Soccer Football - Copa del Rey - Quarter Final - Granada v FC Barcelona - Nuevo Estadio de Los Carmenes, Granada, Spain - February 3, 2021 Barcelona's Jordi Alba celebrates scoring their fifth goal with Antoine Griezmann REUTERS/Jon Nazca (Reuters)

Ligue des champions : la reviviscence d'Antoine Griezmann au FC Barcelone

À l'image d'une formation barcelonaise beaucoup plus consistante dans le jeu et les résultats, Antoine Griezmann réalise un remarquable début d'année 2021. Suffisant pour porter les Blaugranas jusqu'à la fin de saison ?

Double passeur décisif dans la large victoire du Barça face à Alaves ce week-end (5-1), Antoine Griezmann continue sa brillante rédemption sous le maillot catalan. Il est même le joueur le plus décisif des cinq grands championnats européens depuis le commencement de l’année 2021 avec sept buts inscrits et huit passes délivrées en douze rencontres. Ce très net regain de forme s’explique par une meilleure efficacité et surtout, par des Barcelonais de plus en plus solides. «Le Barça a changé ! Au début de saison Ronald Koeman a cherché à faire évoluer Antoine Griezmann, Philippe Coutinho et Lionel Messi ensemble dans un 4-2-3-1 qui, de son propre aveu, convenait mieux à son effectif, explique Tracy Rodrigo, journaliste pour le site spécialisé Furia Liga. Dans la réalité des faits, ce schéma ne convenait pas à une multitude de joueurs. Actuellement, Antoine Griezmann jouit d'une liberté qu'il n'avait pas.»

En effet, l’un des principaux axes d’amélioration dans le jeu du Français ces dernières semaines est sa mobilité. Moins cantonné à travailler sur une aile, Antoine Griezmann évolue sur tout le front de l’attaque barcelonaise, tantôt à gauche, puis dans l’axe ou à droite avec un pressing incessant et des ballons parfaitement distillés pour ses partenaires. Une certaine liberté qui correspond aussi à ce qu’il attend au sein du collectif des Blaugranas. «L’équipe commence à être mieux collectivement, confie Francesc Garriga, journaliste pour la télévision catalane et l’émission ‘Onze’. Et forcément, Antoine Griezmann fait partie de ces joueurs essentiels. Quand l’équipe est mieux, ses performances s’en ressentent. C’est une pièce indispensable du puzzle.»

Un véritable tour de force instillé par Ronald Koeman. L’entraîneur néerlandais, critiqué en début de saison, a remis le FC Barcelone dans le jeu après avoir longtemps tâtonné dans le schéma tactique. Disposés en 4-2-3-1 durant la première partie de saison, les Barcelonais sont désormais davantage tournés vers un 4-3-3 et jouent plus de manière plus verticale avec des temps de possession plus courts. Une touche qui tend à rappeler le Barça qu’il a connu en tant que joueur dans les années 1990. Dans ce contexte plus favorable, les récentes performances d’Antoine Griezmann coïncident nettement avec les ajustements réalisés et une nouvelle formule plus convaincante sur le terrain.

«Là où sa période de l’Atletico Madrid a pu lui être bénéfique, c'est dans cette approche beaucoup plus verticale que cherche Ronald Koeman et qui se rapproche sans doute plus de son vécu avec Diego Simeone mais aussi avec Didier Deschamps. Une différence avec le Barça d’Ernesto Valverde et de Quique Setién qu'a connu le Français et qui lui convient bien mieux», éclaire Tracy Rodrigo. D’autant que l’ancien joueur de l’Atletico continue de peaufiner les détails techniques en dehors du terrain. «À notre connaissance, Antoine Griezmann a demandé au coach des points d’amélioration depuis quelques semaines pour progresser dans son jeu tout en travaillant ses points faibles», ajoute Francesc Garriga. Après une partie de saison de moyenne, le natif de Mâcon est passé à la vitesse supérieure en ce début d’année 2021. Et de fort belle manière. Pour - enfin - tordre définitivement le cou à des débuts contrastés ?

S'immerger dans l'ADN du Barça

L’environnement particulier du FC Barcelone a souvent joué de mauvais tours à de nombreux joueurs français par le passé. Surtout quand la venue d’un joueur est placée sous le sceau du caprice présidentiel. «Quand il arrive, il n'est pas attendu, sa place n'est pas faite, ça nécessite une adaptation et pas uniquement de lui, analyse Tracy Rodrigo de Furia Liga. Il faut du travail et surtout des automatismes. Il a dû s'adapter à une équipe qui ne savait pas encore comment jouer, c'est plutôt difficile comme défi». Francesc Garriga complète : «Il est vrai que le Barça est un club "difficile" pour les joueurs français. Ni  Emmanuel Petit, ni Christophe Dugarry, ni Richard Dutruel, ni Jérémy Mathieu ou  Frédéric Déhu ne sont parvenus à réussir de bonnes performances sur la durée. Mais pas uniquement les Français. On peut parler des débuts difficiles de Neymar ou même Frenkie De Jong plus récemment.» 
 
Comme d’autres avant lui, Antoine Griezmann a dû comprendre une identité différente de celles qu’il avait pu connaître sous les maillots de l’Atletico Madrid et de la Real Sociedad. Un temps d'adaptation long, semé d'embûches et nécessaire pour s’insérer dans un collectif où il n’était désormais plus l’unique tête de gondole. Un immense challenge à relever, y compris pour l’un des meilleurs joueurs du monde. Et forcément, ses premiers mois ratés en Catalogne ont laissé planer de nombreux doutes. Petit à petit, des rumeurs sur une mauvaise entente avec  les cadres du vestiaires sont venues semer la discorde. Mais rien ne semble, encore aujourd’hui, les prouver.

«Dans la réalité, strictement rien ne permet d'appuyer cette théorie, personne ne confirme : ni les joueurs encore au club, ni les joueurs qui ont quitté le club depuis et qui pourraient en parler ouvertement comme Ivan Rakitic ou Luis Suarez qui parlent de rumeurs infondées, incombe Tracy Rodrigo. La France est tombée en plein dans le jeu des allégations et a vu là une bonne solution de dédouaner Griezmann de ses prestations moyennes plutôt que de dire simplement que s'adapter au Barça demande du temps. D'ailleurs plus personne ne parle de mauvaise entente depuis que le Français offre des prestations convaincantes. Parler de brouille était plus vendeur que de parler des maux du Barça à l’époque.»

«Griezmann doit être le meilleur complément de Messi»

À l’instar d’autres grands noms d’Europe, Antoine Griezmann n’a-t-il pas eu tout simplement besoin de temps pour s’acclimater dans l’échiquier barcelonais ? Car un joueur de son calibre, bercé par la formation espagnole depuis son adolescence, ne peut qu’apporter à un collectif en profonde mutation. Et les premières semaines de l’année viennent confirmer que le champion du monde 2018 est redevenu l’un des éléments forts du FC Barcelone de Ronald Koeman. «Je n'ai jamais eu de doutes au sujet d’Antoine et il est très critique envers lui-même. Je lui ai dit que j'avais entièrement confiance en ses capacités. C'est un joueur important et il a toujours travaillé dur pour revenir et trouver le meilleur en lui», confiait récemment l’ancien entraîneur de Southampton en conférence de presse. De plus, sa relation avec Lionel Messi est de plus en plus évidente sur le terrain. L’Argentin et le Français, bien aidés entre autres par les prestations enthousiasmantes des jeunes Trincao et Pedri, guident les espoirs d’une fin de saison en apothéose pour le Barça, notamment sur la scène européenne.

«Griezmann doit être le meilleur complément de Messi, assène le journaliste de la télévision espagnole Francesc Garriga. Il doit être décisif et marquer des buts dans les rencontres décisives pour le club.» «C'est ce qui conditionnera sa fin de saison mais aussi celle du Barça. Ronald Koeman et les joueurs ont encore beaucoup de travail en vue du match contre le PSG, enquille Tracy Rodrigo. Il y a du mieux c'est certain mais il reste beaucoup d'axes de travail : recherche d'un pressing cohérent, approche face à des équipes au bloc très bas notamment et Antoine Griezmann est un élément essentiel de ses deux problématiques.» L’international français sait ce qu’il lui reste à faire pour devenir définitivement l’un des facteurs X de ce Barça nouvelle génération. À commencer par une performance de haute volée lors du huitième de finale de la Ligue des champions face au Paris Saint-Germain ce mardi soir.

Thomas Bernier