Bruno Genesio. (P. Lahalle/L'Équipe)

Rennes a-t-il fait le bon choix en nommant Bruno Genesio ?

Les dirigeants bretons ont donc choisi Bruno Genesio pour succéder à Julien Stéphan sur le banc du Stade Rennais. L'ancien entraîneur de l'OL vivra sa deuxième expérience de numéro 1 en France. Mais est-ce le bon choix pour les Rouge et Noir ? Deux de nos journalistes ne sont pas d'accord.

OUI

Parce qu'il ose
Et c'est bien ce dont Rennes a besoin en ce moment. De la fraîcheur, de la nouveauté, voilà ce qui pourrait relancer l'équipe qui avait terminé troisième la saison dernière. Pendant ses trois ans et demi passés à la tête de l'Olympique Lyonnais, Bruno Genesio a prouvé qu'il n'avait pas peur d'affirmer ses choix. En tête, le fait de lancer des jeunes. Lui qui connaissait l'institution rhodanienne par cœur savait de quels talents elle regorgeait. Mouctar Diakhaby (Valence), Jordy Gaspar (Grenoble) ont par exemple été lancés en pro à 19 ans par Genesio. Mais c'est surtout sous sa coupe que Houssem Aouar a pleinement pris racine dans l'effectif des Gones. Intégré par l'ancien joueur de Nice et de Martigues au groupe professionnel au début de la saison 2016-17, il disputera ses premières minutes avec l'équipe première en Ligue Europa, contre l'AZ Alkmaar, le 16 février 2017. Pour Genesio, les jeunes ne sont pas une simple variable d'ajustement, mais sont bien là «pour faire jouer la concurrence et saisir leur chance», disait-il en septembre 2016 lors d'une conférence de presse.

Parce qu'il connaît bien la Ligue 1
Cela peut paraître banal mais il faut bien le souligner. Il n'a pas quitté l'élite française bien longtemps -un an et demi à peine- et la Ligue 1 n'a pas réellement changé depuis son départ de l'OL. Le natif de la capitale des Gaules connaît parfaitement ce Championnat. Son mandat chez le septuple champion de France parle pour lui. D'autant qu'avant d'être en première ligne, il figurait comme adjoint de Rémi Garde et d'Hubert Fournier. Là où Rennes a raison dans son choix, c'est que la direction ne se mouille pas à prendre un coach qui demandera un certain temps d'adaptation. Bruno Genesio a conscience des besoins d'une équipe pour réussir en Ligue 1, des exigences et des pièges que comporte ce Championnat. Au-delà de cela, il n'arrive pas esseulé en Bretagne, puisqu'il y retrouvera Florian Maurice, ancien de la maison lyonnaise.

Parce qu'il sait faire face aux situation complexes
Ce n'est pas la fête en ce moment du côté du Roazhon Park, et donc pas vraiment le meilleur contexte pour commencer son aventure. Un climat bancal dans lequel Genesio parvient à prendre ses marques. À Lyon, il n'a jamais réellement évolué dans une sérénité totale. À sa prise de fonction, intervenue en décembre 2019 après le limogeage de Hubert Fournier, l'OL n'est qu'un pâle neuvième de L1 et la direction attend des résultats. Il ramènera le club à la deuxième place, et le qualifiera pour la C1. Vers la fin de son ère, son maintien au poste d'entraîneur par Jean-Michel Aulas entraîne une division profonde avec les supporters qui réclament son départ, l'accusant de manquer d'ambition dans ses choix tactiques. Malgré ces contextes délicats, le Lyon de Genesio affiche de bons résultats au vu de son effectif. Avec lui, le club terminera trois fois sur le podium de la Ligue 1, et atteindra les demi-finales de la Ligue Europa en 2017. - F.L.

NON

Parce qu'il s'est éloigné du football français
Après son départ de l'Olympique Lyonnais à l'issue de la saison 2018-19, Bruno Genesio a fait le pari de la Chine en s'engageant avec le Beijing Guoan. Sous sa direction, le club de Pékin n'est pas parvenu à garnir son palmarès et l'entraîneur français a finalement été remplacé par Slaven Bilic début janvier. Par le passé, Jean Tigana (2012) et Francis Gillot (2014-2015), après avoir entraîné Bordeaux, avaient également tenté leur chance en Chine, sans parvenir à se relancer ensuite dans le Championnat de France. C'est le défi qui s'offre désormais à Genesio.

Parce que c'est le choix de la facilité
Bruno Genesio et Jocelyn Gourvennec, ces deux noms avaient déjà circulé dans la foulée du renvoi de Raymond Domenech au FC Nantes il y a trois semaines. Finalement c'est le premier qui l'a emporté aux yeux des décideurs rennais, bien moins audacieux qu'en décembre 2018 lorsqu'ils avaient opté pour Julien Stéphan, alors entraîneur de l'équipe réserve. L'occasion était sans doute idéale pour confier un effectif riche à Lucien Favre, libre de tout contrat et très apprécié en France pour sa philosophie de jeu ambitieuse depuis son expérience à l'OGC Nice (2016-2018). Ça ne sera pas pour cette fois.

Parce qu'il se repose trop peu sur la formation
En un peu plus de deux ans sur le banc du Stade Rennais, Julien Stéphan a démontré ses qualités de formateur en n'hésitant pas à lancer 9 joueurs issus du centre de formation, dont le latéral gauche Adrien Truffert cette saison. À Lyon, référence en la matière, Genesio a certes accompagné l'éclosion de grands talents (Anthony Lopes, Nabil Fekir, Houssem Aouar...) mais n'a jamais pris le risque d'intégrer des plus jeunes joueurs. Ainsi, c'est Rudi Garcia qui a lancé en Ligue 1 les prometteurs Maxence Caqueret ou Melvin Bard, tandis que Romain Del Castillo (aujourd'hui à Rennes) ou Myziane Maolida (Nice) ont été contraints de s'exporter pour aller chercher du temps de jeu. En Bretagne, Genesio sera attendu au tournant à ce niveau-là. - O.L.