Le capitaine du Real Madrid, Sergio Ramos, est de retour après trois semaines d'absence. (B. Cremel/L'Équipe)

Real Madrid, c'est quoi le problème ?

Le Real Madrid vit un début de saison très compliqué. Au bord du précipice dès les phases de poule de Ligue des champions et condamnés à s'imposer contre Mönchengladbach ce mercredi soir, les Merengue ne sont pas non plus au mieux en Liga. FF s'est penché sur les maux qui rongent le club.

Un milieu qui n'y arrive plus

Cela fait un petit moment que l’on pouvait le deviner. Depuis le dernier titre acquis en Ligue des champions en 2018, le milieu de terrain du Real Madrid voyait peu à peu son crépuscule se profiler à l’horizon. Et il semblerait que 2020 soit l’année où l’association, qui a tant fait le bonheur du Real , touche à sa fin. Depuis la reprise, le trio Casemiro-Modric-Kroos n’y arrive plus. Que ce soit lors des phases défensives ou surtout dans la création du jeu, les trois compères sont à la peine. Preuve en est la défaite subie contre Alavès (1-2), où ils n’ont que trop peu mis en difficulté la défense adverse par leurs transmissions, se contentant d’une possession de balle stérile. Ce secteur est ainsi un des symptômes de la galère madrilène actuelle, encore plus en l’absence de Federico Valverde, touché au tibia. A 22 ans, l’Uruguayen apparait comme indispensable pour Zinédine Zidane. Par son volume de course et sa capacité à se projeter vers l’avant, l’ancien de La Corogne apporte un dynamisme qui manque cruellement au milieu. Son retour, annoncé comme imminent, devrait faire beaucoup de bien.

Des mercatos ratés

Si le Real, à la demande de Zidane, a fait le choix de ne pas recruter cet été, il ne faut pas pour autant occulter les énormes investissements consentis par Florentino Pérez ces dernières années. Depuis l’été 2018, le club a dépensé plus de 500 millions d’euros pour garnir son effectif. Dans le même temps, 360 millions d’euros sont venus renflouer les caisses. Une balance nettement déficitaire qui ne s’est pourtant pas traduite par un effectif plus qualitatif : Vinicius (45 M€) peine à briller dans la longueur, Thibaut Courtois (35 M€) est solide mais n’est pas exempt de tout reproche ces dernières semaines, Alvaro Odriozola (30 M€) revient de blessure et ne joue presque pas cette saison, comme Mariano Diaz (21,5 M€), Luka Jovic (65 M€) est un flop monumental, Rodrygo (45 M€) trop irrégulier, Ferland Mendy (48 M€) donne satisfaction mais ne compense pas le déclin de Marcelo, et Eder Militao (50 M€) n’est plus apparu depuis début août. Tête d’affiche de ces mercatos, Eden Hazard (115 M€) n’est que l’ombre de lui-même depuis son arrivée au club (voir plus bas). Et le constat est encore plus dur quand on jette un œil aux joueurs que le Real a laissé filer sur la même période. Theo Hernandez, Marcos Llorente, Mateo Kovacic, Achraf Hakimi ou même Sergio Reguilon et James Rodriguez s’éclatent tous dans leur nouveau club. Aujourd’hui, beaucoup d’entre eux seraient très utiles à Zidane.

Le flop d'Eden Hazard

S’il fallait un joueur pour symboliser la mauvaise période du Real Madrid, ce serait bien lui. Arrivé en Espagne à l’été 2019 après une saison détonante à Chelsea (16 buts et 15 passes décisives en Premier League en 2018-19), le Belge était censé remplacer Cristiano Ronaldo sur la ligne offensive. Près d’un an et demi plus tard, force est de constater que la mission est très loin d’être remplie. Les espoirs de son arrivée se sont très vite noyés dans un océan de performances insignifiantes. L’an passé, Eden Hazard n’a ainsi joué que 21 matches pour 1 but marqué et 7 caviars. Multipliant les blessures, l’ancien Lillois n’a jamais réussi à enchaîner et l’histoire semble bien partie pour se répéter. Seulement 6 rencontres disputées depuis la reprise et des pépins physiques à répétition, le natif de La Louvière n’arrive pas à revenir au top, au grand dam d’une attaque du Real Madrid qui aurait bien besoin de ses qualités de dribbles et de percussion.

Une attaque sans plan B

Avec 26 buts marqués en 16 matches disputés, le début de saison du Real n’a rien de brillant, ni d’alarmant sur le plan offensif. Mais orphelins de Ronaldo et de Bale, les Merengue ne semblent plus compter que sur Karim Benzema pour porter leur attaque. Meilleur buteur (6 buts) et meilleur passeur (3 passes décisives) de son équipe, le Français n’a jamais été aussi indispensable au Real. Sur les sept rencontres où il a su se montrer décisif, son club présente un bilan très satisfaisant de 5 victoires pour un nul et une défaite. Revers de la médaille, quand Benzema souffre, le Real est à la peine. Derrière l’attaquant français, aucun joueur offensif de l’effectif ne semble en mesure de prendre le relais. C’est simple, Benzema compte autant de buts que le trio Vinicius-Hazard-Rodrygo. Les Merengues ont déjà dû s’en remettre à plusieurs reprises à Valverde et aux éternels exploits de Ramos (3 buts tous les deux) pour compenser cette faiblesse offensive. L’aide se fait attendre.

La Ramos-dépendance

Une statistique qui veut tout dire. Lors des neufs derniers matches de Ligue des champions qu’il a disputé sans Sergio Ramos, le Real Madrid en a perdu sept. Le dernier en date, c’était face au Chakhtior Donetsk (2-0), avec une bévue notable de Raphaël Varane sur le deuxième but des Ukrainiens. A 34 ans, l’international Espagnol n’en reste donc pas moins indispensable à son équipe. Sans lui, les Madrilènes apparaissent fébriles, à l’instar de son coéquipier français en charnière centrale qui n’arrive pas à prendre le relais en termes de leadership. L’ancien Lensois le confiait d’ailleurs en conférence de presse avant la victoire contre l’Inter Milan (0-2) : «Lors des derniers matchs sans lui en Ligue des Champions, l’équipe n’était pas bien. Sergio apporte beaucoup sur le plan collectif, son caractère est très bon pour l’équipe». Bonne nouvelle pour le champion du Monde 2018, son compère devrait être de retour face à Mönchengladbach.

Un manque de régularité exaspérant

Si les hommes de Zidane sont dans une situation délicate en Europe et en Championnat, c’est aussi parce qu’ils affichent un niveau bien trop fluctuant d’une semaine à l’autre. Depuis le lancement de cette saison, leur meilleure série s’est arrêtée à trois victoires consécutives et remonte à la fin septembre. A l’époque, le Real s’était imposé contre des adversaires plus qu’abordables (Betis, Valladolid, Levante). Depuis, les Merengue enchaînent les résultats sans cohérence. Capables de perdre à domicile contre Cadix (0-1) puis contre le Chakthior (2-3), ils ont ensuite remporté le Classico (3-1), avant de renverser une rencontre bien mal engagée contre Gladbach (2-2). Dans la foulée, ils ont fait exploser Huesca (4-1) avant de signer une victoire que l’on croyait référence contre l’Inter (3-2). Seulement, le club a sombré à Valence (1-4), avant de rebondir contre l’Inter (2-0) puis d’être humilié par Alaves sur sa propre pelouse (1-2) et de s’incliner à nouveau contre le Chakthior (0-2). Dur de bâtir un groupe solide et sûr de ses forces avec un tel manque de régularité. Une série digne de ce nom se fait cruellement attendre…
 
Benoît Desaint et Quentin Coldefy