Lorsqu’il débarque à Lyon au mois de janvier 2017, Memphis Depay a tout à prouver. Très prometteur en Eredivisie avec le PSV Eindhoven, le joueur alors âgé de 22 ans n’est pas parvenu à franchir la marche en rejoignant Manchester United. Trop inconstant, il pousse ses dirigeants à l’envoyer prendre l’air entre Saône et Rhône. Avec son statut d’espoir en attente de confirmation dans ses valises. L’acclimatation a pris du temps et les performances n’ont pas toujours été au niveau de son statut. Mais, un peu plus de quatre ans jour pour jour après son arrivée, force est de constater que le pari est réussi. A quelques mois de la fin de son contrat, il est devenu le capitaine des Gones et, surtout, un top player de Ligue 1 capable de faire de cet OL un candidat crédible au titre de champion de France à l’issue de la saison.
Des chiffres qui pèsent lourds
Il n’y a qu’à jeter un œil sur les chiffres affichés par l’international hollandais cette année pour se rendre compte de son envergure. Après 25 matches de Championnat, le compteur indique déjà 13 buts et six passes décisives. Ce qui en fait le deuxième buteur et septième passeur. Des stats de véritable leader d’attaque dans le système de Rudi Garcia. En Ligue 1, seul le glouton Mbappé s’est montré plus décisif depuis le début de l’exercice. Et encore, c’est peut-être parce que l’OL pèche dans la finition au contraire de ses concurrents du haut de tableau. Car Depay pourrait cumuler des statistiques encore plus probantes si ses partenaires se montraient plus adroits au moment de conclure. Avec 8,9 expected assists, il est le leader du Championnat dans ce domaine, reléguant son premier poursuivant (Di Maria) a plus d’une xA. Et contrairement au duo Toko Ekambi-Kadewere qui l’accompagne pour mener les offensives lyonnaises, le Néerlandais ne se manque pas lorsqu’il s’agit de finir lui-même les actions (13 buts pour 11,5 expected goals).
A vrai dire, Depay est omniprésent et prouve qu’il est devenu un joueur offensif bien plus complet que le jeune attaquant soliste qu’il était en débarquant dans le Rhône. Toujours attiré par les différences individuelles, il reste parmi les dribbleurs les plus réguliers de Ligue 1 (52 dribbles réussis, 6e total de L1). En attaquant naturel qu’il est, il se montre logiquement attiré par le but. Avec 61 tirs depuis la reprise, il est le 4e joueur à avoir le plus tenté sa chance. Et fait parler la poudre dans une multitude de positions : dans la surface adverse, à longue distance, sur coup de pied arrêté… Finisseur essentiel pour son club, il est aussi progressivement devenu un créateur majeur. Au cœur d’un OL qui se régale en transition et dans la verticalité depuis le début de saison, Depay occupe un rôle différent des saisons précédentes. Accompagné de deux flèches en attaque, il assure leur approvisionnement par des décrochages fréquents au cœur du jeu pour leur ouvrir les espaces et permettre aux milieux de terrain de les servir dans la profondeur. S’il ne le fait pas lui-même. Car avec 62 passes clés, il est le meilleur joueur de Ligue 1 pour mettre ses partenaires en position de tir.
Une influence XXL sur les résultats de l'OL
Depay l’omniprésent est aussi devenu l’indispensable de cet Olympique Lyonnais. Conscient de la dimension prise par son joueur, Rudi Garcia ne s’y trompe pas. Son numéro 10 est d’ailleurs l’unique joueur de champ de l’effectif lyonnais à avoir pris part à toutes les rencontres de Ligue 1 cette année. Meilleur buteur et meilleur passeur du club, l’ancien Red Devil pèse pour plus d’un tiers des pions de l’OL en Championnat. C’est bien simple, quand Depay se rate, l’OL passe à côté. La récente déconvenue contre Montpellier ou même le succès étriqué à Dijon en sont de parfaits exemples. Imprécis, usé et pas inspiré, il n’a pu conduire un collectif lyonnais qui s’est à chaque fois enrayé sans son apport. Depuis le début de la saison, il n’a pas été titularisé lors de quatre matches. Lyon n’en a remporté aucun. Sans lui, les Gones affichent un pitoyable 0,8 points/match sur cet échantillon. Offensivement, l’OL passe de 2,2 buts/match à 1,3 but/match selon s’il débute la rencontre ou non en Ligue 1.
Il n’y a qu’à voir les fluctuations de son rendement chiffré selon les résultats de l’OL. Son taux de passes réussies chute de 72 % à 65 % entre les victoires et les rencontres achevées sur un résultat nul ou une défaite. Même constat pour le nombre de tirs qu’il génère, qui passe de presque 5 à 4,1/match. Lorsque Lyon ne s’impose pas, c’est aussi parce que Depay est moins touché dans la surface adverse (4,2 ballons/match contre 5,47 lors des victoires) et qu’il est surtout globalement moins trouvé par ses partenaires (40,9 passes à sa destination contre 53,1 en moyenne lors des succès). Fin janvier, il était impliqué sur 112 buts depuis son arrivée à Lyon et s’était montré décisif toutes les 103 minutes de jeu. De quoi en faire le joueur le plus décisif du club sur ces quatre années.
Plus utile dans un rôle de finisseur ?
Sur un fil depuis plusieurs semaines avec des prestations moins convaincantes qu’au moment de finir l’année 2020, l’OL aura plus que jamais besoin de son capitaine pour la dernière ligne droite du Championnat. Loué et mis en avant pour son rôle de passeur en faux 9 depuis le début de la saison, Depay ne se montre pourtant jamais plus influent que lorsqu’il joue le finisseur. De 0,37 expected assists dans les victoires, il passe à 0,31 xA lorsque l’on cumule matches nuls et défaites. Même constat pour les passes tentées (de 32,7 à 29,2/match) et les progressive passes (de 2,8 à 2,7/match). Ses chiffres à la passe ne varient donc quasiment pas selon les résultats des Lyonnais. A l’inverse de ceux aux tirs. Attaquant le plus efficace de l’OL depuis le mois de septembre, son attitude vers le but est déterminante dans les résultats de son équipe. Plus Depay tente sa chance, plus l’OL performe. Ses expected goals sont réduits de plus de moitié selon si Lyon s’impose ou pas (0,59 xG/match dans les succès contre 0,25 xG sur les autres matches). Idem pour son volume de tentatives qui se réduit d’un tiers (de 2,8 tirs à 1,9 tirs/match).
Un constat chiffré qui vient nuancer l’impression visuelle d’un OL de retour au sommet grâce au nouveau rôle plus altruiste de son attaquant
oranje. Mais la belle saison des Gones est aussi le résultat de bien d’autres facteurs. Avec un entrejeu souverain et très sûr techniquement pour trouver les attaquants, nul doute que l’apport le plus décisif du Néerlandais ne se trouve pas à 35 mètres du but, mais avant tout dans la surface adverse. Car il reste d’abord un finisseur nettement plus létal que ne le sont pour le moment Toko Ekambi ou Kadewere. A 13 journées de la fin du Championnat, l’OL a une occasion en or de s’offrir une fin de saison qu’il n’a plus connu depuis plus d’une décennie. Et Depay, de conclure de la plus belle des manières son aventure débutée il y a plus de quatre ans. Pour se rapprocher du titre, il lui faudra se rapprocher du but. Avant de, peut-être, s’envoler plus haut.
Quentin Coldefy
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