3rd October 2020, London - Premier League - Chelsea v Crystal Palace - Timo Werner of Chelsea - Photo: Charlotte Wilson / Offside. *** Local Caption *** (Charlotte Wilson/OFFSIDE/PRESS/PRESSE SPORTS)

Pourquoi il ne faut pas s'inquiéter pour Timo Werner à Chelsea

En crise de confiance depuis plusieurs mois, Timo Werner n'a pas retrouvé l'efficacité depuis l'arrivée de Thomas Tuchel à Chelsea. Mais à y regarder de plus près, l'attaquant allemand a les atouts pour inverser la tendance.

Parce qu'il ne chasse pas que pour lui

Sa colossale saison 2019-20 avec le RB Leipzig (28 buts en Bundesliga) a généré des attentes considérables autour de Timo Werner, et peut-être une vision légèrement biaisée de son profil d'attaquant. Oui, l'international allemand est un chasseur, mais non, il n'est pas (le sera-t-il un jour ?) de la trempe de ceux qui empilent les buts par trentaines saison après saison. Entre Werner et le but adverse, c'est surtout une histoire de cycles, et celui qu'il traverse depuis son arrivée à Chelsea est du genre vicieux (5 buts inscrits en Premier League pour 9.9 xG, une période de 1000 minutes sans marquer). Les maladresses répétées du joueur de 25 ans à la finition passent mal, forcément, alors qu'il a rejoint les Blues l'été dernier contre un chèque de 53 millions d'euros. Une efficacité plus en accord avec la qualité de ses occasions aurait d'ailleurs sans doute épargné Frank Lampard, remplacé fin janvier par Thomas Tuchel.

Mais dans une équipe au jeu offensif souvent trop scolaire, Werner a aussi parfois surnagé, attaquant l'espace, étirant la défense, facilitant le jeu de ses partenaires. Sa moyenne de situations de tirs créées ("Shot Creating Actions") est certes inférieure à l'an dernier (2,91 contre 3,77 par 90 minutes), mais pas si éloignée de sa moyenne en carrière (3,04). Et depuis le changement de coach, Werner a nettement progressé dans ce domaine, culminant à 3,3 SCA par 90 minutes. Bien moins adroit dans le dernier geste, donc, mais toujours utile à la productivité de son équipe. Un apport qui ne suffit évidemment pas aujourd'hui, mais qui le mettra encore plus en valeur lorsqu'il aura retrouvé une efficacité décente. «Les qualités de buteur, on les a ou on ne les a pas, et lui les a clairement, affirmait Tuchel il y a quelques jours. Il marque tellement de buts depuis qu'il a 14 ou 15 ans, donc il a ces qualités-là et il ne va pas les perdre.»

Parce que Tuchel saura le mettre en lumière

Au PSG, Thomas Tuchel n'a pas tout réussi. Mais il est parvenu à placer ses meilleurs éléments dans les meilleures dispositions sur le terrain pour mettre leurs qualités en avant (Neymar, Mbappé, Verratti). Avec les Blues, il a un challenge similaire à relever avec une animation offensive en chantier malgré d'innombrables talents individuels (Werner, Havertz, Ziyech, Mount, Hudson-Odoi...). Le technicien allemand a d'ailleurs rappelé à plusieurs reprises ce défi : «C'est mon job de créer les espaces et les occasions pour faire comprendre à tout le monde comment nos attaquants aiment avoir le ballon et comment les rendre le plus dangereux possible.» Bien conscient que son approche actuelle, avec une possession très élevée et une position moyenne très haute face à des adversaires souvent regroupés, ne correspondent pas exactement aux qualités de son numéro 11, Tuchel se montre donc patient.

Interrogé mardi sur la frustration de son joueur, le manager des Blues a été clair : «Il n'a pas de raison d'être frustré, il a fait un grand match contre Liverpool (1-0), peut-être son meilleur depuis que je suis arrivé, et a été bon contre Everton (2-0), avec des occasions qu'il aurait concrétisées en temps normal. Il n'a pas marqué, ça arrive, ça peut affecter sa confiance mais ce qu'on lui conseille, c'est de ne pas se focaliser sur ses statistiques mais sur le processus. Il doit améliorer sa prise de décision, son application technique, et le ballon fera le reste.» Mais pour remettre la tête de son joueur à l'endroit, la bienveillance n'empêche pas l'exigence, comme l'ont prouvé les fermes remontrances du coach en plein match face à Everton sur le positionnement de Werner, trop souvent côté gauche alors qu'il devait évoluer à droite.

Parce que l'évolution de Havertz (et de Ziyech ?) peut l'aider

Autre grand talent dont l'adaptation à Chelsea prend un certain temps, Kai Havertz a montré de réels signes de progrès depuis quelques rencontres. Aligné dans une position de faux avant-centre, comme en fin de saison dernière à Leverkusen, le diamant allemand a joué un rôle intéressant à un poste auquel Thomas Tuchel multiplie les essais (Werner, Abraham, Giroud, Havertz). Dans ce rôle hybride, Havertz occupe l'espace central tout en jouant son rôle de playmaker, ce qui doit notamment permettre à Werner d'utiliser ses qualités dans les demi-espaces. L'association est évidemment encore loin d'être optimale (les deux hommes n'avaient échangé que 7 ballons face aux Toffees), mais l'idée est à creuser.

Pour le bien de Chelsea, qui s'appuie jusqu'à présent sur une base défensive solide et un jeu patient plutôt que sur une grande liberté offensive, il serait également bienvenu que Hakim Ziyech franchisse un cap. Imaginer le Marocain renverser le jeu comme il sait si bien le faire pour exploiter les appels "signature" de Werner avait de quoi faire saliver les fans londoniens. On peut comprendre leur frustration et leur impatience, d'autant que les premiers pas du duo allemand puis de l'ancien de l'Ajax avaient fait naître des promesses finalement sans lendemain. Le temps a passé, Timo Werner a beaucoup vendangé, mais la confiance de ses entraîneurs successifs ne s'est pas effritée (troisième temps de jeu de l'effectif derrière Mason Mount et Édouard Mendy). Preuve que dans l'esprit de Lampard puis de Tuchel, le chantier était majoritairement annexe. Pour l'ancien du RBL, il s'agirait de marquer, évidemment. Mais certainement pas de capituler.

C.C.

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