Premier League : Une saison pleine d'espoirs pour le Leeds de Marcelo Bielsa

Un style offensif qui fait recette...

Voir jouer Leeds, c’est l’assuranceou presque de ne pas être déçu. En effet, les Peacocks ont cette faculté à apporter du danger et à se créer des situations. Après vingt-cinq journées disputées, les hommes de Marcelo Bielsa peuvent se targuer d’être la cinquième attaque du championnat avec quarante-trois buts inscrits. Un bilan positif qui se traduit par une grille de statistiques plutôt intéressante. Leeds est la quatrième équipe de Premier League en nombre de tirs tentés (354) et surtout, la troisième équipe derrière les deux Manchester à avoir cadré le plus grand nombre de frappes (137). Au-delà de se projeter vite vers l’avant, à la manière du style prôné par le technicien argentin, les Peacocks ont aussi la faculté d’être efficaces devant la cible et de mettre à mal les défenses adverses. Parfois ça passe, parfois ça casse. Mais une chose est sûre, le club du Yorkshire régale les diffuseurs du monde entier quand il gagne. La liste des scores fleuves est éloquente depuis le début de la saison : 4-3 contre Fulham, 5-2 face Newcastle, 5-0 à West Bromwich, 3-0 contre Southampton… Et des défaites parfois serrées : 3-4 à Liverpool, 2-4 à Arsenal. Un jeu spectaculaire, une attaque virevoltante  et surtout, une envie de poursuivre le travail réalisé en Championship. Marcelo Bielsa est un jusqu’au-boutiste, pour rien au monde il ne changerait ses ambitions ni un ingrédient de sa stratégie. Tout est calculé au millimètre pour une harmonie collective. Peu importe les critiques et l'exigence qu’ont les suiveurs à l’encontre de ce Leeds imprévisible. «Je ne m'inquiète pas trop de ce que pense la presse. J'écoute, je lis et je prends toujours le meilleur message possible, arguait l’entraîneur argentin en conférence de presse fin décembre. Mais ce qui m'inquiète, c'est que ce qui est écrit influence le public et diminue sa capacité de compréhension. Les médias essaient de déstabiliser en suggérant aux joueurs que le style de jeu doit être changé.» Et pour l’heure, force est de constater que sa méthode - parfois critiquée - réussit plutôt bien son baptême du feu en Premier League. La résilience a du bon. 

Leeds United a marqué 43 buts après 25 matchs de Premier League cette saison.

Son meilleur total de buts à ce stade de la compétition en première division anglaise depuis la saison du titre en 91/92 (48). [Sky Sports] pic.twitter.com/SN3qcwvQGq

— PLFrance_ ?? (@PLFrance_) February 23, 2021

Mais des maux défensifs à corriger

Ce n’est un secret pour personne, l’aspect défensif est le principal chantier de Marcelo Bielsa en vue des prochains mois. Meilleure défense de Championship avec trente-cinq buts encaissés lors du précédent exercice, Leeds n’est plus aussi solide. Avec déjà quarante-trois pions concédés en seulement vingt-cinq journées, les Peacocks possèdent la dix-huitième défense de Premier League, seuls Crystal Palace et West Bromwich ont fait pire. La faute à des rencontres où Leeds est passé au travers, comme cette correction vécue face à Manchester United avant les fêtes (6-2) ou les deux gifles consécutives contre Leicester (4-1) et Crystal Palace (4-1) au mois de novembre. D’ailleurs, Leeds fait partie des équipes qui ont encaissé le plus de fois trois buts cette saison avec West Bromwich (huit matches) et juste derrière Southampton (neuf matches). Pourtant, ironie des statistiques, les Peacocks ont réalisé huit clean sheets. Une inconstance qui peut s’expliquer par une faiblesse notable sur coups de pied arrêtés - avant la fin d’année civile, Leeds avait déjà encaissé quatorze buts sur ces phases - et des sautes de concentration répétés. Autre paramètre de taille, Marcelo Bielsa n’a pas été épargné par de nombreuses blessures dans le secteur défensif et doit souvent changer ses combinaisons. Depuis le début de saison, jamais une même charnière centrale n’a été alignée plus de cinq rencontres de rang ensemble. Si la dernière en date, composée de Liam Cooper et Pascal Struijk semble avoir pris le dessus, elle reste malgré tout chancelante et soumise aux futurs retours de Diego Llorente et Robin Koch. Après deux tiers du championnat, Leeds cherche encore une paire compétitive et pérenne sur la durée. Pas idéal quand on souhaite voir plus haut. Mais Marcelo Bielsa sait où gommer les dernières imperfections. 

Un collectif au diapason

À moins d’être un féru des divisions inférieures anglaises, connaître sur le bout des ongles l’effectif de Leeds n’est pas chose aisée. Il faut dire que Marcelo Bielsa s’est largement appuyé sur les hommes qui ont conduit le club à la montée en Premier League, seize ans après l’avoir quittée. Contrairement à d’autres écuries de l’élite, le board des Peacocks s’est montré très discret sur le marché en recrutant uniquement quatre joueurs. Diego Llorente (Real Sociedad), Robin Koch (Fribourg), Raphinha (Rennes) et Rodrigo (Valence). Les options d’achats d’Illan Meslier et Helder Costa ont été levées avant même la fin du Championship en juillet dernier. L’objectif était immuable pour Bielsa : se maintenir avec des joueurs ayant déjà compris sa vision tactique et ses pré-requis, tout en y incluant des profils capables de venir compléter le style “El Loco”. Et cela paie. Qui aurait cru avant le début de la saison qu’un Patrick Bamford, très souvent critiqué pour son manque d'efficacité, soit le troisième meilleur buteur de Premier League avec treize buts ? L’attaquant de Leeds est le symbole d’un collectif complètement transformé depuis l’arrivée de Marcelo Bielsa dans la cité du Yorkshire il y a trois ans. La réussite d’un travail technique et psychologique toujours autant fondateur. «Il parvient à persuader les joueurs que s’ils adoptent sa méthode de travail et font les efforts nécessaires, ils seront capables de proposer aux supporters et aux amateurs de football un jeu qui marquera les esprits» expliquait récemment Salim Lamrani, son ancien interprète, à 20 minutes. Car sur le papier, Liam Cooper, Luke Ayling, Stuart Dallas, Mateusz Klich, Kalvin Phillips, Jack Harrison et Patrick Bamford ne sont pas forcément les meilleurs joueurs du championnat, eux qui ont longtemps ferraillé entre le Championship et la League One pour se faire une place. Mais le technicien argentin est passé par là et leur a donné une confiance inébranlable. Aujourd’hui, Leeds peut se vanter d’avoir un collectif uni derrière un jeu plaisant et une philosophie parfaitement imprimée dans les têtes. 

Raphinha, l'acclimatation tonitruante

Acheté dans les toutes dernières heures du mercato estival pour un peu plus de dix-sept millions d’euros + six millions en bonus, Raphinha se révèle être l’excellente pioche des Peacocks et de Victor Orta, leur directeur sportif. L’ex-ailier du Stade Rennais a rapidement donné le sourire à Marcelo Bielsa désireux d’avoir dans ses rangs un profil percutant sur les ailes et capable d’être décisif. C’est bien simple, en vingt rencontres de Premier League disputées, le Brésilien a inscrit cinq buts et délivré autant de passes décisives. “Raphinha déséquilibre le jeu à lui tout seul. Il est très ambitieux, très compétitif et travaille beaucoup. La meilleure chose à faire avec des joueurs si spontanés est de les laisser s’exprimer” narrait Marcelo Bielsa après le succès contre Southampton (3-0) mardi soir. Il ne croit pas si bien dire tant Raphinha s’est acclimaté à une vitesse éclair dans l’esprit tactique de l’ancien coach de l’OM, à la fois sur la répétition des courses et l’engagement physique. Et techniquement, l’ailier de 24 ans régale par ses dribbles, sa vista et ses qualités de percussion. À tel point qu’Outre-Manche, les fans et observateurs de la Premier League militent pour une sélection de Raphinha avec la Seleçao dès la prochaine trêve internationale. En tout cas, le Brésilien a déjà convaincu ses propres coéquipiers. “Raphinha a été une magnifique affaire pour Leeds. On a tout de suite vu à l'entraînement qu’il s'agissait d'un joueur à part, racontait un Patrick Bamford dithyrambique à l’issue de la victoire contre Crystal Palace le 8 février dernier. Je suis surpris que de grands clubs de Premier League ne se soient pas intéressés à lui car il est encore jeune”. Le symbole d’un recrutement malin et intelligent. 

Thomas Bernier
 
- Toute l'actualité de la Premier League