aguilar (ruben) (J.Prevost/L'Equipe)

Ruben Aguilar, le «soldat» de Monaco

Le latéral droit de l'ASM réalise de solides prestations sous les ordres de Niko Kovac. Une logique récompense pour un travailleur acharné.

Novembre 2020. Ruben Aguilar franchit un nouveau palier dans sa carrière. Didier Deschamps l’enjoint de rejoindre Clairefontaine après la blessure de Benjamin Pavard. Le 11 novembre, le Grenoblois fête sa première sélection contre le Finlande en entrant en jeu à la place de Léo Dubois. «Je n’ai pas été surpris qu’il intègre l’équipe de France, affirme Zacharie Boucher, ancien gardien d’Auxerre aujourd’hui à l’Aris Salonique. Il met tout en œuvre pour réussir, alors il récolte simplement le fruit de son travail.» Car Aguilar, qui a évolué en Bourgogne de 2017 à 2019, est un bourreau de travail, un workaholic comme dirait-on outre-Manche. «C’est un garçon qui va se donner à 120%, en match comme à l’entraînement», observe son ancien coach auxerrois Jean-Luc Vannuchi. Même en dehors du terrain, «cette pile électrique» comme le qualifie le sélectionneur des U20 tricolores, ne s’arrête pas. Zacharie Boucher, ami proche de Ruben Aguilar, évoque ses vacances passées cet été en sa compagnie et celle du joueur de l’AC Ajaccio Gaëtan Courtet : «Nous, on se reposait et lui faisait sa séance, mangeait sainement. Il anticipait sa saison. Il était paramétré pour performer

Ses réglages de présaison l’ont conduit à être un cadre de la formation de Niko Kovac à Monaco. L’ancien Montpelliérain n’a loupé que deux rencontres avec son club, contre Paris à l’aller et à Nantes récemment, puisqu’il était suspendu, et a disputé la plupart des autres dans leur intégralité (15 sur 26). Ce qui fait de lui le septième élément le plus utilisé par le Croate, qui s’appuie énormément sur le Français, capable de répéter les efforts. «A Auxerre, il faisait 40 000 centres par match et revenait défendre derrière. Il a énormément de coffre», se souvient Zacharie Boucher. Un aspect d’hyperactif parfois problématique pour Jean-Luc Vannuchi : «C’était difficile de le discipliner dans un système à quatre. Il démarrait toujours ses matches à fond, et était à bloc tant qu’il avait du jus. On a pas mal travaillé pour canaliser cette fougue. Mais avec l’âge, on apprend à mieux gérer ses efforts
 
Facette que le vibrion Aguilar a su transformer en force. D’un caractère «calme et discret, quoique boute-en-train» rappelle Mickaël Tacalfred, défenseur de l’AJA de 2016 à 2019, le néo international se montrait, et se montre toujours, hargneux sur un terrain. «Il ne lâche jamais rien, confirme Zacharie Boucher. Il pouvait rater des matches, mais on ne pouvait pas lui reprocher quoi que ce soit en termes de volonté. Je savais que s’il y avait un ballon à sauver sur ma ligne, il serait là. C’est pour ça que je l’appelais ‘’mon petit soldat’’. C’est ce qui le caractérise le mieux : un soldat.» 
 
Cette saison, le guerrier Aguilar témoigne d’une activité offensive significative. Au point que Niko Kovac l’ait par moments glissé en milieu latéral dans son 4-4-2, comme à Montpellier (3-2) ou contre Angers, lorsqu’il a remplacé Sofiane Diop (3-0). «Au départ, ça m’a un peu surpris, avoue Mickaël Tacalfred. Mais il s’est très bien débrouillé. Ruben est un joueur qui s’adapte vite et dont la générosité lui permet d’évoluer à ce poste

Un véritable piston droit

Pour autant, il doit encore progresser sur certains aspects offensifs d’après son ancien coach. «Il faut qu’il soit plus décisif. Être plus précis dans la dernière passe et la finition.» Jean-Luc Vannuchi se rappelle des séances spécifiques avec son latéral, auteur de trois passes décisives en Ligue 1 cette saison : «Son ratio centre effectués/réussis était déficient. On a bossé sur ces situations, avec des prises de balles particulières pour qu’il conserve le tempo des actions en match et que ses centres arrivent à destination.» Le droitier peine néanmoins toujours dans le domaine. Seul 27 de ses 102 centres tentés ont trouvé un partenaire lors de l’exercice en cours.
 
Pas un frein à sa forme cependant. Surtout que sur les trois derniers matches de Championnat, Niko Kovac a troqué son 4-4-2 habituel contre un 3-5-2, avec Aguilar en piston droit. Un poste qu’il avait connu sous Michel Der Zakarian à Montpellier et qui l’avait révélé aux yeux de la Ligue 1. Un système dans lequel sa «capacité à bien défendre et bien attaquer», juge Mickaël Tacalfred, trouve son compte. Lors de la victoire au Parc contre le PSG (2-0), premier match où le coach croate a adopté ce système, on a énormément vu Ruben Aguilar sur son couloir droit, par ses montées, ses retours défensifs ou encore son pressing insistant à la perte du ballon. «C’est dans ce rôle qu’il se sent le plus à l’aise. Sa qualité de centre et son aptitude à répéter les efforts s’expriment pleinement. Et puis le fait d’avoir trois centraux demande moins de discipline tactique, donc soulage la concentration», analyse le sélectionneur U20. Contre Nice, en 16e de finale de la Coupe de France (2-0), Kovac avait renoué avec son 4-4-2, ce qui n’avait pas empêché Aguilar d’inscrire le deuxième but des joueurs du Rocher.

Florent Larios

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