République tchèque : Patrik Schick, lob du match
Auteur d'un doublé, dont un but sublime de la ligne médiane, l'attaquant du Bayer Leverkusen a marqué les esprits, lundi, contre l'Écosse (2-0).
Un coup d'oeil pour constater que le gardien écossais David Marshall était en dehors de sa surface et une frappe de 45,5 mètres comme « un conte de fées », dixit son équipier Tomas Soucek. Impatient d'en découdre, Patrik Schick (25 ans) a confessé à la télévision tchèque qu'il avait « joué ce match environ trois fois dans (sa) tête ». Jamais, même dans ses rêves les plus fous, il n'avait imaginé qu'il inscrirait un tel but, probablement LE but de ce début de tournoi.
Avant lui, personne n'avait jamais marqué d'aussi loin lors d'un Euro (*). Tout est parti d'une action anodine, une frappe du défenseur de Norwich City Grant Hanley contrée qui lui est revenue dans les pieds alors qu'il se trouvait encore dans son camp. « C'est un but d'ailleurs où tu te dis que le mec a fermé les yeux, mais lui a le football pour faire un truc comme ça, souligne l'agent Bruno Satin, qui a participé avec Pavel Paska, son représentant officiel, à son transfert à la Sampdoria durant l'été 2016 puis à l'AS Rome un an plus tard. Ça, c'est du Schick ! Il est capable de te faire des gestes "top class" ».
(*) Depuis qu'Opta analyse cette donnée (1980).
Une panoplie complète
Avant ce chef-d'oeuvre, l'attaquant du Bayer Leverkusen (sous contrat jusqu'en juin 2025) avait déjà brillé d'une jolie tête décroisée sur un centre parfait de l'arrière droit Vladimir Coufal. Sa prestation d'ensemble en a dit beaucoup sur sa panoplie, plus large que ne le suggère son 1,87 m : bien qu'il se soit encore épaissi physiquement lors de ses deux dernières années en Allemagne - à Leipzig puis au Bayer Leverkusen -, l'attaquant est aussi un joueur mobile, technique, avec un très bon pied gauche. Ce sont précisément ces qualités qui avaient attiré l'oeil du recruteur de la Sampdoria Gênes Riccardo Pecini lorsqu'il l'avait observé avec l'équipe nationale Espoirs en 2015-2016.
« Il a un énorme potentiel »
À l'époque, Schick était barré au Sparta Prague par plus expérimenté que lui et il avait été prêté au Bohemians, un club voisin, pour trouver du temps du jeu. « Pour devenir l'un des meilleurs au monde, tout doit bien se passer pour lui : il doit être en bonne santé, travailler dur à chaque entraînement et avoir le soutien de son entraîneur. Il a un énorme potentiel », avait pronostiqué David Holoubek, l'entraîneur des jeunes au Sparta.
Visiblement, toutes ces conditions n'ont pas été réunies à l'AS Rome, qui avait déboursé... 42 M€ pour le faire venir de la Sampdoria durant l'été 2017. « Il a toujours été l'une de nos obsessions », avait pourtant souligné l'ancien directeur sportif des Giallorossi, Monchi, alors que Schick semblait initialement parti pour rejoindre la Juventus. Entre la concurrence d'Edin Dzeko, la question de son positionnement puisqu'il était parfois aligné sur un côté et une série de blessures qui l'ont tenu éloigné des terrains 99 jours en deux ans, son passage a été un fiasco.
Un échec important à Rome
Au-delà du prix, c'est probablement sa fragilité physique qui a conduit le RB Leipzig, où il était prêté lors de la saison 2019-2020, à ne pas lever l'option d'achat alors que l'attaquant était parvenu à se relancer sous les ordres de Julian Nagelsmann. « Il y a beaucoup de raisons différentes à mon échec à Rome, certaines que je ne comprends toujours pas, estime le principal intéressé. Je me suis mis beaucoup de pression et j'ai bien vu que mes performances n'étaient pas la hauteur de l'investissement du club. J'ai aussi été blessé, je n'ai pas pu me préparer correctement... Là-bas, j'étais malheureux. »
Cette saison, Schick a manqué un mois et demi de compétition au total mais le Bayer Leverkusen n'a pas eu à regretter d'avoir investi 25 M€ sur lui lorsque son corps l'a laissé en paix : neuf buts en vingt-neuf apparitions. La République tchèque ne dirait pas non s'il pouvait surfer sur sa lancée.