maripan (guillermo) (J.Prevost/L'Equipe)

Le débrief de la 28e journée de Ligue 1 à la sauce FF

Après chaque journée de Ligue 1, FF.fr débriefe les matches à travers ce qui a plu ou non à la rédaction. Vingt-huitième épisode de la saison.

On a aimé

Cet amour du risque des Lillois
On a souvent catalogué Christophe Galtier comme un entraîneur défensif à Saint-Étienne. Cette saison particulièrement, le technicien lillois n'aime pas laisser filer des points sans tout tenter et laisser ses joueurs la faire à l'instinct. Comme face à Strasbourg avec l'égalisation de José Fonte dans les ultimes minutes, les Dogues n'ont pas hésité à se projeter à six, sept. Forcément, quand on est plusieurs à taper sur un mur, on parvient à le faire tomber. Voir Fonte aux avant-postes, Reinildo ailier ou encore quatre joueurs dans la surface, ça finit par payer. Le football moderne est fait de statistiques, de xgoals ou encore de schémas tactiques complexes. Parfois, il ne faut pas hésiter à envoyer valdinguer ces corsets pour créer une étincelle. Le LOSC l'a bien saisi et l'amour du risque et du déséquilibre a fini par payer contre Marseille.

Jean Lucas, partition royale
L'air du Finistère et de la Bretagne lui va si bien. Excellent depuis plusieurs rencontres dans le milieu joueur du Stade Brestois, Jean Lucas a offert à son entraîneur Olivier Dall'Oglio une prestation quasi parfaite face à Dijon. Avec, à la clé, deux passes décisives. Ou plutôt, deux friandises. La première à destination de Franck Honorat a permis à l'attaquant brestois de prendre le meilleur sur son vis-à-vis avant d'aller glisser astucieusement le ballon entre les jambes du portier dijonnais. La deuxième, en revanche, est d'une classe remarquable. Aux abords de la surface, le Brésilien a levé subtilement le ballon de l'extérieur du droit pour transpercer l'arrière-garde de Dijon et trouver Irvin Cardona qui trompait Anthony Racioppi d'un lobe astucieux. Du velours. Le tout, avec le maillot entré dans le short. Jean Lucas la joue vintage mais aime servir le caviar, lui qui vient de se montrer décisif autant de fois en un seul match que lors de ses vingt-six premières apparition dans l'élite. Il confirme son talent à Brest. Les dirigeants lyonnais doivent sûrement apprécier en vue de la saison prochaine.

Kalimuendo, le diamant des Sang et Or
Arrivé en prêt du Paris Saint-Germain à la toute fin du mercato, Arnaud Kalimuendo est en train d'exploser pour sa première saison en Ligue 1. Après un léger creux en début d'année (sept matches sans marquer), symbolisé par des titularisations de plus en plus rares, l'attaquant de 20 ans est le nouvel homme fort de l'attaque lensoise ces dernières semaines. Buteur à Nantes en Coupe de France (4-2) et sauveur des Sang et Or à Angers le week-end dernier dans le temps additionnel (2-2), le natif de Suresnes a joué un grand rôle dans le succès spectaculaire de son équipe à Saint-Etienne (3-2). Après avoir obtenu le penalty transformé par Florian Sotoca, il a signé son sixième but dans le Championnat de France grâce à un sang-froid digne des plus grands. Omniprésent au pressing et sur les contre-attaques, Kalimuendo rayonne dans le collectif lensois, qui semble taillé pour lui. A se demander s'il n'est pas la révélation de la Ligue 1 cette saison, chez les attaquants.

Les perfs de Fulgini et Ajorque
S'il y en a deux qui se sont régalés et qui ont régalé, ce sont bien Angelo Fulgini et Ludovic Ajorque. Le numéro 10 d'Angers a énormément gêné la défense messine. Souvent positionné entre le milieu et l'arrière-garde, il s'est régulièrement libéré les espaces pour lancer au mieux ses partenaires. C'est lui qui envoie Loïs Diony dans la profondeur, avant que l'attaquant ne soit fauché par Kouyaté dans la surface. Le Français a été récompensé en transformant le penalty. De son côté, Ludovic Ajorque a imposé un défi physique à Guillermo Maripan et Benoît Badishile, qui ont éprouvé des difficultés à le contenir. Toujours essentiel dans ce rôle de point de fixation, il a souvent combiné sur le côté droit avec Frédéric Guilbert, et a même failli pousser Caio Henrique au but contre son camp.

On n'a pas aimé

C'était quoi ce mercredi, chère Ligue des Talents ?
On ne sait pas si c'est notre impatience de vite revoir les supporters dans les stades ou notre envie de s'enflammer et de vibrer davantage dans cette période si spéciale, mais le constat est là au soir d'un mercredi à dix matches de Ligue 1 : on a plus baillé qu'autre chose. Alors ce n'était pas partout pareil. On a bien aimé des séquences lors de Nice-Nîmes ou encore la volonté stéphanoise et lensoise d'aller marquer, mais sinon... On a notamment souvent levé les yeux au ciel en regardant les prestations de notre «Big four» ou encore sur la seconde période soporifique de Nantes-Reims... Allez Messieurs, un match de Coupe de France ce week-end pour certains d'entre vous, et on se remet en ordre de bataille dès le week-end du 13 mars. Et nous offrir un sprint final d'enfer.

L'apathie de Monaco
C'était clairement à dormir debout. L'ASM ne nous avait pas habitués à un tel calvaire derrière notre poste de télévision (dix-sept tirs encaissés, deuxième plus haut total de la saison). Les supporters de la Principauté qui auraient programmé un voyage en Alsace pourront au moins remercier le huis clos pour leur compte en banque. Parce que là... Monaco était méconnaissable à La Meinau, fade, d'une timidité maladive, offensivement comme défensivement. Un Kevin Volland transparent devant, un Guillermo Maripan sur la corde raide - parfois même dans le vide - toute la rencontre et un Caio Henrique qui a pris le bouillon. Tous les secteurs ont pêché ce mercredi soir pour un Monaco qui n'était pas resté muet depuis le 16 décembre dernier et la déroute contre Lens au Louis-II (0-3). Aucune réaction malgré les assauts strasbourgeois, une morne prestation qui a semble-t-il agacé Wissam Ben Yedder, parti pendant l'interview d'après-match alors que le journaliste de Canal+ lui posait une question...

Ces Niçois un peu en dilettante
Ces Aiglons ont parfois une bonne tête à baffer. Vous vous souvenez de cet élève intelligent et cultivé mais qui a un énorme baobab dans la main et n'en fait qu'à sa tête ? Eh ben ce petit insolent, c'est un peu l'OGC Nice. Il fait ce qu'il veut, quand il en a envie. Excepté un Amine Gouiri exemplaire depuis le début de la saison, ce Gym cuvée 2020-21 a tout du fumiste en chef. Face à Nîmes, les Azuréens ont accéléré et ont marqué rapidement. Puis, ils en ont eu marre de faire des efforts et se sont arrêtés de jouer laissant Nîmes revenir dans la rencontre et frôler la victoire. «Oh et si on réaccélérait un coup ?» Suffisant pour jouer dans le ventre mou mais vraiment pas assez pour titiller le haut du tableau, ces Niçois pétris de talent et de joueurs techniques sont agaçants au possible.

Le trop faible niveau des offensifs bordelais
On a envie de parier que si Bordeaux disposait d'un peu plus de talent (et de confiance) chez ses joueurs offensifs, il aurait pu accrocher le nul face au PSG mercredi. Face à ce Paris qui n'a pas forcé et qui n'a pas maîtrisé son sujet de bout en bout, les troupes de Jean-Luis Gasset ont eu leurs temps forts. Surtout en début de seconde période où, territorialement, les coéquipiers de Laurent Koscielny progressaient. Mais que ce soit chez Rémi Oudin, chez Hwang Ui-jo ou chez un Samuel Kalu qui, il est vrai, a été valeureux, on aurait pu attendre le petit truc en plus pour trouver l'ouverture. Le premier cité a par exemple énormément peiné pour faire aboutir un centre ou une passe décisive pour faire avancer une action. Dommage car derrière eux, un Yacine Adli répondait présent.

Dijon, merci et au revoir
Bien sûr, mathématiquement, Dijon peut encore espérer s'en sortir et accrocher au minimum la dix-huitième place, synonyme de barrage. Mais quand on regarde à nouveau la prestation produite par les hommes de David Linarès à Brest, difficile de croire au miracle. Avec une défense aussi fragile et une attaque incapable de faire des différences, le DFCO a l'ADN d'un relégué en puissance et reste sur onze matches sans victoire en championnat. Et puis, ce n'est pas comme si cela pendait au club bourguignon depuis plusieurs saisons. À force de répéter inlassablement les mêmes erreurs, le couperet finit toujours par tomber. Après cinq saisons dans l'élite, les Dijonnais vont sans doute dire au revoir à la Ligue 1 dans quelques semaines.