ajorque (ludovic) (J.Prevost/L'Equipe)

Ludovic Ajorque (Strasbourg) : «Le déclic, c'est le match contre Rennes»

Auteur de son dixième but de la saison contre Dijon le week-end dernier, Ludovic Ajorque symbolise le retour en forme de Strasbourg depuis début décembre. Pour FF, le buteur du Racing s'est penché sur l'excellente dynamique des Alsaciens. Sans oublier ses ambitions collectives et personnelles pour la seconde partie de saison.

«Ludovic, d’abord comment est-ce que ça va dans une saison très spéciale ?
Aujourd’hui ça va bien parce qu’on a commencé à remonter la pente au classement. Mais c’est vrai que la saison est très particulière. On a des impératifs à respecter pour le club, il faut rester en Ligue 1. Au début c’était compliqué de prendre du plaisir dans ce contexte, surtout dans des stades vides. On voit aussi tout ce qu’il se passe hors foot, c’est une sensation bizarre... Maintenant on a pris l’habitude, on trouve d’autres motivations et on essaye de rester concentrés pour mettre du baume au cœur au public.
 
Après 11 journées, le club était 19e avec six petits points. Depuis, vous en avez pris 18 en dix journées. Comment expliquez-vous ce renouveau soudain ?
On a d’abord eu une préparation tronquée par les nombreux cas de Covid dans le groupe. Pour le premier match à Lorient, on n’était pas en forme physiquement. Tout le monde n’était pas au même niveau. C’est revenu au fil de la saison, en enchaînant les matches. La trêve hivernale nous a permis de bien bosser tous ensemble. C’est plus facile d’être tous concentrés de bout en bout maintenant que tout le monde est en forme. Quand t’es bien physiquement, tu peux te focaliser à 100 % sur le jeu. Sinon, tu t’éparpilles et tu perds le fil. Il faut aussi un peu de chance. On en a manqué en début de saison en prenant des buts bizarres et aujourd’hui ça va dans notre sens.
 
Quel était le message de Thierry Laurey pour vous garder mobilisés quand votre saison tardait à décoller ?
Ne pas lâcher et continuer à travailler. Il n’y a pas de secret. Dans le foot comme dans tous les métiers c’est le travail qui paie. On s’est réfugié dedans à l’entraînement et ça fini par porter ses fruits.
 
De votre point de vue est-ce qu’il y a eu un moment clé qui a permis le déclic, ou est-ce que c’est venu progressivement ?
Le déclic, c’est le match contre Rennes (1-1, le 27 novembre). On mène 1-0 avant de prendre un rouge en première mi-temps. Derrière, on a su tenir tout le match. Ça nous a montré ce qu’on était capable de faire en restant solidaires. Depuis, on est beaucoup plus costauds mentalement.

A titre personnel, vous êtes sur une série de quatre buts sur les quatre derniers matches et vous venez d’atteindre la barre des dix buts en Ligue 1 pour la première fois de votre carrière. C’est l’arrivée d’Habib Diallo qui vous a mis un coup de fouet ?
(Rires) Non je ne pense pas ! L’arrivée d’Habib m’a surtout aidé. On s’entend très bien, il marque aussi beaucoup. Ça me permet d’avoir plus d’espace sur le terrain et idem pour lui. On s’aide très bien et ça fonctionne. C’est vrai que j’ai pu battre mon record de buts avec le club en Championnat et je suis super content. Mais c’est difficile de parler de soi-même. J’essaye de faire le maximum pour l’équipe. En ce moment c’est toute l’équipe qui tourne très bien. On joue mieux, on ne prend pas de buts, on est tous dans une bonne forme. Forcément, je profite de tout ça.

«Avec Habib Diallo, on s'entend très bien»

Plus sérieusement, comment est-ce qu’on s’adapte quand on doit évoluer avec un autre attaquant dont le profil se rapproche du sien ?
On travaille beaucoup à l’entraînement. Dès son arrivée, on a beaucoup été associé pour bosser des combinaisons. Bien être coordonnés, pour que quand l’un décroche, l’autre monte. Des choses simples que tout duo d’attaque doit maîtriser. On répète énormément. On apprend aussi à se comprendre, à se connaître. Pour le moment ça marche bien même s’il joue à un poste qui n’est pas le sien habituellement depuis deux-trois matches. Malgré ça, il fait très bien son boulot. Avec un garçon aussi sympa ç'a été assez simple. Il s’est vite adapté et travaille pour l’équipe. On s’entend très bien.
 
Après un début de carrière laborieux tu as enfin trouvé de la stabilité en Alsace. C’est ce qui explique ta régularité ?
Je pense oui. C’est vrai que j’ai eu un début de carrière très compliqué. Des prêts en National, des essais pour signer à Clermont qui m’a beaucoup aidé et je ne l’oublie pas. Aujourd’hui, être ici dans un club sain, bien structuré, ça m’aide énormément. On a tout ce qu’il faut pour très bien travailler ici. Ça me permet de continuer à progresser.
 
Un de vos modèles, Guillaume Hoarau, en était à 33 buts après trois saisons en Ligue 1, vous en êtes à 27. C’est jouable non ?
(Rires) Je ne savais pas. C’est clair que c’est jouable ! J’espère, en tout cas je vais tout faire pour. Quand j’étais encore à La Réunion je regardais beaucoup ses matches. Il jouait dans des grands clubs, c’était une référence. Il m’a beaucoup inspiré.
 
On a l’impression que dans cette saison particulière le Racing n’a plus grand-chose à espérer. La zone rouge est maintenant à neuf points mais devant l’écart est déjà conséquent…
C’est compliqué oui. On a beaucoup de retard sur le haut du tableau. Mais après notre début de saison, on a vraiment cet objectif très clair de se maintenir le plus rapidement possible. Donc on regarde encore derrière parce qu’on sait la situation dans laquelle on était il n’y a pas encore longtemps. Tout va très vite donc on fait en sorte de mettre encore plus de distance. Une fois qu’on sera maintenu on pourra peut-être regarder plus haut. Mais pour l’instant l’objectif dans l’esprit de tous est de maintenir le club en Ligue 1.
 
Sur les cinq prochaines journées Reims, Metz, Brest et Angers sont notamment au programme. Ça s’annonce charnière non ?
Oui, comme ça l’a été en ce mois de janvier. Ce sont des concurrents directs, il va falloir prendre le plus de points possibles contre ces adversaires pour se maintenir. C’est ces matches là qui décideront du maintien, pas ceux contre Paris, Lyon ou Marseille. Il faut en profiter pour se mettre à l’abri. Ensuite, on verra.»

Quentin Coldefy