La leçon : l'Espagne a manqué de tranchant
Avant les grandes affiches à enjeu pour le lancement de l’Euro le weekend prochain, cet
Espagne-Portugal au Wanda Metropolitano de Madrid proposait une curiosité très attendue. Tout juste naturalisé et appelé pour la première fois par Luis Enrique,
Aymeric Laporte figurait dans le onze titulaire de la Roja. Avec son nouveau défenseur, la sélection espagnole a livré une prestation aboutie collectivement et solide défensivement. Mais plombée par une maladresse criante dans le dernier geste. Impossible dans ces conditions de faire tomber un bloc portugais qui a rappelé qu’il serait bien difficile de le faire vaciller (0-0).
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- Le film du match
Comme en club, le désormais franco-espagnol a profité d’un collectif en maîtrise du cuir. Très tôt, l’ancien de Bilbao se signalait par son jeu long très précieux (10e et 13e). Sa première transversale conduisait même à un très bon travail de Pablo Sarabia côté gauche. Mais Marcos Llorente était un peu juste pour reprendre le centre en retrait. Profitant d’un bloc portugais excessivement bas, les Espagnols s’installaient dans la moitié adverse pour empêcher les champions d’Europe de respirer. Sur une interception de Sergio Busquets, Alvaro Morata envoyait un délice de centre de l’extérieur. Lancé, Ferran Torres ne cadrait pas sa tête (27e). Frôlant les 80% de possession au cœur du premier acte, la Roja n’était mise en danger que sur un corner. Mais le but de José Fonte était refusé pour une faute évidente (23e).
L’Espagne n’a perdu qu’un seul de ses 23 matches à domicile (18 victoires, 4 défaites) sous la mandature de Luis Enrique. C’était face à l’Angleterre (2-3, en Ligue des Nations), en octobre 2018. Fait maison.
Absolument inoffensif, à l’image d’un trio d’attaquants Cristiano Ronaldo-Joao Felix-Diogo Jota plus que décevant, le Portugal ne changeait pas d’attitude après le repos. Concentrés à d’abord bien défendre, les hommes de Fernando Santos bégayaient une fois le ballon dans les pieds. En dehors d’un Renato Sanches agressif et remuant. Dès les premières minutes, ils subissaient un premier frisson mais Morata écrasait sa frappe dans la surface (50e). Dans la foulée, le buteur espagnol se loupait encore à deux reprises après un superbe effort de Llorente côté droit (54e). Avant ça, il fallait une bonne intervention d’un Laporte qui a signé une belle première pour empêcher Pepe de reprendre un corner au second poteau (52e). A force de manquer, l’Espagne s’exposait. Mais comme leurs homologues espagnols, Jota puis Ronaldo se manquaient dans les six mètres (60e et 69e). La troupe d’Enrique poussait pour finir mais Rui Patricio était impeccable sur ce coup franc de Koke (88e) puis tout heureux de voir Morata trouver la barre sur un ultime face à face en transition (90+1). Le genre de raté qui ne sera plus pardonnable dans une semaine.
Le gagnant : L'incroyable solidité de l'axe portugais
La recette est connue de tous mais n’en reste pas moins redoutablement efficace. Armé de pléthores de joueurs offensifs, le Portugal de Fernando Santos est avant tout une forteresse quasiment insubmersible. Avec une charnière Pepe-Fonte toujours aussi hermétique et un cœur du terrain comblé par les très robustes Danilo et Renato Sanches, la Seleçao dispose d’un axe au blindage XXL. Face à ce coffre-fort, la solution passera inévitablement par l’animation des couloirs et par un numéro neuf létal. Les Bleus savent à quoi s’attendre.
Le perdant : Les offensifs espagnols trop maladroits
Ce vendredi soir, Luis Enrique a de quoi être frustré. Car ses troupes ont rendu une copie plaisante face à un adversaire regroupé et qui n’a rien proposé. Au cœur du jeu, Busquets, Alcantara et Ruiz ont montré une belle complicité, tandis que Gaya et Llorente ont eu un apport offensif très conséquent. Malheureusement, cette belle partition collective a été ruinée par des attaquants à l’envers. A l’image d’un Alvaro Morata à côté de ses pompes à la finition du début à la fin de la rencontre.
Quentin Coldefy