Le défenseur d'Alès (N3) Valentin Liénard présente son YouTube Football Club

« Valentin, c'est un profil atypique. Pour notre club et pour le football. » Philippe Mallaroni, le manager général d'Alès (N3), sait qu'il a dans son effectif un joueur pas comme les autres : son latéral gauche de 23 ans est aussi un influenceur qui compte près de 110 000 abonnés sur YouTube. C'est bien plus que les 14 000 de la chaîne de Montpellier, le futur adversaire des Alésiens en 16e de finale de la Coupe de France (samedi à 14h15).

L'aventure originale de ce footballeur-youtubeur débute avec les équipes de jeunes de l'OGC Nice et de l'AS Monaco, où il a côtoyé un certain Kylian Mbappé. Puis il rejoint Istres, mais le dépôt de bilan du club provençal en 2015 le pousse à poursuivre son parcours aux échelons inférieurs, entre National 2 et National 3.

C'est à Agde (N3) que naît l'envie de se lancer sur YouTube. Les trois entraînements par semaine laissent du temps libre, et Valentin décide de créer sa chaîne avec la complicité d'un ami d'enfance, Nicolas Irr, et la volonté de ne pas perdre de vue ses ambitions sportives. « Le football demande du temps, de l'investissement. Je n'aurais pas pu me lancer seul, confie le défenseur. Ce binôme, c'est une force. » Pendant les matches et les entraînements, c'est Nicolas qui filme. Puis le montage et la publication des contenus sont répartis en fonction des disponibilités de chacun.

Accusé de manquer de modestie dans son ancien club

Le premier épisode, qui donne des conseils pour intégrer un centre de formation, est mis en ligne le 5 mars 2018. Depuis, le projet a trouvé son public et les 106 vidéos de la chaîne totalisent près de 10 millions de vues. Une notoriété qui a des répercussions sur Instagram, où le joueur va bientôt dépasser le cap de 35 000 abonnés, loin devant certains Montpelliérains qu'il croisera samedi, comme le défenseur Arnaud Souquet « Il m'a écrit pour me demander comment je faisais pour être deux fois plus connu que lui, s'amuse l'influenceur. C'est valorisant. »

Cette visibilité attire aussi l'intérêt des annonceurs, et Valentin propose régulièrement à ses abonnés des concours en partenariat avec des équipementiers. Entre la publicité sur YouTube et ces opérations commerciales, la chaîne génère des revenus qu'il ne souhaite pas révéler mais qui complètent ce qu'il touche du côté d'Alès, et permettent à son collègue de se consacrer entièrement au projet.

Recherche d'un club, choix de l'équipement, gestion des blessures... Le but est de raconter cette aventure dans le détail. « On veut montrer les bons comme les mauvais moments », explique celui qui essaye d'être « le plus proche possible de la réalité ». Une ambition qui n'a pas toujours été comprise par ses clubs. À Saint-Priest (N2), il est accusé de manquer de modestie. Fidèle à son projet, le joueur ne cache pas ses difficultés dans ses vidéos, ce qui n'arrange pas la situation. L'incompréhension entre les deux camps entraîne la fin de l'expérience en janvier 2020, six mois seulement après l'arrivée du youtubeur.

335 000 vues pour la vidéo où il raconte ses débuts avec Mbappé

Les choses se passent mieux à Alès, où il évolue depuis l'été dernier. Côté terrain, le latéral gauche a disputé quatre des sept rencontres de N3, dans une saison perturbée par le Covid-19. Et il a carte blanche pour continuer à faire vivre sa chaîne YouTube. « C'est un joueur qui s'inscrit dans son temps, explique Philippe Mallaroni. Ce serait bête de ne pas comprendre l'intérêt d'avoir quelqu'un qui nous apporte plus de visibilité. » « C'est un projet sympa, ajoute le milieu de terrain Jordan Aidoud. Et puis Valentin est bienveillant, il n'impose pas sa caméra dans le vestiaire. »

Sur YouTube, le joueur rêve de franchir le cap du million de vues en un seul épisode. Le record actuel (335 000), détenu par une vidéo dans laquelle il raconte ses débuts aux côtés de Kylian Mbappé, pourrait bien être dépassé grâce à la réception de Montpellier. Et côté football, le défenseur espère toujours franchir le cap du professionnalisme : « J'ai cette ambition depuis que je suis tout petit. Je connais le monde du foot, je sais que tout peut aller très vite. Ce serait bête de se fixer des limites, non ? »