Jordan Veretout (AS Rome) (Roberto Ramaccia/Presse Sports)

Sur les traces de Jordan Veretout, l'enfant réservé de Belligné devenu incontournable à la Roma

La carrière de Jordan Veretout a définitivement pris son envol en Italie. À 28 ans, le milieu de terrain français est désormais l'un des hommes forts de la Roma. Qui se cache réellement derrière l'ancien joueur du FC Nantes ? FF rembobine, entre plaisir du jeu, pugnacité et humilité.

Environ soixante kilomètres. C’est ce qui sépare Belligné de Nantes. Dans cette petite commune d’à peine 2 000 habitants, le football fait partie intégrante de la vie des habitants. Mais depuis quelques années, évoquer le ballon rond a pris tout son sens avec l’ascension de la figure locale : Jordan Veretout. C’est ici que le milieu de terrain de l’AS Roma a grandi et tapé dans ses premières balles en 1999, alors qu’il est âgé de cinq ans. Son père est dirigeant au club et fervent supporter du FC Nantes. Difficile pour le petit Jordan de passer ses week-ends ailleurs que sur le terrain local. «C’était un enfant assez fin, pas très grand, très vif avec le ballon, très technique et, surtout, très discret», raconte Romain, qui a évolué avec Veretout durant ses premières années à l’AS Belligné. Le jeune Jordan démontre rapidement qu’il a un truc en plus. Si le foot reste une passion et un moyen de s’évader, ses copains de club saisissent qu’il y a un écart conséquent entre leur niveau et le sien.

«Franchement, il était au-dessus de tout le monde techniquement, ajoute Romain. Dans les catégories de jeunes, il arrivait que l’on fasse souvent des tournois avec des concours de jonglages en parallèle. L’objectif, pour chaque équipe, était d’en faire le plus possible pour remporter ce challenge. On devait en faire du droit, du gauche et de la tête. Avec Jordan dans l’équipe, c’était plus facile car à sept ou huit ans, il en faisait déjà au moins 300 ou 400. À chaque fois que les équipes nous voyaient, elles ne voulaient plus participer car elles savaient qu’elles ne pourraient pas gagner si Jordan était présent.» Tout cela alors qu'il est surclassé d’un an dans sa catégorie. Pour autant, devenir footballeur professionnel n’est pas un objectif de vie chez les Veretout, bien au contraire. «Dans le coin, on ne connaissait personne qui jouait au niveau pro. Jordan était comme nous, il ne se prenait pas la tête, développe son ancien camarade de Belligné. Le foot, pour lui, c’était instinctif. Il ne voulait pas devenir professionnel et il n’en a jamais parlé un seul instant plus jeune. Son père ne le poussait pas non plus.»

Jordan Veretout (le dernier en haut à droite), ainsi que son père juste à côté, du côté de l'AS Belligné. (D.R)

C’est une finale départementale qui va changer le destin de Jordan Veretout. Au début des années 2000, le FC Nantes vient d’accrocher son huitième titre de champion de France. Le FCN est l’un des clubs phares du Championnat et suscite l’admiration de tout le département. Le fameux et iconique "jeu à la nantaise" est dans toutes les têtes et le centre de formation du club est l’un des meilleurs de France. Affronter l’une de ses équipes est forcément impressionnant. Sauf pour le jeune Jordan. «On a perdu le match 12-1, ce qui était logique vu la différence de niveau, rigole Romain. Mais Jordan avait été très bon. Il avait marqué notre seul but en dribblant tous les joueurs de Nantes et le gardien. On lui avait tous sauté dessus car on était hyper heureux d’avoir marqué contre le FCN. C’était un exploit.» Autour du terrain, un homme scrute avec attention les performances du petit milieu de l’AS Belligné : Guy Jolivet, l’un des éducateurs du FC Nantes. À l’issue de la finale, Jolivet apostrophe le jeune Jordan et lui demande s’il serait intéressé pour venir faire quelques entraînements à Nantes. Si quelques craintes subsistent, la famille Veretout accepte de laisser leur fils partir pour rejoindre la Jonelière. Le début d’une longue aventure.

Plongé dans l'ADN de la formation nantaise

À Nantes, avec les benjamins du club, il joue en lever de rideau du match amical France-Allemagne, le 12 novembre 2005, après avoir représenté la France à la Danone Nations Cup deux mois plus tôt. La trajectoire est linéaire, quasi limpide. Cinq ans plus tard, en 2010, il fait partie de l’aventure en Coupe Gambardella qui s’achève par une défaite en demi-finales face à Sochaux (1-4). Au centre de formation, l’enfant de Belligné impressionne par sa technicité et sa qualité de passe. «Ce qui ressortait, c’était sa vision du jeu, note Koffi Djidji, qui l’a fréquenté à partir des U15. Il avait la faculté de voir avant tout le monde. Il prenait l’information et la passe arrivait quasiment systématiquement à destination. Techniquement, il était très fort.» Malgré un certain déficit physique, Jordan Veretout continue de gravir les marches. Au club, tous saluent un garçon discret, obséquieux et réservé. Mais un brin taquin sur les bords : «Il a ce côté boute-en-train depuis tout jeune, raconte Maxime Dupé, l’un de ses plus proches amis et aujourd’hui gardien de Toulouse. Il aime faire des blagues et titiller ses coéquipiers.» Des propos corroborés par Issa Cissokho : «C’est un mec qui respire la joie de vivre. Il aime bien rigoler. C’était un privilège de l’avoir dans le vestiaire.»

Dans les rangs nantais, à l’instar d’Adrien Trebel et d’autres joueurs de sa génération, Jordan Veretout représente vite l’avenir du FC Nantes. Nombreux sont ceux qui le voient rapidement devenir professionnel alors qu’il n’est pas majeur. Il fait d'ailleurs des apparitions dans le groupe pro alors qu'il n'a que seize ans. Maxime Dupé : «On savait qu’il aurait un avenir au plus haut niveau. Il avait un gros physique. La seule inquiétude était liée aux duels. Il a vite appris, il s’est étoffé pour pallier le retard. Il était un peu plus frêle. Du fait qu’il était moins costaud, il a su s’adapter en jouant sur ses qualités footballistiques et éviter les duels.» Durant la saison 2010-11, ses performances remarquées en U19 et en réserve avec les Canaris lui offrent la possibilité d’intégrer à quatre reprises la feuille de match en Ligue 2. D’abord face à Nîmes et Istres, sans entrer pas en jeu. Puis à Sedan, le 13 mai 2011, où il effectue ses premiers pas professionnels en entrant à la 87e minute. «Il appartient à cette catégorie de joueurs sur laquelle on peut dire : "On peut se projeter avec toi sur le long terme", souligne Loïc Amisse, qui l’a eu sous ses ordres avec la réserve nantaise. Il était prédestiné à faire une belle carrière. Jordan, c’est la définition même du joueur de collectif.»

Pour autant, l’ancienne légende du FC Nantes dans les années 70 et 80 n’a pas toujours été tendre avec le milieu nantais. «Il avait parfois une certaine nonchalance. Tout paraissait simple, il en faisait un peu moins de temps en temps. Quand un joueur est aussi élégant que Jordan, on attend plus, on veut voir plus aux entraînements et aux matches. Il avait le potentiel pour aller assez haut. Donc, ça m’arrivait d’être légèrement agacé de ne pas le voir faire plus à certains moments.» Après avoir effectué ses grands débuts chez les pros quelques mois auparavant, Jordan Veretout devient rapidement l’un des maillons forts de Landry Chauvin, tout juste arrivé à Nantes. À seulement 18 ans. L’ex-entraîneur de Sedan ne tarde pas à être élogieux envers ce pur produit de la maison nantaise. Au point de le lancer titulaire dès la première journée de L2 fin juillet 2011. Derrière, Veretout ne sort jamais ou presque du onze départ avec trente-deux titularisations au total, pour six buts et cinq passes décisives, dont une splendide volée contre le Havre lors de la 10e journée. En compagnie de son compère Adrien Trebel et de Grzegorz Krychowiak au milieu, il éclabousse la division de son talent. Malgré la huitième place du FCN en 2011-12, la carrière de Veretout est lancée.

«Jordan, c'est la définition même du joueur de collectif» (Loïc Amisse, son coach avec la réserve de Nantes)

«Il y avait une équipe avec et sans Jordan»

Chauvin parti, Michel Der Zakarian reprend les rênes. L’objectif est clair : faire enfin remonter le FC Nantes en Ligue 1 après cinq années de purgatoire. Une nouvelle fois, Jordan Veretout fait partie des meubles et devient un cadre des Canaris. Son volume du jeu et sa technique impressionnent. La Beaujoire, de plus en plus vrombissante au fil des mois, a trouvé son nouveau chouchou. «Il a eu les bons entraîneurs pour se développer, confie Issa Cissokho. Ils lui ont fait confiance et, surtout, ils lui ont fait comprendre qu’il avait d’énormes qualités. Michel Der Zakarian a été un vrai déclic dans sa progression.» Maxime Dupé poursuit : «Le coach Der Zakarian lui a donné les clés du jeu sans lui mettre la pression. Il y avait une équipe avec et sans Jordan, en Ligue 2 puis en Ligue 1.» Auteur de six passes décisives, le milieu nantais participe grandement à la remontée. Mais avant de goûter à l’élite, le gamin de Belligné s’envole en Turquie avec l’équipe de France U20 pour la Coupe du monde 2013. Disposant d’une génération talentueuse, la France espère ramener le titre. Titulaire aux côtés de Paul Pogba et Geoffrey Kondogbia, Jordan Veretout réalise une compétition impressionnante. Pierre Mankowski, son sélectionneur, se souvient : «Il ne fait pas de bruit, mais il devient vite indispensable à son équipe. Quand l’équipe va bien, on ne le remarque pas. Il reste dans son registre et le jour où l’équipe va mal, c’est l’un des meilleurs et l’un des plus réguliers.»

En bon joueur de l’ombre qu’il est, le Nantais est finalement le parfait complément de ses deux partenaires du milieu et le joueur idoine pour conserver l’équilibre. «Les trois étaient extraordinaires et complémentaires, poursuit Mankowski. On avait la puissance et la créativité de Pogba et Kondogbia. Jordan était celui qui tenait le fil. Il était nécessaire aux deux autres et au bien de l’équipe car il récupérait beaucoup de ballons. Le jour où il y avait un manque chez Paul ou Geoffrey, il compensait automatiquement.» Être indispensable sans tirer la couverture sur lui, telle est la ligne de conduite de Jordan Veretout. «Il était certes moins célèbre, mais il était aussi important que Pogba, Thauvin... Sans lui, nous n’aurions pas été champions du monde, c’est certain, rembobine Maxime Dupé, avec qui il a remporté le trophée. Le fait d’être moins exposé lui a servi. Il préférait sans doute l’ombre à la lumière.»

Revenu à Nantes auréolé d’un titre de champion du monde, Jordan Veretout continue de tracer son chemin. Le milieu enquille deux saisons supplémentaires à un bon niveau. Pour beaucoup, Veretout reste encore aujourd’hui l’un des derniers joueurs formés au club à avoir mis en lumière l’ADN de la formation nantaise. «Quand on le voit jouer actuellement, on remarque qu’il est toujours disponible et il regarde en permanence autour de lui. Il a la science du jeu qu’on lui a inculqué à Nantes, argumente Loïc Amisse. Il y avait d’autres joueurs de son style à l’époque, mais il a su faire sa place et montrer qu’il en voulait plus.» L’histoire avec Nantes prend finalement fin en 2015 après une dernière saison où Jordan Veretout et ses partenaires auront longtemps cru à une possible qualification européenne avant de s’écrouler en fin de saison. Buteur à sept reprises et auteur de sept passes décisives, le milieu de 22 ans sait qu’il doit désormais partir pour grandir. L’envie est indicible et l’étranger lui fait les yeux doux. C’est finalement Aston Villa qui le convainc.

Jordan Veretout avec Florian Thauvin, Geoffrey Kondogbia et Paul Pogba lors de la Coupe du monde U20. (L'Equipe)

Si le transfert a failli capoter in extremis, Jordan Veretout devient finalement un joueur de la Fiorentina en juillet 2017. Le début d’une belle idylle entre la Viola et l’ex-joueur du FCN. Très vite, Veretout prouve à la Serie A que l’escale à Birmingham n’était qu’un simple coup d’arrêt dans sa progression. Le talent est inné et dans un Championnat réputé difficile tactiquement, où chaque détail a son importance, le Français donne rapidement des garanties à son coach, Stefano Pioli. «L’entraîneur lui a fait confiance dès les premiers matches, souffle Valentin Eysseric, son ex-coéquipier à la Fiorentina. Cela l’a fait énormément progresser. Il a vraiment évolué et été énormément décisif d’un point de vue statistique. Il faisait des matches complets et surtout, il tentait plus de choses sur le terrain par rapport à ce que j’avais vu de lui en Ligue 1. Il était plus haut et se retrouvait en situation de frapper.» L'Italie est conquise. «Avec le recul, je pense même que le coach Pioli composait son équipe en fonction de Jordan, sourit Eysseric. Il titularisait les joueurs qui allaient l’aider à exprimer au mieux son potentiel.»

«Pour y avoir joué, le Championnat italien demande un sacré niveau tactique et physique,
raconte Issa Cissokho, qui a évolué au Genoa et à Bari. Si Jordan est titulaire là-bas, c’est qu’il a véritablement passé un cap.» Koffi Djidji, défenseur central à Crotone, confirme : «Il a pris physiquement. Notamment dans le volume de jeu. Il termine ses matches beaucoup moins fatigué que par le passé. Les gens parlent souvent de lui en bien ici. C’est un teigneux. Il avait déjà ça en lui à Nantes, mais il est devenu plus méchant dans les duels en Italie.» Après une première saison couronnée de succès, le milieu de terrain réitère pareille performance lors de sa deuxième année à la Viola. «C’était le pilier de la Fiorentina, confie Matthieu Pianezze, rédacteur pour le site Calciomio, spécialisé dans le football italien. Il a toujours été titulaire et l’un des hommes forts du socle de la Viola. Aujourd’hui, la Fiorentina galère et je pense que son départ a joué un rôle important dans cette baisse de régime.» Soucieux de poursuivre son ascension, Jordan Veretout quitte la Fiorentina à l’été 2019 après 75 matches disputés en deux saisons, pour rejoindre l’AS Roma et confirmer les espoirs suscités en Toscane.

«On avait la puissance et la créativité de Pogba et Kondogbia. Jordan était celui qui tenait le fil» (Pierre Mankowski, son sélectionneur en équipe de France U20)

Le cauchemar à Birmingham, le rebond à Saint-Étienne et Florence

Un choix qui a dû longtemps lui rester en travers de la gorge. À Birmingham, Jordan Veretout est déphasé. Il ne se fait pas à la vie anglaise, notamment au niveau de la langue, et les performances qu’il réalise sur le terrain sont loin de répondre aux attentes exigées par son transfert (10 millions d’euros). Embourbé dès le début de la saison dans la zone rouge avec les Villans, le Français ne peut exprimer pleinement son potentiel sous les ordres de Tim Sherwood. «J’entendais bien qu’il avait confiance en moi, mais, au final, j’étais sur le banc tous les week-ends. Je n’ai pas eu d’explication, et ç'a été difficile de parler, surtout avec la barrière de la langue», regrettait-il dans les colonnes de L’Équipe en 2015. Remplacé rapidement par Rémi Garde, l’entraîneur anglais laisse Villa dans les tréfonds de la Premier League. Jordan Veretout, lui, retrouve des couleurs avec des performances en nette progression. Sans pour autant réussir à relever une équipe qui ne décolle pas de la dernière place. «Il a passé des mois compliqués, résume Maxime Dupé. Son adaptation n’a pas été évidente. Même si je pense, en toute honnêteté, que l'Angleterre ne lui correspondait absolument pas au niveau du jeu et de l’impact physique.» D’autant que le Français n’a qu’une idée en tête avant la fin de la saison : quitter Aston Villa qui descend en Championship. Veretout est rapatrié en France via un prêt à Saint-Étienne. Désiré par Christophe Galtier, le milieu ferraille sur le pré et enchaîne les titularisations. Au total, quarante-trois matches au compteur, quatre buts, cinq passes. Veretout retrouve de la confiance et décide de tenter une nouvelle expérience à l’étranger. La Fiorentina l'enrôle.

«Il est devenu plus méchant dans les duels en Italie» (Koffi Djidji, son ancien partenaire à Nantes)

Le nouvel homme fort de Rome

Ce qu’il est parvenu à réaliser. Car depuis qu’il a posé ses valises dans la Ville Éternelle il y a bientôt deux ans, Jordan Veretout ne cesse d’impressionner. «Quand tu deviens titulaire à Rome, en connaissant le contexte et la pression permanente, c’est fort. Il me l’avait dit quand il est arrivé, c’est un autre monde par rapport à la Fiorentina, explique Valentin Eysseric. Il est beaucoup moins chambreur qu’avant. Il ne fait plus certaines blagues car il se retrouve avec des mecs expérimentés comme Smalling, Mkhitaryan, Pedro, Dzeko… Tu dois montrer patte blanche et batailler tous les jours à l’entraînement. C’est ce qu’il arrive à faire. Et ce n’est pas un hasard s’il est vite devenu indispensable à la Roma.» Au sein d'une Louve en pleine reconstruction, Veretout a fait preuve de résilience et a rapidement pris une place importante dans le 3-4-2-1 d’un Paulo Fonseca admiratif de ses performances. Encore plus cette saison où il a pris une nouvelle dimension avec un doublé notable contre la Juventus en septembre dernier. «Pour moi, il est dans le top 6 des meilleurs milieux de terrain de Serie A, juge Matthieu Pianezze. C’est un joueur complet. Il a un volume de jeu important. Il est dans la meilleure période de sa carrière. Il est vraiment à son apogée. C’est difficile de trouver mieux en Serie A chez les joueurs étrangers.»

Eysseric enquille : «Sincèrement, il pourrait largement jouer à la Juventus ou à l’Inter. Il n’a rien à envier à certains joueurs comme Aaron Ramsey à la Juve ou Marcelo Brozovic à l’Inter…» Pour preuve, en plus d’être l’un des joueurs qui récupère le plus de ballons par match (6,4 en moyenne), Veretout a ajouté une nouvelle corde à son arc. Le 28 février, il est devenu le deuxième milieu français de l’histoire à avoir inscrit au moins dix buts dans une saison de Serie A, rejoignant ainsi Michel Platini. De même, il est le meilleur buteur de la Roma et le tireur attitré des penalties depuis le début du Championnat. Des symboles qui légitiment le rôle du tricolore. «Il a gagné en maturité. Il est capable de gérer les erreurs ou les difficultés dans un groupe, explique Pierre Mankowski. Il a désormais énormément confiance en lui. Jeune, il était moins confiant en ses possibilités. Petit à petit, il a pris de l’influence dans le jeu et des risques. On le voit tout le temps. Tirer des penalties, c’est un signe de confiance, surtout dans un tel club.»

Bientôt le grand saut chez les Bleus ?

Au point que ses performances ont amené la presse italienne à s’interroger sur sa non sélection en équipe de France. Si la concurrence monstre à son poste est soulignée (Pogba, Kanté, Rabiot...), d’autres arguments viennent étoffer l’analyse. «Son problème, pour intégrer le groupe de Deschamps, c’est qu’il n’a pas encore disputé un seul match de Ligue des champions et ça compte pour le sélectionneur, développe Matthieu Pianezze. C'est dommage, car je pense qu’il est Deschamps-compatible. Il a un profil qui peut convenir à son dispositif tactique.» Du côté de Valentin Eysseric, même son de cloche : «S’il veut aller en équipe de France, je pense qu’il doit partir dans un club qui joue la Ligue des champions. Mais qui sait, si la Roma parvient à gagner la Ligue Europa et que Jordan réalise de grandes prestations, ça pourrait passer pour l’Euro.» Pas simple sur le papier. En attendant une éventuelle sélection, Jordan Veretout trace sa route sans faire de bruit. Sans oublier ses origines et sa Loire-Atlantique natale. «Je sais qu’il continue à nous suivre, même s’il n’a pas pu trop revenir ces dernières années, confie Romain, son ancien partenaire de club à Belligné. Avant le Covid-19, son père venait voir jouer les seniors. On a également un tournoi qui porte son nom… Quand une équipe vient ici, elle sait que Jordan est issu du club. Tout le monde est fier de le voir réussir en Italie. C’est notre célébrité locale ! Les jeunes du club portent quasiment tous des maillots à son nom aux entraînements. Ils sont fans de Jordan. Il est important pour nous tous.»

Thomas Bernier