Soccer Football - Ligue 1 - Paris St Germain v Bordeaux - Parc des Princes, Paris, France - November 28, 2020 Paris St Germain's Marco Verratti in action REUTERS/Benoit Tessier (Reuters)

Ligue des champions : pourquoi Marco Verratti est si influent dans le jeu du Paris Saint-Germain

Revenu de blessure il y a une semaine, Marco Verratti est instantanément redevenu essentiel à un PSG en manque de repères. Plus que ses attaquants, l'international italien est celui qui détient les clés du rendement collectif parisien.

«On avait contrôlé le jeu et c'est la chose la plus importante. On savait quand accélérer et quand baisser le rythme. C'est la clé, il faut jouer avec personnalité, jouer avec le ballon et ne pas avoir peur.» Mardi, avant de défier Manchester United dans la course aux huitièmes de finale de la Ligue des champions, Marco Verratti s'est souvenu du match accompli réalisé par par le PSG à Old Trafford en février 2019 (2-0). Du contrôle, du rythme, de la personnalité, du jeu avec ballon et sans peur ? Autant d'attributs qui semblent manquer à son équipe ces derniers temps, a fortiori durant l'absence du Petit Hibou durant six semaines pour une lésion à la cuisse droite. «Il change tout», avait d'ailleurs souligné Thomas Tuchel la semaine passée, après le retour salvateur de son milieu italien à la compétition, pour un dernier quart d'heure crucial lors du succès arraché face à Leipzig (1-0).

- La fiche de Marco Verratti

«Il peut tout changer dans notre plan, et il l'a montré en 12 minutes sur le terrain avec une prestation extraordinaire. Il a montré sa qualité individuelle et son expérience, ç'a été un grand changement dans le match, il a eu un gros impact», avait poursuivi le technicien allemand devant les médias, pendant que son capitaine Marquinhos appréciait de «voir ses qualités et son envie dès qu'il rentre, même si ça fait six mois qu'il ne joue pas. Quand il rentre, il brille tout de suite.» À vrai dire, alors que le jeu offensif du Paris Saint-Germain est régulièrement résumé, à tort ou à raison, à ses deux, trois ou quatre attaquants majeurs selon les périodes, l'homme qui détient les clés de la production collective est bel et bien Marco Verratti.

Parce qu'il est (de loin) le milieu le plus créatif

Sans manquer de respect aux passes verticales de Leandro Paredes ou à la qualité de dribbles courts de Rafinha, personne, dans l'effectif actuel du PSG, ne peut rivaliser avec Marco Verratti dans sa capacité à absorber la pression adverse, orienter le jeu et casser les lignes. «Quand il n'est pas là, on le remarque tout de suite, assure le milieu Lorientais Fabien Lemoine, qui a affronté l'Italien à onze reprises durant sa carrière. Il y a beaucoup plus de vie dans le jeu du PSG avec lui, plus de mouvements autour de lui parce que les joueurs n'hésitent ni à lui donner le ballon, ni à lui demander. C'est lui qui ressort le ballon proprement, sert de premier relais, oriente sur le côté avant de redemander le ballon à la ligne médiane... Et c'est là qu'il peut provoquer ou trouver ces passes qui cassent les lignes.»

Verratti est de très loin le joueur qui réussit le plus de passes en moyenne parmi les milieux et solistes offensifs du PSG. Une pièce centrale qui ne se contente pas de faire tourner, mais fait avancer le jeu de près de 900 mètres par 90 minutes cette saison, avec 588 mètres gagnés par la passe et 274,5 en portant le ballon. Sa qualité technique dans l'entrejeu n'a pas d'égal pour faire progresser sa formation... mais aussi pour faire reculer l'adversaire. Pas vraiment la définition d'un tourniquet, donc. «Inconsciemment, quand il est là, les adversaires se disent : "On va aller le presser, il va nous faire un "rond-point", passer son corps, il est très malin, donc ils vont moins naturellement l'agresser», détaille Lemoine.

Parce qu'il permet à Neymar de jouer plus haut

LA clé du jeu parisien se situe là, sans aucun doute. Non, Neymar ne raffole pas de redescendre chercher le ballon dans le rond central pour partir (essayer de) dribbler toute la défense adverse. Quand il se sent obligé de le faire, avec plus ou moins de réussite, c'est parce que son compère est absent et que personne n'est capable de prendre le relais. Avec Verratti sur le terrain, le Brésilien évolue régulièrement une dizaine de mètres plus haut, comme face à Bordeaux samedi dernier (2-2). Grâce au sens du jeu et de la passe de son numéro 6, l'ancien Barcelonais se retrouve plus facilement face au jeu et dans les trente derniers mètres, là où sa magie opère. «Sans Verratti, les meilleurs attaquants du monde deviennent orphelins, lâchait même Alain Perrin dans Le Parisien la semaine passée. Ils doivent décrocher, sont condamnés à venir récupérer les ballons.»

Fabien Lemoine confirme : «Neymar et Mbappé se cherchent beaucoup, oui, mais pour apporter le ballon dans les zones dangereuses et mettre ces joueurs-là sur orbite, c'est plus difficile quand Verratti n'est pas là. Sans lui, Neymar doit revenir chercher les ballons très bas et les porter, ce qui est très éprouvant physiquement. Verratti, avec sa simplicité, arrive à trouver une solution vers l'avant en peu de touches, pour servir ses attaquants dans les zones où on les attend et où ils excellent.» Pour faire simple, l'ancien de Pescara est une sorte de raccourci, un joueur (le seul à Paris) capable de placer Neymar dans des conditions optimales pour arriver lancé dans la zone de vérité, et sans avoir eu besoin d'effacer trois adversaires auparavant. Tout sauf un détail.

À gauche, la position moyenne assez basse du PSG en général, et de Neymar (n°10) en particulier, face au RB Leipzig. À droite, face à Bordeaux quelques jours plus tard, avec Verratti derrière lui, le Brésilien a clairement évolué un cran plus haut. (Wyscout)

Parce que le patron, c'est lui

Fin septembre, Thomas Tuchel décrivait Marco Verratti comme «un leader dans l'état d'esprit et la qualité», se félicitant de voir son joueur être «toujours là pour aider tout le monde, faire des différences, tout donner sur le terrain», ainsi que de pouvoir échanger avec lui sur «la tactique et le vestiaire». Désormais âgé de 28 ans, l'ancien gamin aussi doué qu'insolent a gardé une certaine indiscipline passionnée qui peut encore coûter cher, tout en devenant un référent, un exemple au sein d'un collectif régulièrement montré du doigt pour son manque de cohésion -défensive notamment- En bref, Verratti est l'indispensable lien au coeur d'un bloc qui a la fâcheuse tendance à s'étirer, voire à se couper en deux lorsque l'intensité et le niveau s'élèvent.

«Sur plein de gros matches, je ne l'ai jamais vu en dessous, se faire prendre le ballon dans les pieds, ni en difficulté pour récupérer le ballon, rappelle Fabien Lemoine. Parce qu'il ne faut pas négliger ceci : il est techniquement hors-norme, mais dans le contre-pressing, c'est un phénomène aussi, parce qu'il lit toutes les passes ! Il excelle dans ce registre, et son attitude entraîne ses coéquipiers autour. Il a ce timing pour anticiper, ne pas se faire éliminer, défendre en avançant, tacler... C'est incroyable. Dans son style, au PSG, c'est le seul.» Ce qui rend d'autant plus frustrantes ses absences, mais aussi ses baisses de régime régulières une fois l'heure de jeu dépassée. «Mais il faut voir comment il court, balaie Lemoine. Il a un vrai volume de jeu ! Il bonifie les autres, le ballon ne lui brûle pas les pieds, il est toujours dans la maîtrise.» Sans lui, ces derniers mois, le PSG a failli atteindre le sommet de l'Europe, avant de s'embourber dans une phase de groupes piégeuse. Où placer le curseur, alors ? Une bonne partie de la réponse se situe certainement dans les pieds, les jambes, le coeur et la tête de Marco Verratti, dès ce mercredi à Old Trafford.