Bruno Fernandes of Manchester United and Maxime Gonalons of Granada during the UEFA Europa League Quarter of Final round one match between Granada Futbol Club and Manchester United at Nuevos Los Carmenes Stadium on April 8, 2021 in Granada, Spain. *** Local Caption *** (Joaquin Corchero/AFP7/PRESSE S/PRESSE SPORTS)
Maxime Gonalons (Grenade) : «Ce qui nous arrive depuis deux ans est fabuleux»
Pour la première saison européenne de son histoire, Grenade est parvenu à se hisser en quart de finale de Ligue Europa. Une superbe performance à laquelle contribue Maxime Gonalons après des passages à la Roma et à Séville. Pour FF, l'ancien capitaine de l'OL décrit ce que vit le club andalou depuis maintenant deux saisons.
«Dans quel état d’esprit êtes-vous avant ce quart de finale retour de Ligue Europa (défaite 0-2 à l'aller en Espagne face à Manchester United) ?
Je pense qu’il y avait mieux à faire sur le premier match. Ça se joue sur des détails, c’est dommageable. Maintenant, c’est passé et on a la chance d’avoir ce match retour. Il ne faudra pas se poser de questions et croire en nos chances. Parce que même si ce sera très difficile, on est capables de renverser ce quart de finale.
Lire : Notre résumé du match aller
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A l’aller, on a eu le sentiment que vous n’avez pas réussi à emballer le match et à mettre du rythme.
On a quand même eu quelques situations. Il a nous manqué de l’efficacité et de la réussite. De leur côté, ils nous ont fait mal sur le peu de situations qu’ils ont eu. C’est toujours difficile de faire une vraie analyse parce ce genre d’équipes ne fait pas de cadeau. Même s’ils ne sont pas bien dans le match, il suffit d’une contre-attaque, d’une différence individuelle. C’est là où la différence se fait. Quand tu leur laisses la moindre faille, il s’y engouffre…
«Faire le match parfait»
Comment faire pour que ce scénario ne se reproduise pas ?
Comme à l’aller ou contre Naples, il faudra faire le match parfait. Être efficaces dans les deux surfaces, aller chercher un petit brin de réussite et surtout ne pas se précipiter. Essayer d’avancer dans le match et de ne pas céder dans les moments importants.
On vous sent assez détendu.
Oui complètement. J’ai connu ça à l’OL, à la Roma, à Séville. Aujourd’hui, je me retrouve dans un club où on est en train d’écrire l’histoire. Il faut prendre les choses comme elles viennent. Ce qui nous arrive depuis deux ans est fabuleux. L’expérience sert toujours dans ces moments-là. Même si on n’en a pas beaucoup dans l’équipe parce que très peu de joueurs ont connu ces matches européens. Mais on ne se pose pas de questions, on a confiance et on connaît nos forces et nos faiblesses. On prépare le match de la meilleure des manières pour essayer de leur poser un certain nombre de problèmes.
Personnellement, hormis votre passage à la Roma, vous n’aviez plus joué aussi régulièrement en Europe depuis vos années lyonnaises. Retrouver le niveau européen a-t-il été difficile ?
Pas du tout. On a la chance d’être dans un Championnat incroyable et de se confronter à de très grandes équipes. Et puis, j’ai dû jouer cette compétition une dizaine de fois alors que c’est ma douzième année en professionnel. Jouer tous les trois jours, pour moi, c’est le top, j’ai besoin de ça. J’ai toujours été habitué à jouer beaucoup de matches dans les saisons. Même l’an passé, notre énorme parcours en Coupe du Roi nous a amené à jouer pas mal de rencontres malgré l’absence de Coupe d’Europe. Être de retour au niveau européen, c’est toujours magnifique. Je sais ce que c’est, j’ai vécu de grands moments en Ligue des champions ou en Ligue Europa. Ce sont toujours de sacrées histoires. Surtout avec ce club.
«Aujourd'hui, je me retrouve dans un club où on est en train d'écrire l'histoire.»
Est-ce que cela veut dire que l’on prend plus facilement du plaisir à jouer l’Europe dans un club pas censé se retrouver à ce niveau ?
C’est complètement différent. A l’intérieur du club, j’ai vu des gens pleurer quand on s’est qualifiés pour la première fois en Coupe d’Europe. On sent que tout le monde est en plein rêve après des années de galère. Avant le match contre Manchester, les supporters en dehors du stade, c’était incroyable. Ici, c’est une histoire que je n’oublierai jamais.
Qu’avez-vous appris depuis que vous jouez en Espagne ?
C’est un football qui me correspond parce qu’il ressemble à celui auquel j’ai été formé à Lyon. Un football technique, fondé sur la possession et le jeu offensif. Quand tu arrives en Espagne, tous les jours c’est ballon, ballon, ballon. Pour un joueur c’est génial.
L’an passé, vous battez Bilbao 4-0 pour la dernière journée de Liga et arrachez cette place européenne. Est-ce votre plus beau souvenir ici pour le moment ?
C’est un bon mais aussi un mauvais. Parce qu’on se souvenait encore de cette demi-finale de Coupe du Roi à la maison contre Bilbao (NDLR : élimination malgré une victoire 2-1 le 5 mars 2020). On était à dix minutes d’accéder à une finale. Tout était magique et ce but nous tue. Mais, oui, c’est sûr que cette victoire en fin de saison qui nous qualifie pour les phases préliminaires était un énorme moment.
«Je n'aurais jamais imaginé vivre ça en signant ici»
En rejoignant Grenade, vous attendiez-vous à jouer l’Europe si vite ?
Je n’aurais jamais imaginé vivre ça en signant ici. Après, au fur et à mesure de la saison dernière, mon avis avait bien changé parce qu’il y a de la qualité. On n’est pas là par hasard. Je ne suis pas surpris de ce qu’on a fait la saison dernière et de ce qu’on fait aujourd’hui. Ça fait deux ans qu’on écrit l’histoire du club que ce soit en Liga, en Coupe du Roi ou en Ligue Europa. C’est sûr que c’est une drôle d’histoire. A Lyon, à Rome ou à Séville, c’est une obligation de jouer la coupe d’Europe. Ici, normalement, on signe pour jouer le maintien.
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— Maxime Gonalons (@MaxGonalons) August 11, 2020
«J'ai vu des gens pleurer quand on s'est qualifiés pour la première fois en Coupe d'Europe.»
D’autant plus que ça ne sera pas facile de décrocher une place européenne en Liga cette saison.
C’est sûr qu’on est un peu loin de la 6e place, ça va être compliqué parce qu’on doit encore affronter trois des quatre premiers. Mais on ne sait jamais. L’an dernier, l’Espanyol jouait la Ligue Europa et est descendu en fin de saison. Beaucoup pensaient que ce serait notre cas cette saison. Mais non. On s’en est même très bien sorti parce qu’on a eu beaucoup de cas de Covid et de joueurs importants blessés pendant de longues semaines. Ça montre le caractère de cette équipe, du staff et de ce club. Même dans la difficulté, on n’a jamais rien lâché.
Le meilleur moyen serait donc de renverser Manchester ce jeudi.
Complètement. Et puis plus il y a de matches mieux c’est. J’ai eu la chance de jouer trois demi-finales européennes dans ma carrière. Malheureusement je n’ai jamais franchi le cap. Lors de ma première saison en pro à l’OL, le Bayern était carrément au-dessus, mais après, contre l’Ajax avec Lyon et contre Liverpool avec la Roma, ça s’est toujours joué à un but. C’étaient d’énormes désillusions, des choses qui marquent. Contre l’Ajax, ç'a été le match qui a été le plus dur à accepter de mes années lyonnaises. Être là à ce stade de la saison, ce n’est pas quelque chose qui arrive chaque année. Il faut qu’on en ait conscience pour ne pas avoir de regrets.»
«Il y a des années où il est possible de créer des exploits»
Et pour la première campagne européenne de l’histoire du club, vous accédez directement aux quarts de finale. Qu’est-ce qui fait votre succès ?
Le club s’est bien stabilisé ces dernières saisons. Il y a eu un recrutement intelligent, il y a une vraie osmose entre les joueurs animée par l’entraîneur et le staff. On fait du super bon boulot parce que tout le monde y met du sien. On a un groupe qui ne se donne pas de limites. Aujourd’hui, on est quasiment maintenus à huit journées de la fin, ce qui est très rare pour Grenade. L’année dernière, on a battu le record de points du club en Liga.
Vous vous êtes même permis de sortir le Napoli.
C’était un grand moment. On n’a pas éliminé n’importe qui.
Ces dernières années, plusieurs clubs moins huppés ont réussi de beaux exploits dans leur Championnat et en Europe. Est-ce la preuve que le football reste ouvert malgré la domination d’une poignée de grands clubs ?
C’est toujours mieux d’avoir des moyens. Mais dans le football, quand on croit en ses possibilités et qu’on a la mentalité de ne pas avoir peur de grand-chose, on est capables de faire de belles choses. Bien sûr, il faut de la qualité dans le groupe, de la cohésion. On peut avoir des résultats comme ça, c’est la beauté de ce sport. Les plus puissants gagnent souvent les plus grandes compétitions, mais on sait qu’il y a des années où il est possible de créer des exploits. Pour ma part, quand je rentre sur le terrain, qui que ce soit en face, je pense qu’on est capables de gagner. Jeudi, il faudra être intelligents. Ne pas sauter à l’abordage d’entrée pour absolument marquer vite. Il faudra faire preuve de patience dans le jeu.
Gonalons, époque OL, face à l'Ajax. (ANP SPORT/PRESSE SPORTS/PRESSE SPORTS)
«J'ai eu la chance de jouer trois demi-finales européennes dans ma carrière. Malheureusement je n'ai jamais franchi le cap.»
Quentin Coldefy