Soccer Football - Champions League - Group E - Stade Rennes v Chelsea - Roazhon Park, Rennes, France - November 24, 2020 Referee Bjorn Kuipers speaks with Stade Rennes' Eduardo Camavinga and Jeremy Doku at half time REUTERS/Stephane Mahe (Reuters)

Ligue des champions : Notre débrief corsé de la phase de poules des clubs français

Un seul club qualifié. Les deux autres qui regarderont l'Europe devant leur télévision en 2021. FF débriefe la phase de poules de cette C1 2020-21 pour les clubs français.

On a aimé

La résilience parisienne 
Bien sûr, les deux défaites concédées lors de la phase allée face à Leipzig (2-1) et Manchester United (1-2) ternissent le bilan. Bien sûr, l’équipe qui a pris le meilleur sur Leipzig (1-0) lors du retour nous a davantage fait penser à un Petit Poucet valeureux qu’à un futur vainqueur de la Ligue des champions. Oui mais voilà ! Après deux défaites pareilles, combien de clubs auraient vacillé ? Combien d’entraîneurs seraient parvenus à conserver une vraie autorité sur leur groupe ? Combien d’équipes ne seraient tout simplement pas sorties des poules ? Le Paris Saint-Germain de Thomas Tuchel a, lui, su se relever pour signer une phase retour qui vient probablement de faire basculer sa saison du bon côté. Mieux, ce passage compliqué aura certainement permis de resserrer les liens en interne et celui qui unit le coach allemand à ses ouailles. De là à penser que Paris pourrait, façon été 2020, devenir intraitable au printemps prochain ? On n’est plus très loin de le penser…

Ces quelques Rennais et Marseillais qui ont tenu leur rang
Tout n’est pas à jeter dans le marasme de cette laborieuse phase de groupes pour l’OM et le Stade Rennais. Car malgré les résultats plus qu’insuffisants, plusieurs individualités ont eu le mérite de se montrer à la hauteur de la compétition. Côté rennais, Damien Da Silva en fait partie. Présent sur les six rencontres, le capitaine breton a tout donné pour sauver les meubles et hérite de la meilleure moyenne des siens chez FF (5,33). A ses côtés, Adrien Truffert a aussi affiché beaucoup de confiance malgré son âge face à Chelsea ou sur la pelouse de Krasnodar. Au milieu, Benjamin Bourigeaud a prouvé par séquences que sa qualité technique était digne du haut niveau européen. Il termine la phase de groupes à la troisième place des joueurs avec le plus de passes clés (12). A Marseille, difficile véritablement de ne pas regretter les visages timides des Dimitri Payet ou Florian Thauvin (voir la rubrique "On n'a pas aimé"). Mais dans ce marasme, on peut saluer les efforts d'Alvaro Gonzalez pour tenter de maintenir le navire à flot comme il le pouvait. L'Espagnol, qui a pris part aux six matches de son équipe dans cette campagne, est même le Marseillais avec la meilleure moyenne aux notes de FF (4,83). Sans se montrer incroyable (13 buts encaissés), Steve Mandanda a également fait avec ses moyens. Enfin, on ne l'a vu que deux fois dans le onze titulaire, mais en observant les aptitudes et les attitudes de Pape Gueye, le garçon a clairement de l'avenir à la récupération du club marseillais.

Les changements de Tuchel à Old Trafford
Deux changements qui ont tout changé. Quasiment contraints de s’imposer sur la pelouse de Manchester United, les Parisiens ont su ouvrir le score rapidement. Mais comme souvent cette saison, ils ont plongé physiquement et tactiquement au fil des minutes. Au point de laisser les Anglais revenir au score et de frôler la correctionnelle lorsque Cavani tapait la barre. Sur son banc, Tuchel a fait des choix inattendus pour permettre à ses joueurs de reprendre l’ascendant. Le premier : la sortie de Kean pour faire place un Bakker. Le second : celle de Paredes, pour Herrera. En réorganisant son équipe en 3-5-2, le technicien allemand a utilisé ses pistons Bakker-Florenzi pour étirer un maximum le bloc de United. Ce n’est pas un hasard si Neymar a retrouvé son éclat au cœur du jeu à partir de ce moment-là. Précautionneux, Tuchel a aussi évité de voir Paredes recevoir un second jaune dans un match très tendu. En face, Solskjaer aurait été bien inspiré de faire de même avec Fred. Mais le Brésilien a fini par craquer et United par couler. Si Paris a remporté la bataille tactique et celle des nerfs, il le doit d’abord à son coach.

On n'a pas aimé

Comme si c'était couru d'avance
On ne s'attendait à rien, ou presque, mais on est quand même déçus. Rien d'étonnant, franchement, de voir le Stade Rennais et l'Olympique de Marseille être sortis définitivement de la Coupe d'Europe au terme de cette phase de poules de Ligue des champions. Encore que, quand on regarde les profils de Krasnodar et de l'Olympiakos, on peut quand même pester qu'au moins un des deux ne voit pas la Ligue Europa en février. Qui imaginait franchement que le football français était devenu tout puissant en ayant eu deux représentants lors du dernier carré du Final 8 ? Si tel est votre cas, on est sur une bonne gueule de bois. Car même le PSG a eu toutes les difficultés pour faire respecter son "statut". Bref, le foot français, quoiqu'en disent certains utopistes, est à sa place. C'est-à-dire hors des meilleurs nations européennes.

Quand Rennes se fait piétiner
Le Stade Rennais a certains torts, bien sûr, dans cette phase de poules terminée avec un tout petit point. On pense notamment aux deux rencontres face à Krasnodar (voir plus bas). Mais on n'a pas aussi comprendre combien le Stade Rennais n'avait pas le statut adéquat pour se faire respecter. Et différentes décisions contre les troupes de Julien Stéphan ont pu nous faire beaucoup tiquer. Il y avait d'abord cette suspension prononcée contre Steven Nzonzi la veille du déplacement au FC Séville, mais surtout cet arbitrage si frustrant lors du voyage à Chelsea : une main de Kurt Zouma non sanctionnée dans le premier quart d'heure, un penalty et un carton rouge incompréhisibles contre Dalbert alors que les Rouge et Noir faisaient bonne figure. C'est ce qu'on appelle un dur apprentissage.

Ce match terrible de l'OM en Grèce
Comme pour Rennes, Marseille savait à quoi s’en tenir. Le salut de l’OM dans cette Ligue des Champions passait obligatoirement par des succès face à l’Olympiakos. En visite à Athènes dès la première journée, les Marseillais se sont pris les pieds dans le tapis. Dans un match d’une faiblesse abyssale pour le plus haut niveau européen, les hommes de Villas-Boas ont été inoffensifs. Bougés dans les duels, incapables de produire une séquence intéressante ou, à défaut, de se montrer dangereux sur coup de pied arrêté, ils ont fini par boire la tasse. Complètement baladés par Mathieu Valbuena en seconde période, ils ont sombré dans les dernières minutes d’une rencontre qu’ils ont traversés comme des fantômes. Une déconvenue suivie par trois autres pour s’offrir un triste record de défaites consécutives. Au final, la courte victoire du match retour ne restera qu’une anecdote.

Le manque de culot rennais face à Krasnodar
Dans un groupe où figuraient Chelsea et le FC Séville, le constat était clair : la double confrontation contre Krasnodar allait être décisive si Rennes voulait espérer quoi que ce soit de sa première campagne en C1. A l’heure des comptes, le bilan est bien décevant. Si les joueurs de Stéphan ont livré une belle partie à l’aller, ils n’ont pas su enfoncer le clou suffisamment avant de ne monter qu’une timide réaction après l’égalisation russe. A Krasnodar pour jouer leur survie lors de la 5e journée, les Bretons n’ont jamais semblé en mesure de créer l’exploit dans une partie pourtant équilibrée. Avec un seul point pris en deux rencontres face à l’adversaire le plus faible du groupe, l’élimination était inévitable. Contrairement à leur superbe aventure en Ligue Europa il y a deux saisons, les Rennais n’ont jamais affiché le même culot. Incapable d’emballer la rencontre à l’aller comme au retour, on a surtout eu l’impression de les voir jouer avec le frein à main. Frustrant.

Payet-Thauvin, capitaines de naufrage
Le poncif est connu de tous : c’est dans les grands matches que l’on voit les grands joueurs. Et bien force est de constater que l’on n’a vu ni Florian Thauvin ni Dimitri Payet lorsque cela comptait vraiment. À savoir lors d’une triste journée inaugurale sur la pelouse de l’Olympiakos (1-0) ou face à Manchester City (0-3) au Vélodrome. Et si le Réunionnais a inscrit ses deux premiers buts dans la compétition lors du retour face aux Grecs (2-1), un sentiment s’est instillé - sans doute durablement - dans nos esprits : lorsque l’altitude s’élève, ces deux-là manquent souvent d’oxygène. Bien sûr, l’échec marseillais ne peut pas être exclusivement imputé à ces deux leaders supposés-là, mais on en attendait bien plus. Les supporters marseillais avec…

La timide phase de poules de Kylian Mbappé
Bien sûr, ses copains Neymar et Angel Di Maria lui ont permis de sauver la face lors de l’ultime sortie européenne du PSG cette année. Bien sûr, Kylian Mbappé s’est montré décisif lors du Final 8 par la passe ou les accélérations. Bien sûr, le numéro 7 n’a pas raté chacune de ses sorties dans la plus prestigieuse des compétions de clubs cette année. Reste que le champion du monde n’est en ce moment pas aussi à l’aise face aux très grands qu’en Ligue 1. Pour faire simple, si ses deux coéquipiers ne lui avaient pas servi deux buts sur un plateau face à Basaksehir, l’attaquant aurait traversé l’année 2020 sans inscrire le moindre but en Ligue des champions ! Son nombre d’occasions manquées dans la compétition interpelle (un peu) et on a hâte (très) de voir comment Mbappé se comportera une fois le printemps venu. Inscrire un troisième but dans la compétition cette saison lors des huitièmes de finale serait une bien belle idée. Cela permettrait en tout cas de dissiper quelques doutes. Dans l’esprit des observateurs et dans le sien, surtout.