Soccer Football - World Cup Qualifiers Europe - Group A - Portugal v Azerbaijan - Allianz Stadium, Turin, Italy - March 24, 2021 Portugal's Andre Silva in action REUTERS/Massimo Pinca (Reuters)

Portugal : André Silva à l'heure de pointe

Seul Robert Lewandowski marque plus que lui en Bundesliga. Avec 21 buts cette saison, André Silva réalise une saison formidable sous le maillot de l'Eintracht Francfort. Pour autant, l'attaquant portugais doit encore se battre pour se faire une place au sein de sa sélection, alors que le temps est compté à moins de trois mois de l'Euro. Focus avant un match au Luxembourg (ce mardi, 20h45) très important pour lui dans cette optique.

Au milieu des habituels Robert Lewandowski, Lionel Messi, Luis Suarez ou Kylian Mbappé, le classement du Soulier d'Or européen fait apparaître cette saison un nom peu familier de ces sommets, celui d'André Silva. Avec l'Eintracht Francfort, l'attaquant portugais n'arrête pas de trouver le chemin des filets, transpercés à 21 reprises en Championnat d'Allemagne cette année, comme Erling Haaland. Sans jouir de la même notoriété que le Norvégien, le joueur formé au FC Porto affole les compteurs, une habitude depuis la reprise de la Bundesliga en mai dernier : lors de la fin de saison passée, il était déjà le deuxième meilleur buteur de Bundesliga après le "restart" (huit buts en dix matches), derrière l'inévitable Robert Lewandowski (neuf réalisations). Ces chiffres devraient faire pâlir n'importe quel attaquant portugais n'étant pas quintuple Ballon d'Or France Football et asseoir son statut de leader offensif en équipe nationale. Pourtant, André Silva, écarté lors des derniers matches de Ligue des Nations en novembre, a effectué son retour en sélection lors de ce rassemblement de mars. Sa titularisation face à l'Azerbaïdjan mercredi dernier (1-0) était même la première avec la Seleção depuis 2019.

La malédiction du "neuf" portugais

Ses 75 minutes passées sur la pelouse de Turin face aux Azéris n'ont pas marqué les esprits. L'attaquant de Francfort a souffert de l'omniprésence de "CR7" dans l'axe (deux fois moins de ballons touchés) et n'a été trouvé en bonne position qu'à une seule reprise, sur une tête trop croisée (12e). Samedi, il a assisté du banc de touche au relâchement de ses coéquipiers, incapables de maintenir la pression offensive et de garder leurs deux buts d'avance en Serbie (2-2). 

Ses statistiques en sélection, avec 16 buts en 38 capes, sont pourtant très intéressantes. Déjà très efficace dans les catégories inférieures, avec notamment une troisième place au classement des buteurs de la Coupe du monde des moins de vingt ans en 2015 (quatre buts), André Silva avait séduit Fernando Santos la veille de l'Euro 2016, un soir de doublé en finale de Coupe du Portugal avec Porto face à Braga (2-2 a.p., 2 t.a.b. à 4). Trop juste pour être inclus dans sa liste en vue du tournoi disputé en France, dévoilée quatre jours plus tôt. Passé tout proche de figurer parmi les vingt-trois champions d'Europe 2016, André Silva devenait un membre régulier du groupe après la compétition. Ses débuts avec le maillot portugais étaient plus que prometteurs : avec sept buts lors de ses huit premières apparitions, le pays s'imaginait avoir trouvé le successeur tant attendu de Pedro Miguel Pauleta (47 buts en 88 sélections), retraité depuis 2006. Depuis, Helder Postiga, Hugo Almeida et Eder s'étaient succédé à la pointe de l'attaque lusitanienne, sans parvenir à convaincre dans la durée, incitant de plus en plus Cristiano Ronaldo à évoluer dans une position moins excentrée. Ses performances invitaient même à une comparaison avec l'ancien buteur Nuno Gomes (1997-2011), qu'il imitait en marquant quatorze fois lors de ses 29 sélections. 

Qui pour épauler Cristiano Ronaldo ?

Mais son exil raté au Milan AC en 2017 (deux buts en vingt-cinq matches) le reléguait au statut de remplaçant en vue du Mondial russe et les blessures le contraignaient à déclarer forfait pour le Final Four victorieux de la Ligue des Nations en 2019. Son retour en grâce à Francfort, où il a été transféré du Milan contre seulement neuf millions d'euros l'an dernier, l'a remis dans le droit chemin : depuis, le Portugais a montré qu'il n'avait rien perdu de ses qualités de joueur de surface, dans laquelle il a inscrit tous ses buts cette saison, dont six penalties. A l'heure où les profils d'attaquants de soutien n'ont jamais été aussi nombreux en sélection (Joao Felix, Diogo Jota, Pedro Neto...), les places dans l'axe valent cher derrière l'inusable Ronaldo, indétrônable dans la hiérarchie. Face au Luxembourg ce mardi, Fernando Santos pourrait recourir de nouveau au 4-4-2 en l'absence pour suspension de Bruno Fernandes. L'occasion unique pour André Silva de faire basculer son destin estival, au moment où son pays défendra pour la première fois un titre majeur. Un virage dans le Grand-Duché à ne pas manquer. 

Oscar Lippert