
(L'Equipe)
Pourquoi Lens et Metz marchent-ils si bien ?
Plutôt attendus en bas du classement, Lensois et Messins poursuivent leur excellente saison et restent en lice pour une éventuelle qualification européenne. FF met en avant les bonnes recettes des deux équipes.
Lens 5e, Metz 7e. Non non, ce n’est pas un classement de la fin des années 1990, mais bien celui de la Ligue 1 version 2020-21. Cette saison folle où Paris ne domine pas outrageusement les débats et où les hommes de Franck Haise et ceux de Frédéric Antonetti s’invitent à la fête en haut du classement. Un succès qui a de quoi étonner mais qui récompense deux formations ambitieuses et réfléchies.
Ce qu'ils ont en commun
Le 3-5-2, un système qui donne des ailes
La réussite du RC Lens et du FC Metz cette saison est aussi celle d’un système, le 3-5-2. Instauré par Franck Haise lors de sa courte prise en main de l’équipe alors en Ligue 2, il a été reconduit cette saison confirmant la volonté du technicien Sang et Or de jouer un football protagoniste. A l’inverse, les Grenats avaient débuté leur saison dans un 4-3-3, un système jugé idéal d’abord par Vincent Hognon puis son successeur Frédéric Antonetti. L’entraîneur corse a décidé d’ajuster début décembre, après une lourde défaite à Saint-Symphorien face à l’OL (1-3) : place désormais à un système à 3 défenseurs centraux, permettant de relancer Kiki Kouyaté au cœur du trio défensif. S’en est suivie une série de cinq victoires et quatre nuls contre une seule défaite, qui a définitivement éloigné les Lorrains de la zone de relégation.
Kakuta et Boulaya, des meneurs de jeu performants
Les deux pièces maîtresses du système de Franck Haise et Frédéric Antonetti. Gaël Kakuta et Farid Boulaya gèrent le tempo des offensives de leur équipe respective et s’épanouissent pleinement dans leur rôle de numéro 10. L’ancien joueur de Chelsea retrouve de belles sensations du côté de Lens et est souvent à l’origine des différences créées par les Nordistes. Il est le joueur lensois le plus décisif en Ligue 1, avec neuf réalisations et quatre passes décisives. Son vis-à-vis messin n’a pas à rougir. Légèrement moins en vue niveau statistiques (cinq buts et cinq passes décisives), il n’en reste pas moins un poison pour les défenses adverses. Elu meilleur joueur du mois de janvier en Championnat, l’international algérien (1 sélection) respire la confiance et jouit d’une liberté fondamentale cette saison, lui permettant de fluidifier le jeu lorrain.
50 - Top implication sur les tirs de son équipe en Ligue 1 2020/21 (tirs+dernières passes avant un tir):
— OptaJean (@OptaJean) December 15, 2020
?Florian Thauvin (Marseille) - 43% (50/115)
?Farid Boulaya (Metz) - 38% (57/150)
?Amine Gouiri (Nice) - 36% (53/147)
Etincelles ?. pic.twitter.com/wupSg2VLqp
Deux équipes à l’aise à l’extérieur
Dans une saison sans public, difficile de dire si jouer hors de ses bases a un quelconque impact. Mais leurs performances à l’extérieur ne sont pas étrangères à la position qu’occupent ces deux formations au classement. Lens est la quatrième équipe qui ramène le plus de points de ses voyages (25), derrière Lyon, Paris (29) et Lille (30), tandis que Metz figure au sixième rang (22 points). C’est même simple, c’est lorsqu’ils sont loin de leur enceinte habituelle que les deux surprises de cette saison se gargarisent le plus (19 points chacun à domicile). Leur dynamique est d’ailleurs excellente, puisque sur les cinq dernières rencontres à l’extérieur en Ligue 1, Lens n’a pas connu une fois la défaite (trois victoires, deux nuls), alors que Metz s’est imposé à quatre reprises, pour un seul revers.
Des favoris à la 5e place au ralenti
Si ces deux formations d’abord destinées à assurer leur maintien se retrouvent à la lutte pour la 5e place, c’est aussi la conséquence de l’irrégularité des prétendants naturels à l’Europe. Marqués par leurs échecs en phase de groupes de Ligue des champions, l’Olympique de Marseille et le Stade Rennais sont relégables lors de la phase retour, avec un seul succès en neuf matches. Candidats au top 5 en début de saison, Nice (11e) et Montpellier (8e) payent eux leurs mauvais résultats au cœur de l’hiver tandis qu’Angers, belle surprise de la première partie de saison, stagne à un point par match depuis deux mois.
Ce que Lens a en plus
Prime à l’offensive
Sixième meilleure attaque du Championnat avec 42 buts marqués, Lens applique à la lettre les principes de jeu bien précis de son entraîneur : un pressing haut à la perte du ballon, avec un recours au marquage individuel, et une prise de risque importante à la relance. Tirant le constat que le 3-5-2 est le plus adapté à ses hommes, Haise permet à Gaël Kakuta d’évoluer librement derrière les deux attaquants tandis que les pistons enchaînent les allers-retours sur leur couloir. A ce titre, Jonathan Clauss affiche des statistiques offensives impressionnantes pour un défenseur droit de métier (un but et trois passes décisives lors des 6 derniers matches).
Une régularité dans les résultats
On dit souvent que le promu surfe sur la dynamique de sa montée. Sauf que cette intersaison a été bien plus longue qu’à l’accoutumée et qu’il a fallu repartir de très bas en termes de préparation physique. Mais Lens a su créer sa dynamique dès le début de la saison en remportant trois de ses cinq premiers matches, dont un à Bollaert contre Paris (1-0). Les Sang et Or ont surtout maintenu une régularité rare pour un promu, puisqu’ils n’ont jamais enchaîné plus de deux défaites consécutives – une seule fois, début janvier à Lyon puis contre Strasbourg -, et plus de trois matches sans victoire. Le squad de Franck Haise a en prime gagné des points là où il n’était pas attendu. Notamment à Monaco mi-décembre (3-0).
Ce que Metz a en plus
Une solide défense
Il n’y a pas de secret, les bonnes performances passent nécessairement par une bonne assise défensive. Et en la matière, les Messins se débrouillent plutôt bien. Avec 27 buts encaissés en 28 matches, le club lorrain est la quatrième plus solide défense du Championnat. Seuls Lyon (25 buts) Paris et Lille (17 buts) font mieux. La saison passée, les Grenats avaient vu le ballon franchir la ligne 34 fois (en 27 rencontres). Le trio Bronn-Kouyaté-Boye réalise de bonnes prestations, hormis contre Angers lors de la dernière journée, et sort parfois Metz de situation compromettantes. Sur les phases défensives, les pistons Delaine et Centonze soulagent leurs trois centraux. Fin 2020, l’ancien Lensois était d’ailleurs le roi des interceptions des cinq grands championnats, avec un total de 86.
.@centonze_fabien (@FCMetz) leads the table for most interceptions in 2020 matches at big-5? league level ? Gleison #Bremer & Cristian #Romero complete the podium ? pic.twitter.com/CN29ILhSKn
— CIES Football Obs (@CIES_Football) January 3, 2021
Fabien Centonze est le joueur ayant réalisé le plus d’interceptions sur les matches aller en 2020 dans les cinq grands championnats. Gleison Bremer et Cristian Romero complète le podium.
Quelques bonnes surprises
Le club grenat a vu juste, mais la Ligue 1 ne les attendait peut-être pas à ce niveau. Frédéric Antonetti a pu compter sur la belle forme de quelques éléments, fruit du partenariat avec l’équipe sénégalaise de Génération Foot. Pape Sarr et Lamine Gueye donnent satisfaction cette saison. Le milieu de 18 ans, qu’Antonetti a intégré au groupe pro à son retour sur le banc en octobre, se révèle précieux dans l’entrejeu avec ses capacités de récupération et de projection. Pas étonnant qu’il est inscrit trois buts depuis fin janvier. Son compatriote Lamine Gueye, ancien serial buteur du Pau FC en National (26 réalisations en 56 rencontres) apporte de la percussion sur son côté droit. Lui qui devait être prêté au Paris FC en début de saison – son transfert avait été annulé pour respecter un règlement administratif – a montré qu’il méritait sa place en Ligue 1.
Oscar Lippert et Florent Larios