Niko Kovac, l'entraîneur monégasque. (P. Lahalle/L’Équipe)

Monaco : comment Niko Kovac a transformé la défense

A la lutte pour les premières places en championnat, Monaco et l'Olympique Lyonnais se retrouvent ce mercredi en quart de finale de Coupe de France. Lors de leur premier affrontement en championnat, les Monégasques s'étaient fait corriger par les Gones (1-4). Mais depuis, Niko Kovac a trouvé la formule et son équipe fait preuve d'une solidité défensive impressionnante.

Niko Kovac et les Monégasques font grise mine en ce soir de 8e journée de Ligue 1. Ils viennent de se faire corriger par les Lyonnais (1-4) au terme d’un match qu’ils ont pourtant dominé. Les joueurs de Rudi Garcia, bien heureux de voir leur adversaire faire le jeu, ont su profiter de leurs largesses défensives. Les montées récurrentes des latéraux Ruben Aguilar et Djibril Sidibé n’ont jamais été compensées. Submergés, les défenseurs monégasques ont commis trop d’erreurs et fait trop de cadeaux face à des attaquant lyonnais réalistes. La débâcle souligne la friabilité défensive de l’équipe, bien que celle-ci ne soit pas nouvelle. En huit matches de championnat, l’ASM n’a gardé sa cage inviolée qu’une seule fois, face à Metz (1-0). Le contraste est saisissant avec une animation offensive séduisante. Monaco ne pourra pas espérer jouer le haut de tableau en encaissant autant de buts. 
 
Depuis cette correction, de l’eau a coulé sous les ponts et la troupe de Kovac s’est au fil du temps consolidée. Les erreurs individuelles courantes sont devenues rares et le Rocher est petit à petit devenu une forteresse. Un tour de magie signé du technicien croate.

Niko Kovac a trouvé l'équilibre

En l’emportant 3-0 face à Bordeaux dimanche dernier, Monaco a enchaîné un huitième clean-sheet d’affilée. Une assise défensive régulière depuis un match en particulier, un déclic, face au PSG, lors de la 26e journée de championnat. Au Parc des Princes, les Monégasques réalisent une partition tactiquement parfaite et battent leurs adversaires 2-0. Maîtrise, solidité, efficacité, la copie parfaite rendue ce soir-là montre à toute la Ligue 1 qu’en plus d’avoir une attaque de feu, les pensionnaires de Louis-II peuvent se montrer redoutables défensivement.
 
Sur quoi faut-il se focaliser pour comprendre cette métamorphose ? Le système tactique utilisé par Niko Kovac ? Pas vraiment. Si depuis trois rencontres, la tendance est au 4-2-3-1, l’ancien technicien de Francfort a utilisé trois autres animations tactiques lors des sept dernières rencontres : le 4-3-3 face à Nice (2-0), le 3-4-2-1 face à Lille (0-0) et le 4-4-2 face à Saint-Etienne (4-0). Inutile de trop se pencher sur la défense centrale, qui n’est pas figée. Trois charnières centrales utilisées lors des quatre derniers succès, le tout sans impacter l’imperméabilité de l’équipe. Les pièces du système défensif de Kovac sont interchangeables, les titulaires, qu’ils se nomment Benoit Badiashile, Guillermo Maripan ou Axel Disasi, font le boulot et sont très bien rodés. 
 
Plus que le choix des joueurs, ce sont leur attitude et la compréhension des attentes tactiques du staff asémiste qui ont transformé l’équipe. «En football, les actions se répètent. Il faut faire ses gammes pour savoir comment procéder. Désormais, chacun sait ce que le staff souhaite précisément. Tout le monde agit ou réagit en fonction des situations connues. Quand on défend comme contre Lille, il est difficile de casser nos lignes, de se créer des occasions», affirmait l’entraîneur en marge du match face à Saint-Etienne. Avec beaucoup de travail et de patience, le secteur défensif, et plus globalement toute l’équipe, a parfaitement assimilé la philosophie de jeu prônée par son chef. 

Tchouaméni-Fofana, chiens de garde complémentaires

«La patience adoucit tout mal sans remède». On ne sait pas si Niko Kovac lit Horace, mais force est de constater qu’il s’est montré patient avec Aurélien Tchouaméni et Youssouf Fofana. Malgré leur jeune âge, le technicien leur a toujours fait confiance. Il y a eu des couacs, comme cette expulsion de Fofana à Metz, heureusement sans conséquence. Mais qu’importe, le duo est devenu le facteur immuable de la tactique kovacienne. La complicité des deux compères sur et en dehors du terrain est le symbole d’un groupe à la fois solide, très jeune, et d’un vestiaire qui vit bien. A 21 et 22 ans, les milieux de terrain, arrivés en janvier 2020 sur le Rocher, forment une des paires les plus complémentaires du championnat. Les deux Bleuets font partie des hommes forts du système monégasque et sont les deux éléments les plus utilisés par le Croate (plus de 2600 minutes jouées chacun). Excepté lors du match de Coupe de France face à Nice et durant la convalescence de l’ancien Bordelais, la paire surnommée Fanamenial, est associée dans un rôle de double-pivot qui lui va à ravir depuis début novembre 2020. Aussi à l’aise dans les duels que dans le contre-pressing souhaité par Kovac, elle est un des maillons principaux de la solidité défensive monégasque. 
 
Cette herméticité défensive est surtout à mettre sur le compte du collectif. Dans un système hybride où l’accent est mis sur le pressing et le contre-pressing, les joueurs offensifs sont les premiers défenseurs. De l’attaquant au gardien de but, l’AS Monaco connaît la recette pour bien défendre. Et ça tombe bien, dans un sprint final où le Rocher compte défendre ses chances de titre et de Coupe de France jusqu’à la fin.
 
Face à Lyon mercredi soir, une série s'arrêtera forcément. Il faut remonter au 17 janvier et une défaite face à Metz pour trouver un match où les Lyonnais n’ont pas marqué (15 matches consécutifs en marquant au moins un but.) Les Gones devront se méfier, les Monégasques ne seront pas aussi naïfs qu’à l’aller.
 
Corentin Richard