Soccer Football - Bundesliga - RB Leipzig v Bayern Munich - Red Bull Arena, Leipzig, Germany - April 3, 2021 Bayern Munich's Thomas Muller celebrates after the match Pool via REUTERS/Alexander Hassenstein DFL regulations prohibit any use of photographs as image sequences and/or quasi-video. (L'Equipe)

Ligue des champions : Thomas Müller, toujours indispensable au Bayern Munich

Thomas Müller réalise l'une de ses saisons les plus prolifiques avec le Bayern Munich. Avant le duel face au PSG en Ligue des champions, Bixente Lizarazu et Patrick Guillou décryptent pour FF les multiples talents de l'attaquant allemand.

On pourrait facilement rapprocher Thomas Müller du basketteur Dirk Nowitzki. Tous deux sont Allemands, tous deux sont des grands de leur sport, tous deux ont une longévité au haut niveau assez impressionnante (Nowitzki a pris sa retraite en 2019, à 40 ans) et tous deux sont adeptes des double-doubles. Forcément le basketteur en a signé plus, logique au vu de sa discipline. Mais Müller en a tout de même réalisé cinq en Bundesliga depuis ses débuts pros. Pour lui, on entend par double-double, avoir inscrit au moins 10 buts et délivré 10 passes décisives en une seule saison. D’ailleurs, le Bavarois peut déjà en afficher un sixième dans ses stats personnelles, puisqu’il est l’auteur de 10 réalisations et 14 passes décisives en l’espace de 24 matches de Championnat cette saison. 

«On a retrouvé le Müller de la meilleure période au Bayern. Il est revenu à un très bon niveau», souligne Bixente Lizarazu. Depuis que Hans-Dieter Flick a pris les commandes de la formation munichoise, le champion du monde 2014 affiche en effet une forme éblouissante. «Thomas Müller est un paradoxe. Il n’est pas beau à voir jouer mais c’est un beau joueur», philosophe Patrick Guillou, consultant Bundesliga pour beIN Sports. Tout désarticulé ou dégingandé qu’il paraît, Müller n’en reste pas moins redoutable sur le terrain. Dans le 4-2-3-1 de Flick, il jouit d’une liberté à travers laquelle il exprime toutes ses qualités de passeur, notamment vers Robert Lewandowski avec qui l’entente est plus qu’harmonieuse. En Championnat, la moitié des passes décisives de l’Allemand sont intervenues sur un but du Polonais. Bixente Lizarazu est admiratif devant le personnage : «Il a sa dégaine un peu atypique où tu as l’impression qu’il est emprunté. Mais tu t’aperçois que tout ce qu’il fait est malin, fin, qu’il est au bon endroit.» Un art de se trouver là où il faut, quand il faut, qui ne surprend guère Patrick Guillou. «Il est très instinctif. Son intelligence situationnelle et de jeu sont hors normes, tout comme sa qualité de déplacement. Il parvient toujours à se rendre disponible en pointe haute lors des phases offensives, et de faire en plus derrière les bons choix. Il est inclassable, il est Thomas Müller.»

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Un «Highlander» décisif

Une faculté de positionnement faisant de lui un véritable poison pour n’importe quelle défense, et une source concrète de maux de tête pour les coaches adverses. «Il aime bien se placer entre les lignes. Il est pénible à prendre au marquage parce qu’au final, il est un peu partout», analyse l’ancien latéral gauche du Bayern. Le nombre de passes décisives qu’il réalise met en avant sa qualité de passe hors du commun, arme majeure des Bavarois cette saison. «Dans ces fameux circuits préférentiels en pointe haute, il est capable d’orienter le jeu, de casser les lignes et d’engendrer des déséquilibres par ses passes, dissèque l’ancien de Saint-Etienne. Comme c’est un joueur naturel qui fonctionne à l’instinct, un entraîneur va toujours se demander comment le contenir tactiquement.»

Thomas Müller est un «Highlander qui se bonifie avec le temps», selon le consultant de beIN Sports. Avec moins de jambes que dans sa jeunesse, le trentenaire a su améliorer des points essentiels de son jeu, comme le décryptage des situations qui lui octroie un sens de l’anticipation supérieur à la moyenne. «Il a ce côté rationnel grâce auquel il sent mieux les coups. Il ne participe peut-être pas à tous, mais ceux dans lesquels il fait action de jeu sont souvent décisifs. C’est comme un latéral qui monte beaucoup dans un match. À force d’être partout, il n’est nulle part. Et si tu montes seulement deux fois mais que ces deux fois-là tu es décisif, ça se voit plus», pointe Patrick Guillou. Avec 10 buts et 14 passes décisives en 24 rencontres, il est en moyenne décisif une fois par match cette saison en Bundesliga.

Au-delà de son rendement, Thomas Müller reste l’inoxydable de cet effectif. À l’arrivée de Pep Guardiola en juillet 2013, beaucoup avançaient que le Bavarois ne s’adapterait pas à la philosophie de jeu de l’Espagnol. Il est devenu l’un de ses joueurs cadres. Sous Niko Kovac, il a carrément été mis au ban en début de saison 2019-20, puisqu’il a enfilé la chasuble de remplaçant plus de 50% du temps. Mais même si des rumeurs l’envoyaient à Chelsea, Müller a constamment persévéré pour progresser et revenir au top dans son club de toujours, lui qui a débarqué au Bayern à 10 ans. «Il a connu des baisses de régime, mais on peut quand même souligner sa continuité au plus haut niveau. Il dispose aussi d’une capacité à rebondir. C’est la marque des grands joueurs. Malgré des périodes difficiles, ils finissent par revenir et lui a rebondi merveilleusement bien depuis que Flick est l’entraîneur du Bayern», note Bixente Lizarazu.

L'incarnation de l'identité du Bayern

Un parcours qui lui vaut le titre de «légende du club» d’après le Basque. D’autant que Müller est un pur produit du cru. Natif de Bavière, formé au Bayern, sa personnalité est appréciée du côté de Munich. Ce qui n’étonne pas Patrick Guillou : «C’est lui qui incarne aujourd’hui le "Mia san Mia" (devise du Bayern signifiant "Nous sommes ce que nous sommes"). À lui seul, il symbolise cet esprit bavarois. Il incarne l’identité du club par son comportement, sa façon de parler, son accent bavarois mais aussi par la qualité et l’excellence dont il fait preuve sur le terrain.»

547 - Thomas Müller dispute son 547e match officiel pour le Bayern, à égalité avec Hans-Georg Schwarzenbeck - un seul joueur de champ depuis l’équipe de 1965 fait mieux : Gerd Müller (565 matches officiels). Légendes. (Il a depuis battu Gerd Müller avec 572 rencontres disputées).


S’il a récemment confié au Guardian qu’un départ du Bayern ne «serait pas un problème» pour lui, le voir faire ses valises paraîtrait cependant surprenant pour Bixente Lizarazu, puisqu’il «est dans un environnement où il peut s’exprimer au haut niveau, et que le Bayern est, encore dans ces temps difficiles, un club aux reins solides». En Allemagne, les seules valises qu’on aimerait que Thomas Müller fasse, ce sont celles pour se rendre à l’Euro, et filer un coup de main à cette Mannschaft parfois tristounette.