sampaoli (jorge) (N.Luttiau/L'Equipe)

Ligue 1 : Ce que Jorge Sampaoli a (déjà) changé à l'Olympique de Marseille

Deux sur deux. Voilà pour le bilan comptable de Jorge Sampaoli depuis son arrivée à l'Olympique de Marseille. Mais par-delà ces résultats bruts, qu'a tenu à modifier le technicien argentin dans la cité phocéenne ?

Un retour aux fondamentaux

Il suffit de voir la manière dont les Marseillais ont terminé les deux premières rencontres de l'ère Jorge Sampaoli pour comprendre à quel point certaines choses ont changé. Atterré par ce que lui avaient donné à voir ses futurs joueurs face à Canet en 32es de finale de la Coupe de France (2-1), le technicien argentin n'a pas mis longtemps pour remettre l'église au centre du village. Au cœur d'une Commanderie où le calme règne de nouveau, le coach semble avoir rapidement insisté sur deux ou trois fondamentaux. Les Olympiens se sont soudainement remis à courir et l'intensité avec laquelle ils le font n'a désormais d'égale que celle avec laquelle leur boss leur transmet les consignes. Bien sûr, le 3-1-4-2 instauré par le nouveau guide n'y est pas pour rien dans le sursaut marseillais, mais ce nouveau schéma n'aurait probablement pas conduit aux mêmes résultats si les joueurs ne l'avaient pas animé avec autant d'énergie.

«Comme avec Marcelo (Bielsa), on a l'impression que ça peut basculer d'un côté comme de l'autre, tellement on donne et qu'on ne calcule pas»

L'ancien sélectionneur du Chili, très certainement conscient de certaines limites inhérentes à l'effectif dont il a la charge, s'est donc appuyé sur de bonnes vieilles recettes managériales pour mieux poser de nouvelles fondations. Et il semble l'avoir fait avec tact. C'est en tout cas ce qu'indiquent les dernières sorties de Dimitri Payet et de Florian Thauvin, deux poids lourds du vestiaire olympiens. Le premier n'a pas hésité à effectuer une comparaison avec Marcelo Bielsa («Comme avec Marcelo, on a l'impression que ça peut basculer d'un côté comme de l'autre, tellement on donne et qu'on ne calcule pas. Pour l'instant, ça bascule de notre côté, donc on va s'en réjouir») quand le second, en insistant sur les efforts désormais demandés, parle de «football plaisir». Besoin d'une autre preuve en mesure d'attester que tout le monde adhère (jusque-là) à la nouvelle ligne directrice ? L'apport des entrants va également dans ce sens. Face à Brest, comme contre Rennes, la lumière est venue du banc. Et de deux recrues - on y reviendra - qui avaient fini par se contenter de miettes sous la mandature d'André Villas-Boas.

Un come-back du pressing... et du surnombre

Un entraîneur qui s'était appuyé sur un pressing féroce lors de sa première saison à la tête de l'OM. L'année dernière, match après match, les confrères d'AVB louaient ainsi unanimement le travail effectué par les Marseillais à la perte. Depuis l'arrivée de Sampaoli, on n'en est pas encore-là mais il y a du mieux. Il n'y a qu'à voir la manière dont Alfred Gomis et ses copains du Stade Rennais ont été mis en difficulté au Vélodrome, sur certaines séquences, pour s'en persuader. Récupérer le ballon le plus rapidement possible est de toute manière l'une des obsessions de l'ancien sélectionneur de l'Albiceleste. Comme la recherche de la verticalité et cette manière assez singulière de confier une liberté quasi-totale aux joueurs offensifs une fois la possession du cuir recouvrée. Ajoutez à cela une projection constante des pistons et la volonté d'être en surnombre au cœur du jeu (l'OM se retrouve régulièrement avec un milieu à six lorsque Payet décroche) et vous obtenez une méthode globale.

A l'image d'un Thauvin impliqué, l'OM attaque et défend de nouveau à onze. (N.Luttiau/L'Equipe)

Et celle-ci ne se résume pas à la recherche de la gagne. Car si Sampaoli peut être qualifié d'entraîneur pragmatique, comme l'ensemble des entraîneurs qui recherchent la meilleure manière de gagner (soit l'ensemble des techniciens du globe), il considère que le résultat brut doit, avant tout, être la conséquence d'un projet. C'est ce qu'il a expliqué en marge du succès des siens face à Rennes (1-0, le 10 mars) : «Ce genre de victoire, avec autant d'énergie, de volonté, d'envie d'aller de l'avant engendre un point de départ qui nous donne plus d'assurance, une sorte de conducteur (...). La bataille d'un entraîneur, c'est d'installer une idée qui crée une unité et pas seulement d'être unis par le succès, parce qu'il y aura des moments différents de ceux que l'on vit aujourd'hui, et c'est là que l'on verra quel type de groupe on a. C'est dans l'adversité que l'on apprend le plus, que ceux qui croient en une idée commune s'unissent le plus.» En bref et s'ils ne parviendront peut-être pas à chaque fois à faire basculer les rencontres du bon côté, les Marseillais savent de nouveau pourquoi ils courent.

Une valorisation des recrues de Longoria

Parmi le onze titulaire, c'est actuellement Leonardo Balerdi qui doit donner le sourire au président Pablo Longoria. Depuis l'arrivée de son compatriote, l'Argentin rayonne. Défensivement, bien sûr, mais aussi - et peut-être surtout - grâce à sa capacité à prendre des initiatives balle au pied. Pas loin d'être impeccable face au SB29 (83 passes tentées pour 85% de réussite) et proactif contre le SRFC (96 passes, 71% de réussite), le transfuge de Dortmund est un parfait complément à Duje Caleta-Car et Alvaro Gonzalez, ses deux compères de défense. Il n'aura d'ailleurs échappé à personne que lorsque Marseille jouaient à trois centraux sous Villas-Boas ou Nasser Larguet, c'est l'Espagnol qui occupait l'axe. Vous avez dit intentions différentes ? Mickaël Cuisance et Luis Henrique en sont, eux, persuadés. Les deux recrues made in Longoria revivent sous Sampaoli. Le Français reste tout simplement sur deux buts en autant de rencontres et est sûrement en passe de lancer pour de bon son aventure marseillaise (même si celle-ci pourrait se terminer dès juin, si l'OM ne lève pas son option d'achat). Le jeune Brésilien (19 ans), se montre quant à lui plus inspiré que jamais. L'ailier doit encore progresser tactiquement, certes, mais sa fougue fait un bien fou et c'est lui qui a régalé Cuisance sur ses deux réalisations. Même passeur décisif sur le but de Thauvin face à Brest. Pour faire simple, l'ailier brésilien a signé trois actions décisives en... 41 minutes de jeu ! Pour mieux souligner qu'à l'OM, le banc - staff inclus - et les titulaires refont corps, animés par un projet commun. C'est un bon début. - T.P.

- Toute l'actualité de la Ligue 1
- Le classement