sais qu’il faut que je continue de travailler pour revenir. C’est mon objectif.
 
Ce serait quoi la suite de carrière idéale de Farès Bahlouli ?
Reprendre confiance et retrouver des sensations sur les trois prochains mois. Puis, que ce soit ici ou ailleurs, refaire une saison pleine avec beaucoup de matches l’année prochaine. Et que je puisse vite revenir dans un bon club en Europe. Et pourquoi pas, un jour, si mes performances le permettent, revenir dans un club français et enfin prouver à la France le joueur que je suis. Et bien sûr, l’histoire serait encore plus belle si c'est à l’OL, mon club de cœur.»

«Avec plus de maturité, tout ce que j'ai pris dans les dents, j'aurais dû en faire une force. Mais je n'étais pas prêt.»

Le LOSC, un très mauvais souvenir pour Farès Bahlouli. (E.Garnier/L'Equipe)

«Lille, le pire passage de ma vie»

Avez-vous déjà pensé à arrêter ?
À un moment donné oui. Le pire passage de ma vie était à Lille. Ils m’ont vraiment fait la misère. Je me disais : "C’est bon Farès. Tu as gagné suffisamment d’argent, tu es à l’abri. Arrête." J’étais dans une bulle de négativité. Mais, heureusement, j’ai un entourage solide : ma femme, mes enfants, ma famille. Ils m’ont raisonné. J’ai vite repris pied. Tu vois bien que tu aimes beaucoup trop le football et que ce ne sont pas des personnes qui ne voient pas les choses comme toi qui vont te faire arrêter. C’est pour ça que je prends le risque de redescendre pour travailler et retrouver la base : le plaisir. Je veux me reconstruire.
 
Qu’est-ce qui n’a pas marché lors de votre dernière expérience à Lille ?
En janvier 2017, Luis Campos venait de quitter Monaco pour Lille. Il a pris contact avec moi en me disant que Bielsa arrivait. À l’époque où il était à l’OM, Bielsa me voulait déjà. Je vois un club où le directeur sportif et le coach me veulent donc je ne réfléchis pas. Après l’intérim de (Franck) Passi, Bielsa arrive à l’été et tout se passe super bien. On a fait une bonne préparation mais, malheureusement, les résultats n’ont pas suivi. Tout est allé très vite. Derrière (Christophe) Galtier arrive et ç’a été la descente aux enfers. Il ne faut pas cracher dans la soupe car il a fait de très bonnes choses à Saint-Étienne et Lille, mais le vestiaire, c’était n’importe quoi. Il ne gérait pas bien les hommes, il n’y avait que des clans. Il passait par le directeur sportif et les agents pour faire passer certains messages. Parfois, il venait même voir Yassine (Benzia) et moi en jouant la carte "ancien Lyonnais" pour nous demander de l’aide dans le vestiaire. Au début de la deuxième saison, il nous annonce qu’il ne veut plus de nous. On m’a coupé l’accès au vestiaire et au parking et j’ai appris par Jérémy Pied qu’on lui avait donné mon numéro de maillot. Ils ont tout fait pour me faire craquer. Heureusement qu’il y avait Luis Campos qui était là pour moi.

«A Lille, on m'a coupé l'accès au vestiaire et au parking et j'ai appris par Jérémy Pied qu'on lui avait donné mon numéro de maillot. Ils ont tout fait pour me faire craquer.»

«Si je me regarde de l'extérieur, c'est du gâchis»

Et vous, est-ce que vous vous considérez comme un gâchis ?
C’est un terme qui est énormément revenu pour parler de moi. Quelqu’un d’extérieur qui connait le joueur que je suis, qui l’a vu joué et qui voit où j’en suis aujourd’hui, c’est normal qu’il dise ça. Moi le premier, si je me regarde de l’extérieur je me dis qu’avec mes qualités, c’est du gâchis. Un peu comme un (Hatem) Ben Arfa qui avait un talent fou. Bien sûr qu’à 18 ans, je ne me serais jamais dit que j’aurais cette carrière. C’est malheureux, mais de mon point de vue qui a tout vécu, la vie est comme ça. Tu fais des choix et il y a des choses que tu ne contrôles pas. Le plus dur est de voir des joueurs, parfois d’anciens coéquipiers, qui font une carrière avec moins de qualités que toi. Mais attention, je n’envie et n’en veux à personne.
 
Qu’est-ce que vous retenez de vos expériences ?
Je pense que mon histoire peut aider des personnes à se rendre compte que le talent seul ne suffit pas. Tu peux être le plus grand génie du football, si tu ne travailles pas et que tu n’es pas prêt mentalement, ça ne marchera pas. Dans le football moderne, ça ne suffit plus. Il faut pouvoir répéter les prestations et se préparer à être une machine de guerre. Si je devais changer une seule chose, ce serait ça : fermer ma bouche et travailler quoi qu’on me fasse. Un bâton dans les roues ? Ok, je vais bosser deux heures. Un deuxième ? Je vais travailler quatre heures. Transformer toutes ces choses négatives en travail et ne pas prendre les choses personnellement. 

«Tu peux être le plus grand génie du football, si tu ne travailles pas et que tu n'es pas prêt mentalement, ça ne marchera pas. Dans le football moderne, ça ne suffit plus.»

Quentin Coldefy